Des bulldozers en action près d’Agadir: les autorités libèrent le domaine public maritime, des constructions démolies

Baie de Taghazout.. DR

Revue de presseLes autorités de la province de Chtouka Aït Baha viennent de procéder à la démolition de constructions illégalement bâties sur le domaine maritime, dans le village de Tifnit. L’opération, qui a débuté à Agadir même, s’étendra jusqu’à Sidi Ifni. Une revue de presse d’Al Ahdath Al Maghribia.

Le 08/01/2024 à 19h14

Les habitants du village de Tifnit, relevant de la province de Chtouka Aït Baha, ont été sommés de quitter les lieux dans un délai de quatre jours, alors que le gouverneur de la province avait déjà signé, voici deux semaines, la décision de démolition de l’ensemble des constructions se trouvant bâties à même le domaine maritime.

«L’opération de libération du domaine public maritime a commencé depuis Agadir et englobera le littoral atlantique jusqu’à Sidi Ifni», explique Al Ahdath Al Maghribia de ce mardi 9 janvier 2024.

Le quotidien précise aussi que les autorités ont «menacé les réfractaires de poursuites judiciaires et d’amendes pour toute la période de leur occupation illégale du domaine maritime».

Malgré les vives protestations des habitants, qu’ils soient marocains ou étrangers, certains affirmant avoir hérité ces maisons de leurs parents, voire être nés dans ce village, les bulldozers ont rasé tout ce qui se trouvait bâti sur le domaine public.

Ce groupement d’habitations avait commencé à se développer dès le début des années soixante, quand des pêcheurs qui pratiquaient leur activité dans des embarcations rudimentaires, ont décidé d’investir les lieux, et y bâtir des maisons construites entre les grottes de Tifnit. Un lieu qui a rapidement pris le nom de «village des pêcheurs».

Depuis, Tifnit a même été investi par des promoteurs immobilier qui n’ont pas hésité à agir en toute clandestinité, pour y construire illégalement des maisons, voire des fonds de commerce, juste au bord de l’océan.

En réponse aux protestations formulées par certains acteurs de la société civile, les autorités locales, à l’origine de l’exécution de cette opération, ont expliqué qu’avaient été avisés «tous ceux qui possèdent une construction sur le domaine maritime, [afin qu’ils] quitte[nt] les lieux (...) [car] la démolition englobera tout le littoral à partir de la plage de Sidi Rbat, [jusqu’à] celle de Sidi Wassay».

Selon ces mêmes sources, «certains contestataires se dissimulent derrière les petits pêcheurs, qui ne sont qu’une minorité, pour défendre leurs intérêts, car la majorité des habitants de cette localité n’ont aucun lien avec la pêche maritime. Il s’agit d’un lobby spécialisé dans la spéculation immobilière, qui exploite ce village et ses habitants pour faire fructifier ses affaires».

Al Ahdath Al Maghribia explique aussi que confrontés à l’avancée des bulldozers, certains habitants se sont résignés à leur sort, et se sont vus contraints de reconnaître ne pas disposer de documents attestant de leur possession de ces biens fonciers.

Plusieurs interlocuteurs interrogés par le quotidien indiquent que cette opération de démolition avait en fait commencé dès l’année 2020 à Taghazout, y compris dans sa célèbre station touristique, Taghazout Bay, et a également concerné des projets appartenant à de grandes personnalités, de même qu’à des responsables sécuritaires.

L’opération, qui a repris depuis une année, englobe désormais le village d’Aourir, avec la démolition de constructions qui étaient censées appartenir au président de cette commune rurale.

Selon les mêmes interlocuteurs interrogés par Al Ahdath Al Maghribia, la libération du domaine maritime se poursuivra vers la route d’Essaouira, et finira par englober ce qu’il reste des communes de Taghazout, Tamri et Imssouane, ainsi que l’ensemble du territoire de Chtouka Aït Baha et Tiznit, en direction du Sahara.

Par Hassan Benadad
Le 08/01/2024 à 19h14