Entretien. Sarah El Haïry plaide pour un partenariat renforcé entre la France et le Maroc en faveur de l’enfance

Sarah El Haïry, Haute-commissaire française à l’Enfance. (Y.Mannan/Le360)

Le 17/12/2025 à 18h54

VidéoEn visite de travail au Maroc, la Haute-commissaire française à l’Enfance, Sarah El Haïry, a exprimé sa volonté d’élever le partenariat franco-marocain à un niveau stratégique pour renforcer la protection, l’éducation et l’insertion des enfants et des jeunes. Numérique, culture, périscolaire et nouvelles technologies figurent au cœur de cette coopération élargie.

Sarah El Haïry, Haute-commissaire française à l’Enfance, a affiché ce mercredi sa volonté de porter le partenariat entre la France et le Maroc à «un haut niveau», afin de consolider les droits de l’enfant dans plusieurs domaines clés. Elle s’exprimait au micro du média Le360 à l’occasion d’une visite de travail entamée par une rencontre au siège de l’Association marocaine d’aide aux enfants en situation précaire (AMESIP), à Salé.

Dès le début de l’entretien, la responsable française a salué la création par le Royaume de l’Agence de la protection de l’enfance, qu’elle qualifie «d’énorme avancée dans le cadre de la protection des droits des enfants, quels qu’ils soient, partout au Maroc».

Au siège de l’AMESIP, Sarah El Haïry a pris connaissance du projet Shems’y, une initiative de développement social et éducatif initialement centrée sur les arts du cirque pour les enfants en difficulté, et qui s’est progressivement élargie à la formation professionnelle dans les domaines de l’art, du numérique et de l’hôtellerie, ainsi qu’à la création de villages de solidarité offrant un cadre de vie structuré et des perspectives d’avenir.

La Haute-commissaire a précisé que l’objectif de sa visite est d’«œuvrer au codéveloppement de projets pédagogiques, de projets sociaux et d’insertion professionnelle, aussi bien pour les plus petits que pour les plus grands». Elle a également souligné l’existence d’échanges réguliers avec plusieurs responsables marocains et internationaux, citant notamment le Haut-commissariat au Plan, la secrétaire générale adjointe des Nations unies chargée de la protection de l’enfance, Najat M’jid, ainsi que l’ambassadeur du Maroc auprès de l’Unesco.

Ces concertations visent, selon elle, à renforcer «la place des enfants dans la société, leur participation, leur parole, leur développement et leurs droits au quotidien». La coopération franco-marocaine porte déjà sur la santé infantile, la périnatalité et le développement des jeunes enfants, notamment dans le cadre périscolaire.

Sarah El Haïry a par ailleurs plaidé pour l’établissement d’un partenariat spécifique autour des nouvelles technologies, de l’intelligence artificielle et du e-gaming. «Le Maroc souhaite être pionnier dans ce domaine. La France est aujourd’hui un leader du jeu vidéo. Mettons nos expertises en commun pour créer de véritables opportunités pour les jeunes des deux pays», a-t-elle affirmé.

D’origine marocaine, la responsable française estime que les technologies numériques représentent «une nouvelle chance pour les enfants et la jeunesse», permettant de former les leaders de demain et de faire du numérique un levier d’émancipation.

Elle a enfin rappelé l’importance du tissu culturel et éducatif partagé, soulignant que plus de 50.000 enfants sont aujourd’hui scolarisés au Maroc dans des établissements du réseau de l’AEFE, en lien avec les instituts français. «Comme l’a souhaité le Président de la République lors de sa visite d’État en 2024, nous avons une nouvelle ambition: faire plus ensemble», a-t-elle conclu.

Créée en 1996 et reconnue d’utilité publique, l’AMESIP œuvre depuis près de trois décennies à la protection, à l’éducation et à la réinsertion des enfants et des jeunes en situation de précarité au Maroc, en particulier ceux exposés au travail des mineurs ou à la vie dans la rue.

Par Mohamed Chakir Alaoui et Yassine Mannan
Le 17/12/2025 à 18h54