Entre inflation et concurrence low cost: un été morose pour les salles de fête au Maroc

Une salle de fête à Casablanca. (A.Et-Tahiry/Le360)

Le 10/08/2025 à 19h23

Vidéo Entre flambée des prix, concurrence des villas informelles et l’héritage post-Covid, les salles de fêtes traditionnelles traversent un été difficile. Face à des clients plus prudents, un secteur entier tente de se réinventer.

Le secteur des salles de fêtes au Maroc vit un été bien terne. Jadis en effervescence pendant la haute saison des mariages, il enregistre aujourd’hui une baisse sensible de son activité. La cause? Une combinaison de facteurs économiques et sociaux qui pèsent lourdement.

Selon Rafiq El Asmar, vice-président de l’Union marocaine des propriétaires et gestionnaires de salles de fêtes, plusieurs éléments expliquent ce ralentissement. Il pointe en premier lieu l’absence d’intérêt d’une partie importante de la diaspora marocaine, habituellement grande consommatrice de services liés aux célébrations familiales.

Mais ce n’est pas tout. «L’envolée des prix a eu un effet direct sur les coûts d’organisation des mariages», explique-t-il. Les hausses enregistrées sur la viande, les volailles, les huiles et les pâtisseries se répercutent mécaniquement sur les tarifs proposés par les salles, réduisant l’accessibilité de ces dernières pour nombre de familles.

La concurrence redoutable des villas informelles

À cette pression économique s’ajoute une concurrence de plus en plus rude, celle des propriétaires de villas dites «informelles», qui proposent la location de leurs résidences pour organiser des événements à moindre coût. «De nombreuses personnes préfèrent aujourd’hui ces alternatives moins onéreuses, et souvent plus souples en matière de réglementation», observe El Asmar.

Plus de trois ans après la pandémie, l’impact psychologique de la crise sanitaire reste vivace. Les restrictions passées ont changé durablement les habitudes. «Le Covid a appris aux gens à réduire les dépenses et à privilégier les célébrations intimes, avec un cercle restreint», analyse le vice-président du syndicat.

Face à cela, les salles classiques doivent revoir leur offre. Fini les grands banquets fastueux. Les clients se tournent désormais vers des formules allégées. «Aujourd’hui, certains organisent leur mariage avec seulement 10 à 12 tables. C’était impensable avant la pandémie», confie-t-il. Les «packs économiques» démarrant autour de 50.000 dirhams gagnent du terrain, avec un nombre limité d’invités et des prestations réduites.

Face à ces vents contraires, les professionnels du secteur tentent donc de s’adapter. Révision des services, offres promotionnelles, ajustement des tarifs: tout est mis en œuvre pour séduire une clientèle devenue plus frileuse. Mais l’avenir reste incertain. «Un mariage, ce n’est pas qu’une soirée de fête. C’est toute une chaîne économique qui implique des cuisiniers, des serveurs, des musiciens, des photographes... Si cette tendance se poursuit, c’est tout un écosystème qui est menacé», regrette le professionnel.

Par Hafida Ouajmane et Abderrahim Et-Tahiry
Le 10/08/2025 à 19h23