Covid-19: quel risque d’être infecté deux ou plusieurs fois?

Un biologiste procède à l'analyse d'un test moléculaire de dépistage du Covid-19.

Un biologiste procède à l'analyse d'un test moléculaire de dépistage du Covid-19. . MAP

La fréquence des réinfections par le Covid-19 est, depuis l’apparition du variant Omicron, beaucoup plus transmissible que tous ses prédécesseurs, un sujet d’inquiétude. Toutefois, le risque d’une deuxième contamination, quelques jours ou quelques semaines après une première infection, reste peu fréquent, selon le professeur Jaâfar Heikel.

Le 29/01/2022 à 16h20

Plusieurs personnes ayant précédemment contracté le Covid-19 rapportent des cas de réinfection. Pour le professeur Jaâfar Heikel, spécialiste des maladies infectieuses, et détenteur d'un PhD (doctorat) en épidémiologie, la double infection demeure, pour le moment, un phénomène peu fréquent, mais possible.

Généralement, indique l’épidémiologiste, «il faut environ 14 jours, au minimum, pour avoir une quantité suffisante d'anticorps protecteurs, qui assurent une protection contre la maladie qui dure des mois à la suite de l’infection».

Toutefois, «le risque d'attraper une nouvelle fois la Covid-19 a augmenté avec le variant Omicron», explique le Pr Jaâfar Heikel, tout en précisant que les études réalisées avant l’apparition de ce variant démontrent que la probabilité de se faire réinfecter oscillait entre 18 et 20%.

Selon une étude menée au Maroc, la moyenne de réinfection au Maroc était de 108 jours, chez les personnes vaccinées. Dans le détail, 17% ont eu une infection dans les 30 jours suivant leur vaccination, 10,6% ont eu le Covid-19 entre 1 et 3 mois après avoir été correctement vaccinés, 49,9% ont eu le Covid-19 entre 3 et 6 mois après et 14,4% ont été déclarés positifs plus de 6 mois après avoir correctement complété leur vaccination.

Une post-première infection serait cependant possible dans certaines situations, notamment chez les personnes ayant une immunité faible. Un autre facteur peut expliquer une double infection: une possible «evasion immune» (évasion ou échappement immunitaire).

«Avec l’Omicron, qui a changé la donne, la moyenne de réinfection serait beaucoup plus courte. Une double infection pourrait survenir dans les 3 premiers mois», détaille l’épidémiologiste, qui précise, par ailleurs, que ce variant augmente le risque de se faire réinfecter de 2 à 3 fois plus par rapport au Delta.

Le Pr Jaâfar Heikel indique, en outre, que les personnes, chez lesquelles une réinfection a été observée, ont refait un Covid-19 avec différents variants, soit avec le Covid-19 classique et le Delta, ou avec l’Omicron et le Covid-19 classique, ou encore le Delta et l’Omicron. «Mais jamais avec le même variant, en général», fait-il remarquer.

L’épidémiologiste ajoute qu’il faut faire attention à la sensibilité des tests. Ainsi, d’après lui, «un test antigénique négatif n’élimine pas le diagnostic. Il faut faire une PCR. Et même quand il y a un malade qui dispose d’un résultat PCR négatif, alors qu'il a encore des symptômes, il est important de re-tester pour vérifier que c'est un vrai négatif. Des fois, quand le résultat d’un test PCR est négatif et que le scanner démontre que la personne est toujours covidée, on se fie au résultat du scanner».

Selon l’Institut national [français] de la santé et de la recherche médicale (Inserm), «différentes études ont été menées sur les réinfections au Covid-19. La plupart des scientifiques s’accordent pour dire que le phénomène de réinfection demeure relativement rare». Quant aux données de l’Office for National Statistics, elles démontrent que le risque de réinfection au Royaume-Uni, entre juillet 2020 et septembre 2021, était globalement faible et représentait 11,8 cas pour 100.000 personnes. 

Par ailleurs, des chercheurs de l’Imperial College de Londres, qui ont analysé les données de 330.000 personnes testées positives au Covid-19 entre le 29 novembre et le 11 décembre 2021, ont trouvé que l’Omicron serait associé à un risque de réinfection 5,4 fois plus élevé qu’avec le variant Delta.

Des résultats similaires ont été publiés concernant d’autres études de cas où des patients étaient réinfectés par d’autres variants, mais aussi dans des études plus larges dans différents pays, confirmant que les réinfections sont possibles, mais peu fréquentes, et qu’elles donnent rarement lieu à des formes sévères, selon l'Inserm. 

Par Hajar Kharroubi
Le 29/01/2022 à 16h20