Enseignement à distance: la satisfaction du ministère, le scepticisme des enseignants

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Revue de presseKiosque360. Le ministère de l’Education nationale s’est félicité des résultats de l’enseignement à distance. Un avis que ne partagent pas les enseignants qui évoquent l’inégalité des chances entre le milieu urbain et le monde rural.

Le 06/04/2020 à 21h51

Le ministère de l’Education nationale s’est félicité de l'efficacité de l’enseignement à distance. Les enseignants, en revanche, ne cachent pas leur scepticisme face aux difficultés qui ont émaillé cette expérience imposée par la propagation du coronavirus. Il est vrai qu’il faudrait prendre du recul pour évaluer objectivement ce système, mais certains observateurs évoquent déjà plusieurs facteurs qui rendent ce challenge difficile. D’autant, disent-ils, que le ministère de tutelle a entamé cette expérience sans préparation préalable, sachant qu’un grand nombre d’enseignants auxquels on avait confié cette mission ne maîtrisent pas les nouvelles technologies. Il est donc normal qu’ils aient été confrontés à des difficultés que les réseaux sociaux ont parfois relayé parfois avec humour. Si, dans le milieu urbain, l’enseignement à distance a été plus ou moins fluide, il faut reconnaître que le monde rural a été fortement désavantagé. Les habitants de certaines contrées rurales n’ont pas, en effet, le même accès à la connexion Internet et trouvent parfois des difficultés à recevoir les chaînes de télévision qui ont commencé à donner des cours à distance.

Le quotidien Al Ahdath Al Maghribia rapporte, dans son édition du mardi 7 avril, que la concentration a été le point faible des élèves dans cette opération d’apprentissage, notamment au niveau du cycle primaire où la présence physique de l’instituteur et des élèves demeure capitale pour une interactivité et une meilleure assimilation. Toujours est-il que le principe de l’égalité des chances prôné par la vision stratégique de la réforme de l’enseignement n’a pas fonctionné à plein régime, dans ce système. Et pour cause. Les élèves issus de parents aisés vivant dans le milieu urbain ont été mieux lotis que ceux issus de familles démunies vivant dans le monde rural.

Le professeur Abdellah Atouil va plus loin en affirmant que les élèves issus de familles aisées n’ont aucun problème à suivre ces cours à distance parce qu’ils bénéficient d’une connexion Internet illimitée. Le matin, ajoute-t-il, ils utilisent leur ordinateur ou leur belle tablette tout en se prélassant devant la piscine de leur villa cossue. L’après-midi, poursuit la même source, après avoir pris un déjeuner copieux, ils pourront suivre ces cours assis dans un joli coin de leur grand jardin en manipulant un portable dernier cri. De l’autre côté, on trouve des élèves démunis qui ne possèdent ni ordinateur, ni portable et vivent parfois dans des douars qui ne sont pas reliés au réseau électrique, conclut Abdellah Atouil.

Par Hassan Benadad
Le 06/04/2020 à 21h51

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Je vis avec trois enseignantes,toujours en exercice-mes enfants.Et ,effectivement ,elles travaillent d'arrache-pied tout comme le reste des enseignants pour accomplir leur devoir.Leur opinion est que les élèves ne bénéficient pas des mêmes chances.Celle qui travaille à la campagne,surtout ,est catégorique:les familles ne disposent même pas de la télé car sans électricité.Dans le milieu urbain,l'aînée qui communique directement avec ses élèves,relève que certains sont obligés d'attendre le retour des parents pour pouvoir utiliser le portable.Résultat:elle est obligée de prendre les communications ,parfois tard dans la nuit, pour répondre aux questions de ses élèves du privé. Quant à la cadette qui coordonne son travail avec un groupe de collègues,elle m'a dit qu'ils ont eu un problème de validation d'une certaine application ou compte par qui de droit,le proviseur ou bien "Massar" mais qu'ils se débrouillent de toute façon avec Facebook et Watsapp. Seulement,dans le quartier populaire où ils enseignent,ils pensent très peu probable que ces efforts aboutissent pour différents facteurs...

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