Derb Ghallef: les propriétaires du foncier de la célèbre joutiya montent au créneau

Derb Ghallef.

Derb Ghallef . DR

Revue de presseAlors que le mythique marché de Derb Ghallef s’apprête à laisser place à un centre commercial, les propriétaires des terrains réclament justice. Depuis près d’un demi-siècle, elles dénoncent l’occupation de leurs biens sans indemnisation ni régularisation. Cet article est une revue de presse tirée du quotidien Assabah.

Le 12/12/2025 à 19h03

Alors que la démolition de Derb Ghallef, le plus ancien marché d’électronique de Casablanca, est annoncée pour laisser place à un centre commercial, une réalité moins médiatisée refait surface. Le quotidien Assabah révèle en effet que, derrière le projet d’évacuation, subsistent des obstacles juridiques majeurs impliquant des familles propriétaires de terrains qui réclament une solution équitable depuis plusieurs décennies.

Les héritiers des familles Benkirane, El Jouahri, El Iraqi et El Abdellaoui El Fassi, propriétaires d’importantes portions du foncier de Derb Ghallef, espèrent encore être indemnisés. Leur combat, vieux de plusieurs dizaines d’années, n’a jamais abouti malgré les démarches amiables, administratives et judiciaires entreprises.

Le litige foncier de Derb Ghallef remonte à plus de 25 ans. Depuis, les héritiers ont multiplié recours, réclamations et correspondances avec les administrations, les tribunaux, le médiateur du Royaume et la commune, dans l’espoir d’obtenir réparation, même partielle. Plusieurs propositions ont été soumises mais elles ont été refusées. À une époque, un mur avait même commencé à être érigé pour délimiter la propriété. Le marché a ensuite été démoli, mais le terrain est resté sous le contrôle de la commune, tout comme les parkings dont la gestion demeure opaque. Au fil des années, il n’est plus resté aux familles qu’environ 1.800 m² du foncier sur les 25 hectares d’origine, après que l’État en a acquis 75%. Une situation qui remonte à 1975.

Dernièrement, les héritiers ont sollicité le wali de la région Casablanca-Settat via un courrier de leur avocat. Ils réclament la régularisation de l’occupation de plusieurs parcelles par des administrations publiques, des établissements semi-publics, des représentations ministérielles, la commune, le tout sans autorisation de la Direction des domaines de l’État, affirme Assabah.

Certains propriétaires lésés ont obtenu des décisions judiciaires leur accordant une indemnisation pour l’occupation ou la perte de leurs terrains. Si une partie d’entre eux a été dédommagée, d’autres attendent encore le versement pourtant ordonné par des jugements définitifs. Pour une troisième catégorie, les décisions n’ont jamais été exécutées, sans explication, et sans qu’aucune mesure alternative ne leur soit proposée. Aucun pas n’a été fait non plus vers une vente aux enchères, une indemnisation pour expropriation ou un dédommagement pour atteinte matérielle, comme l’indique l’avocat des héritiers dans sa lettre adressée au wali, lit-on encore dans Assabah.

Ce dossier concerne plusieurs titres fonciers situés à Derb Ghallef. Les terrains appartenant en indivision à ces familles, mais aussi à d’autres propriétaires, notamment les familles Tazi, Saoud, Benqalilou, Njelel ou Semlali, ont fait l’objet de plaintes et de recours déposés devant le tribunal administratif de Casablanca. Une partie importante du foncier d’origine, ainsi que des lots qui en ont découlé, ont été occupés sans base légale par des entités qui n’ont aucun lien avec ces terrains, notamment l’arrondissement de Maârif, selon Assabah.

Selon l’une des plaintes, l’arrondissement a installé un marché de volailles sur une partie des terrains concernés, baptisé «Souk R’kha». Des autorisations de constructions en tôle et de vente de volailles y ont été délivrées sans informer ni consulter aucun des propriétaires légitimes. Les familles ont demandé l’arrêt de ces activités et des travaux et ont saisi le wali et le gouverneur d’Anfa pour qu’il soit mis fin aux locations, permis de construire, autorisations d’exploitation ou d’aménagement. Elles contestent également le plan d’aménagement qui, selon leur défense, porte atteinte à leurs droits de propriété à travers des décisions administratives dont la légalité est remise en question.

Dans une autre correspondance adressée au directeur général et au conseil d’administration de l’Agence urbaine de Casablanca, l’avocat des héritiers signale l’existence de procédures en cours. Les propriétaires ont découvert que leurs parcelles ont été classées comme espaces publics: voiries, équipements administratifs, zones vertes ou places publiques. C’est notamment le cas d’un terrain situé sur l’avenue Stendhal, attribué à l’agence du transport urbain, ou d’un autre sur l’avenue Bir Anzarane, occupé par une société, des parkings près du marché de volailles et un poste de police. Deux autres terrains sont, selon eux, exploités par la commune, au détriment des héritiers.

Par La Rédaction
Le 12/12/2025 à 19h03