Dans une question adressée par Karim Ben Cheikh, sur la délivrance des visas dans les postes consulaires au Maghreb, publiée au Journal officiel français le 2 août 2022, le député de la neuvième circonscription des Français établis hors de France, a interrogé Catherine Colonna, cheffe de la diplomatie française, sur la baisse drastique de délivrance de visas dans les postes consulaires d'Algérie, du Maroc et de Tunisie.
Ce député signale que «de nombreux ressortissants des trois pays du Maghreb dénoncent des rejets de visas sans motif sérieux, ce qui est contraire au droit des demandeurs à un examen individuel et sérieux de leur dossier». Il explique aussi que «les citoyens des trois pays du Maghreb n'ont pas à subir les conséquences d'une politique de bras de fer à l'efficacité douteuse».
Karim Ben Cheikh ajoute que «des personnes présentant toutes les garanties nécessaires pour se rendre dans le pays se voient empêchées de rejoindre le territoire national». Les refus et retards dans l'octroi des visas concernent, poursuit-il, des profils divers, notamment des entrepreneurs, des étudiants (pour certains ayant accompli une scolarité publique dans le système éducatif français) et des parents ou conjoints de Français.
De leur côté, les personnels diplomatiques, soumis à des injonctions intenables, subissent une hostilité d'autant plus préjudiciable qu'elle s'ajoute à un contexte politique régional particulièrement difficile. Pour ce député, cette décision de restriction des visas constitue «une véritable rupture de confiance avec des populations historiquement proches du pays qui s'opère aujourd'hui. Le prix à payer ne manquera pas d'être lourd sur les politiques bilatérales françaises, à tous les niveaux».
Au regard de ces éléments, ce député interroge la ministre de l'Europe et des Affaires étrangères de France sur la nécessité de «mettre fin à cette politique injuste, contre productive et, par bien des aspects, incohérente».
La France a pris, rappelons-le, le 28 septembre 2021, la décision de réduire drastiquement le nombre de visas délivrés par la France aux ressortissants du Maroc, d'Algérie et de Tunisie. Entrée en vigueur en octobre 2021, cette baisse drastique du nombre de visas délivrés par la France s'élève à 50% pour l'Algérie et le Maroc, et à 30% pour la Tunisie.
Dénonçant cette décision, Yan Chantrel, sénateur représentant les Français établis hors de France, s’est adressé en mai dernier à Emmanuel Macron, indiquant que «sur le terrain, les conséquences de cette mesure de rétorsion se font ressentir chez des populations qui n'y sont pour rien».
«Je vous invite à revoir urgemment ces dispositions cyniques de représailles vis-à-vis des gouvernements marocain, algérien et tunisien, dont font les frais des populations locales désemparées. La politique de délivrance de visas de la France doit être juste, humaine et à la hauteur de son ambition en matière de rayonnement culturel et de droits humains», a-t-il précisé.