Césariennes: la CNOPS et les médecins du privé se déclarent la guerre

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Revue de presseKiosque360. La décision de la CNOPS de conditionner le paiement des césariennes à la production d’un rapport médical justifiant le recours à cette pratique a déclenché la colère des gynécologues et des cliniques privées.

Le 21/04/2019 à 22h50

A partir du 1er mai prochain, toute césarienne non médicalement justifiée sera payée sur la base du forfait de l'accouchement par voie basse, a annoncé la Caisse nationale des organismes de prévoyance sociale (CNOPS). Une décision qui ne plait guère aux médecins et aux cliniques privées, nous apprend Akhbar Al Yaoum dans sa livraison de ce lundi 22 avril.

L’Association nationale des cliniques privées (ANCP), le syndicat national des médecins du secteur libéral (SNMSL), le Syndicat national de médecine générale (SNMG), le Collège syndical national des médecins spécialistes privés au Maroc (CSNMP), le Collège syndical national des médecins généralistes libéraux (CSNMGL) ont contacté le directeur général de l’Agence nationale de l’assurance maladie (Anam). Il invite ce dernier à intervenir auprès du directeur du CNOPS pour qu’il annule “purement et simplement, la note en question qui comporte l’appellation césarienne de convenance”, rajoute le quotidien casablancais.

La Caisse exige désormais des producteurs de soins (cliniques, hôpitaux publics, etc.) de joindre à leur dossier de facturation un compte rendu précisant l’indication médicale du recours à la césarienne programmée ou d’urgence, en expliquant la raison motivant le recours à cet acte, le rapport bénéfices-risques de l’intervention et les conditions de sa réalisation.

Une décision motivée “par le taux anormalement élevé du recours à la césarienne”, puisque sur 10 accouchements, 6 sont des césariennes, explique Akhbar Al Yaoum.

La CNOPS indique avoir compté en 2017 un total de 30.583 cas d’accouchement, dont 18.522 réalisés par césarienne (61%). Ce taux était de 35% en 2006, puis il a bondi à 43% en 2009 juste après le relèvement du Tarif national de référence de 6.000 Dh à 8.000 Dh, pour atteindre 61% en 2017. Consécutivement, les dépenses des césariennes sont passées de 13 millions de dirhams en 2006 à 130 millions de dirhams en 2017, alors que l’alignement des prestataires de soins sur un taux ne dépassant pas 25% (à l’instar du taux constaté au niveau du secteur public), aurait permis à la Caisse de faire des économies de plus de 70 millions de dirhams en moyenne par an.

Le secteur privé, qui s’accapare 90% du nombre d’accouchements, enregistre un taux supérieur du recours à la césarienne, se situant à 66% contre seulement 25% dans le secteur public, explique un communiqué de la CNOPS, notant que certaines structures privées d’hospitalisation à Casablanca, Rabat, Fès, Agadir, Kénitra et El Jadida, ont même franchi la barre de 80% en 2017 et que 72% des femmes césarisées en 2017 étaient âgées entre 20 et 35 ans.

Toujours selon le journal, les professionnels accusent la CNOPS de s’immiscer dans leur domaine: “Parler de césarienne de convenance est une pure ingérence dans la compétence des médecins et une insulte à leur intégrité scientifique”.

Selon eux, le DG de la CNOPS s’est basé sur des statistiques validées uniquement par ses services et “dont les résultats restent à interpréter en fonction de plusieurs autres paramètres (populations cibles, politiques de santé de chaque pays, conditions d’accès aux soins des citoyens….), pour en déduire des conclusions aussi hâtives et des jugements de valeur envers toute une profession, démontre la légèreté avec laquelle la santé et la vie de nos concitoyennes est traitée”.

Par Khalil Ibrahimi
Le 21/04/2019 à 22h50