Chaleur, chasse-sable et faibles pluies pendant l’automne: l'avis des experts

Parc d'Ifrane, à l'automne (Moyen Atlas). L'ancien nom d'Ifrane est Tourtite, qui signifie jardin en amazigh. Le développement d'Ifrane et de sa région doit beaucoup à ses potentialités naturelles, dont le cèdre, et ce, depuis la période du protectorat au Maroc.

Parc d'Ifrane, à l'automne (Moyen Atlas). L'ancien nom d'Ifrane est Tourtite, qui signifie jardin en amazigh. Le développement d'Ifrane et de sa région doit beaucoup à ses potentialités naturelles, dont le cèdre, et ce, depuis la période du protectorat au Maroc. . DR

L'automne peine à s’installer. Officiellement, la saison a débuté le 23 septembre dernier. Mais jusque-là, on dirait que c’est un été en automne. Plusieurs phénomènes surviennent: chaleur, chasse-sables et faibles pluies. Faut-il s’inquiéter? Éléments de réponse avec des climatologues.

Le 23/10/2022 à 08h49

Plusieurs provinces du Royaume connaissent depuis quelques jours une forte chaleur, le mercure atteignant souvent des pics de 35°C. D'autres phénomènes météorologiques ont également lieu. Par exemple, au cours de cette semaine, des chasse-sables ont été enregistrés par endroits dans le sud de l’Oriental et à l’intérieur des terres au Sahara. Face à cette situation peu typique de l'automne, faut-il s’inquiéter?

Houssaine Youabid, responsable de la communication à la Direction générale de la météorologie (DGM), confirme qu’au cours de cette semaine, la situation météorologique est caractérisée par une hausse importante des températures, notamment sur les régions situées à l'ouest du Haut et du Moyen Atlas. Il explique que ce phénomène météorologique est dû à la présence d’une zone de haute pression sur le pays. Résultat: l’établissement d'un flux du sud au sud-est, entraînant la montée des masses d'air chaud et sec du sud vers le centre et le nord du pays.

Les températures ont, par ailleurs, dépassé la normale mensuelle de 5 à 10 degrés dans la plupart des régions du pays, en particulier dans le nord, le centre et l'est du pays, fait savoir Youabid, expliquant ce phénomène par le fait que le Royaume est sous l'influence de phénomènes d'origines différentes, à savoir une influence de masses d'air en provenance du Nord ou de l'Ouest durant la saison froide et une influence de masses d'air en provenance du Sud durant la saison chaude.

«Cette année 2022, nous avons assisté, à compter du mois de juin et jusqu'à la moitié de ce mois d'octobre, à une influence climatique d'origine tropicale qui se traduit par l’occurrence de précipitations sous forme d'averses orageuses, parfois intenses, sur certains endroits de nos provinces du Sud, au niveau de certaines régions montagneuses, ainsi que dans les régions des versants orientaux», explique le responsable de la communication à la DGM.

Et d’ajouter: «Suite à la présence d’une zone de haute pression sur notre pays, nos provinces ont été intéressées par un flux d’est rapide avec des vents d’est modérés, ce qui a provoqué la formation des chasse-poussières et des vents de sable dans plusieurs endroits.»

De son côté, Mohamed Saïd Karrouk, professeur de climatologie à l'Université Hassan II de Casablanca, également interrogé par Le360, souligne que l’automne est une saison chevauchante et intermédiaire entre l’hiver et l’été, le froid et la chaleur, et l’humidité et la sécheresse. 

«La chaleur qui persiste entre septembre et début octobre est tout à fait normale. Tandis qu’à partir de mi-octobre, la chaleur devrait baisser», assure-t-il.

Alors que le dérèglement climatique a chamboulé le calendrier pluvial du Maroc, les agriculteurs et les citoyens espèrent que la pluie sera au rendez-vous en cette saison, afin de surmonter la forte sécheresse et remplir les barrages dont le niveau de remplissage a rarement été aussi inquiétant.

À part les averses orageuses modérées enregistrées dans les reliefs de l’Atlas et ses régions voisines la semaine dernière, le Royaume n’a pas encore connu une perturbation météorologique atlantique, observe Youabid. Néanmoins, «il est tôt pour parler des pluies tardives, car nous sommes encore au début de l’automne», poursuit-il.

«Il est encore tôt pour savoir si cette année sera humide ou sèche. D’habitude, le mois le plus propice aux précipitations est le mois de novembre. Cette saison peut connaitre le retour des précipitations. Et si ce retour se réalise, il s’effectuera sous forme d’averses», renchérit Karrouk, mettant toutefois en garde contre tout risque d’inondation.

Par Ihssane El Zaar
Le 23/10/2022 à 08h49