Gare routière d’Al Kamra : Un calvaire !

DiaporamaEn franchisant la porte de cette gare où règne le désordre, on ne croirait pas pénétrer dans un édifice de la capitale. Reportage au coeur d'une station où il ne fait pas bon s'arrêter.

Le 26/08/2013 à 17h55, mis à jour le 31/08/2013 à 12h02

La gare routière d'El Kamra à Rabat est le théâtre de nombreuses agressions . Le360

Odeur nauséabonde, coursiers et intermédiaires bruyants, malpolis et déguenillés rôdent autour des voyageurs pressés. Les ordures jonchent le sol. Aux cris et aux relents des déchets se mêlent les bruits et les gaz polluants des vieux autocars : des "tombeaux ouverts" qui sillonnent toujours les routes du pays.

"Ici, le règlement n’est pas respecté, chacun fait ce qu’il veut", nous a déclaré à propos du désordre ambiant un coursier, tout en nous montrant son bras strié de cicatrices. "Les coursiers sont pour la plupart des marginaux qui essaient de refaire leur vie. Ils font leurs propres lois et personne ne peut les contrarier", affirme encore un vendeur de cigarettes au détail. Des vendeurs de poison qui disputent l'espace aux nombreux cireurs de chaussures qu'on voit partout.

"Cette gare est la pire au monde", lance Khadija Ait Lahcen, une jeune femme en partance pour Zagora. Le chef de gare qui relève de l’administration publique des transports fait partie de ce décor malsain : son bureau est souvent fermé, son téléphone sonne sans arrêt. Le poste de police situé à l’intérieur de la gare est ouvert, certes, mais aucun policier ne s'y trouve ! Triste décor que celui de cette gare où, récemment, un jeune sénégalais a été assassiné suite à une simple dispute autour d’une place d’autocar.

Les agressions autour et à l'intérieur de cette gare sont fréquentes, selon des témoignages recueillis sur place. A l’extérieur de la gare, les choses ne sont pas mieux, au contraire, a constaté le journaliste de Le360. Grands et petits taxis mal garés, marchands ambulants gênant la circulation, vagabonds et malades mentaux s’agitent dans les rues avoisinantes prises d’assaut par les autocars et les chauffards s’obstinant à considérer ces rues comme leurs propres gares routières... Et "La police passe par là sans réagir, dans une indifférence totale", s’indigne un habitant du quartier.

"Le ministre des Transports, Aziz Rabbah, doit démissionner à double raison. La gare routière est dans un piteux état et son fonctionnement est indigne d’une capitale. En outre, l’Etat de la plupart des 200 autocars qui la desservent quotidiennement est lamentable", relève avec sévérité Houcine Badi, gérant d’une station-service limitrophe. Propos dont le journaliste de Le360 ne peut que confirmer la véracité après le petit tour effectué à proximité des autocars, de vieilles machines, en l'occurrence, qui infectent les airs de fumée noire, exhibent des pneus lisses et des carrosseries branlantes.

Normalement, ces autocars ne devraient plus prendre la route, leur place est à la casse, estiment les observateurs. "Ces vieux engins provoquent souvent des accidents mortels, mais ils continuent de circuler grâce à la corruption. Le ministre des Transports a échoué dans sa mission. Le citoyen, le consommateur paient le prix de ces négligences", a déclaré Khalid Terbal, ingénieur d’Etat en mécanique. Contacté par Le360, le ministre islamiste est resté injoignable ce lundi pour donner sa version des faits.

Par Mohamed Chakir Alaoui
Le 26/08/2013 à 17h55, mis à jour le 31/08/2013 à 12h02