Covid-19 au Maroc: ces zones d’ombre qui entourent encore l’application du pass vaccinal

Une personne âgée reçoit une troisième dose du vaccin anti-Covid-19 à Salé, le 6 octobre 2021. Cette injection intervient dans le contexte de la vaccination de personnes ciblées, ayant reçu leurs deux premières doses depuis au moins six mois. 

Une personne âgée reçoit une troisième dose du vaccin anti-Covid-19 à Salé, le 6 octobre 2021. Cette injection intervient dans le contexte de la vaccination de personnes ciblées, ayant reçu leurs deux premières doses depuis au moins six mois.  . MAP

Depuis jeudi 21 octobre 2021, la présentation du pass vaccinal est obligatoire pour accéder aux établissements publics, semi-publics et privés, ainsi que pour voyager. Toutefois, de nombreuses questions restent en suspens sur son application concrète.

Le 23/10/2021 à 12h01

Redoutant une nouvelle explosion des contaminations au Covid-19, le Maroc a fait un choix clair en adoptant l’obligation du pass vaccinal pour accéder à un certain nombre d'établissements et pour voyager. Cette mesure, entrée en vigueur jeudi dernier, soulève de nombreuses questions qui restent, jusqu’à présent, sans réponse "officielle".

Que doivent faire les personnes ayant été récemment atteintes du Covid-19 et qui ne peuvent pas se faire vacciner?Les personnes ayant récemment contracté le Covid-19 ne peuvent pas se faire vacciner immédiatement, que ce soit pour la première, la deuxième ou la troisième dose. Par conséquent, elles ne peuvent pas disposer d’un pass vaccinal provisoire (pour D1) ou d’un pass vaccinal valide (pour D2 et D3 si le délai requis n’est pas respecté).

Selon la plateforme Liqah Corona, la vaccination doit être différée chez les personnes ayant été infectées par le Covid-19. Le délai à respecter est de quatre semaines après l'apparition des symptômes à condition que le patient soit rétabli. Pour les personnes asymptomatiques, le même délai est à respecter à partir du premier échantillon positif (première PCR positive).

Sollicité par Le360, un membre du Comité de vaccination a expliqué que les personnes qui ne peuvent pas, temporairement, se faire vacciner seront tenues de fournir un document prouvant leur incapacité à se faire injecter une dose de vaccin anti-Covid-19, à savoir un certificat médical ou un test PCR positif, ainsi que le pass vaccinal (même en étant obsolète), si elles en disposent.

Pour les personnes présentant des allergies, elles doivent se présenter aux stations de vaccination afin de présenter leur dossier médical. Les équipes sur place vont étudier les documents qui leur seront fournis pour trancher sur la question.

En cas de besoin d’un avis supérieur, l’avis d’un spécialiste en la matière peut être demandé, nous explique le membre du Comité de vaccination.

Pour le moment, seules les personnes présentant des antécédents d'allergies graves, tels que des chocs anaphylactiques (réaction rapide et grave avec atteinte respiratoire ou digestive) ainsi que l’œdème de Quincke (gonflement rapide de la peau et des muqueuses au niveau de la tête et du cou suite à une réaction allergique) qui sont dispensées de la vaccination. Elles se verront donc attribuer un document prouvant cette contre-indication à la vaccination.

Un test PCR ou antigénique négatif vaut-il également un pass vaccinal?Pour ce qui est de la présentation de preuves de tests négatifs (PCR ou antigéniques) en guise de "pass sanitaire", notre interlocuteur nous indique qu’aucune décision en ce sens n’a été prise pour le moment par les autorités compétentes, rappelant que le pass vaccinal téléchargeable sur la plateforme Liqah Corona ne permet d’identifier que le statut vaccinal de son détenteur (nombre de doses, dates des inoculations et type de vaccin) contrairement au "pass sanitaire" adopté dans d’autres pays, tels que la France, qui permet de vérifier le statut vaccinal, le résultat d’un test négatif ou le certificat de rétablissement d’une personne.

Il ajoute qu’une réunion du Comité consultatif de vaccination sera tenue la semaine prochaine pour qu’il soumette ses recommandations aux autorités compétentes, qui, elles seules, ont le droit de trancher sur les modalités d’application du pass vaccinal.

A titre de rappel, ce cafouillage après l'obligation du pass vaccinal a poussé plusieurs associations professionnelles et de la société civile à s’adresser à l’Exécutif. Dans ce contexte, la Confédération générale des entreprises du Maroc (CGEM) a adressé un courrier aux ministres de l’Intérieur, Abdelouafi Laftit, de la Santé, Khalid Aït Taleb, et de l’Inclusion économique, Younes Sekkouri, mais également au chef du gouvernement Aziz Akhannouch, afin d’obtenir quelques éclaircissements au sujet de l’entrée en vigueur du pass vaccinal, notamment sur les modalités de contrôle du pass vaccinal (présentation de la CIN, application pour lecture et contrôle des QR code des pass vaccinaux) ou encore sur la validité des pass vaccinaux étrangers.

Par Hajar Kharroubi
Le 23/10/2021 à 12h01