Espagne: flambée de violences ciblant les Marocains sur fond de discours extrémistes

D.R.

Revue de presseEn Espagne, des violences ciblant les migrants marocains secouent plusieurs régions, attisées par des groupes d’extrême-droite qui instrumentalisent des faits divers pour semer la discorde. Entre tensions communautaires, appels à la haine et solidarité associative, la situation inquiète autorités locales et défenseurs des droits humains. Cet article est une revue de presse tirée du quotidien Al Ahdath Al Maghribia.

Le 13/07/2025 à 19h15

Plusieurs régions d’Espagne sont le théâtre de violences inédites, attisées par des incidents isolés qui, bien que marginaux, nourrissent un climat de tension exacerbé par les discours de l’extrême droite.

Une situation qui alimente un sentiment croissant d’hostilité envers les migrants, notamment marocains, relate le quotidien Al Ahdath Al Maghribia dans son édition de ce lundi 14 juillet.

«Une seule brebis galeuse pourrit tout le troupeau», résume, cité par le quotidien, un militant associatif marocain installé à Valence, en réaction aux heurts récents survenus dans plusieurs villes espagnoles. Pour lui, quelques individus au comportement criminel nuisent à l’image de toute une communauté, allant jusqu’à s’en prendre parfois à leurs propres compatriotes.

«Ces personnes sont rejetées par nous-mêmes avant tout. Nous refusons d’être mis dans le même sac qu’eux», s’indigne-t-il.

Si plusieurs villes ont été touchées, les affrontements les plus préoccupants se déroulent actuellement dans la région de Murcie, et plus précisément à Torre-Pacheco, une zone à forte population marocaine.

Des heurts y ont opposé des groupes de jeunes à la police antiémeute, après des appels lancés par des organisations extrémistes comme Fuera Ya (Dehors maintenant) et Desokupa, connues pour leurs positions anti-immigration, incitant à «chasser» les migrants d’Afrique du Nord.

À Torre-Pacheco, où près de 30% de la population est étrangère, soit le double de la moyenne nationale, des manifestants ont dressé des barricades, lancé pierres et bouteilles sur les forces de l’ordre et incendié du mobilier urbain, rendant l’intervention policière particulièrement difficile.

Des accrochages avec quelques migrants nord-africains ont également été signalés, entraînant tensions et arrestations.

Les autorités locales dénoncent l’intrusion de groupuscules extérieurs venus semer le chaos.

«Des personnes de l’extérieur sont venues perturber notre vivre-ensemble», a déploré Pedro Roca, maire de Torre-Pacheco (Parti Populaire), pointant du doigt les appels à la violence lancés par Fuera Ya et Desokupa.

Les violences, écrit Al Ahdath Al Maghribia, auraient pour origine l’agression présumée d’un vieil homme espagnol et le vol de ses biens.

Des sources locales contestent toutefois l’implication de migrants marocains, rappelant que seul l’appareil judiciaire est habilité à enquêter et sanctionner.

«Pour autant, certains partis et mouvements de droite radicale tentent d’imputer systématiquement aux Marocains la responsabilité de faits divers, contribuant à les désigner comme boucs émissaires», écrit-on.

Des responsables politiques espagnols ont fermement condamné ces débordements, rappelant l’hospitalité et la tradition d’intégration du pays.

«L’Espagne a toujours su coexister avec différentes communautés, notamment les Marocains, malgré quelques cas isolés qui ne doivent pas ternir l’image de la majorité, parfaitement intégrée», écrit-on encore.

Un acteur associatif marocain précise que la plupart des fauteurs de troubles ne sont pas originaires de la région et relèvent souvent de milieux violents et racistes.

«Les habitants locaux, eux, ont cohabité pacifiquement avec la communauté marocaine et condamnent dans leur grande majorité ces attaques», déclare-t-il à Al Ahdath Al Maghribia.

Plusieurs ONG et organisations de défense des droits humains ont publié des communiqués pour dénoncer cette vague de violences et apporter un soutien aux victimes.

L’Association marocaine pour l’intégration des migrants, notamment, a exhorté la communauté marocaine à la vigilance.

«Nous suivons avec une grande inquiétude ces événements à caractère raciste. Nous invitons chacun à garder son calme, à éviter tout affrontement et à se protéger, en particulier la nuit, moment où ces groupes extrémistes sévissent», a plaidé l’ONG.

L’association rappelle également qu’elle met à disposition de toute victime son équipe d’avocats pour défendre ceux dont l’intégrité physique, les biens ou la dignité seraient menacés.

Elle dit avoir alerté les autorités locales afin de renforcer la présence policière et garantir l’application stricte de la loi contre toute personne recourant à la violence, quelle que soit sa nationalité.

Par La Rédaction
Le 13/07/2025 à 19h15