Fermé depuis plus d’une décennie, le mythique parc zoologique de Aïn Sebaâ continue de faire patienter les habitants de Casablanca. Entre promesses officielles et retards successifs, le projet s’enlise dans une série de reports qui alimentent la colère et la méfiance des citoyens envers la gestion locale.
Nabila Rmili, maire de Casablanca, avait assuré à plusieurs reprises que le zoo rouvrirait «avant la fin de l’année». Mais sur le terrain, la lenteur des travaux laisse planer le doute.
Selon Karim Glaibi, membre du conseil de la ville et premier vice-président de la commune de Aïn Sebaâ, «les grands travaux sont pratiquement terminés. Il ne reste plus qu’à finaliser la construction du mur qui séparera le zoo de la voie ferrée, pour garantir la sécurité des visiteurs et des animaux». Il ajoute que «la commission de pilotage se réunira dans les prochains jours pour fixer une date d’ouverture».
La mairie justifie le nouveau report par la nécessité de garantir des conditions de sécurité optimales. Une convention de partenariat a d’ailleurs été signée récemment entre plusieurs acteurs institutionnels: la wilaya de Casablanca-Settat, la préfecture de Aïn Sebaâ-Hay Mohammadi, l’ONCF et Casa Aménagement, pour la reconstruction du mur de protection et la réhabilitation du réseau d’irrigation à l’intérieur du zoo. Ces derniers seront réalisés par Casa Aménagement, sous la supervision technique de l’ONCF.
le360
Interrogée sur la question des tarifs, Nabila Rmili a reconnu dans une récente déclaration pour Le360 que ce sujet a «pris beaucoup de temps au sein des commissions». «Nous voulions que le ticket soit au prix le plus bas possible», explique-t-elle. «Trois options étaient sur la table: confier la gestion au privé, ce qui aurait entraîné un tarif très élevé, la transférer à un autre secteur, ou opter pour une gestion déléguée qui permet de réduire le coût réel du billet.»
Selon la maire, le prix «réel» du ticket devrait être de 80 dirhams pour les adultes et de 50 dirhams pour les enfants, mais un «pack familial» permettrait de les réduire respectivement à 60 et 40 dirhams.
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«Ce parc n’est pas destiné aux seuls habitants de Aïn Sebaâ, ni même aux Casablancais. Il se veut un espace ouvert à tous les Marocains, un lieu de partage et de nature que nous souhaitons préserver dans l’état exceptionnel qui sera le sien lors de son inauguration», affirme-t-elle.
«Il abritera 45 espaces animaliers répondant à des normes précises, un centre vétérinaire, une clinique et du personnel qualifié. Les coûts de fonctionnement s’annoncent élevés, mais demeurent indispensables pour assurer le niveau de qualité et de sécurité exigé par le site».
Rmili a également indiqué que le contrat de gestion venait d’être validé et que le porteur du projet s’était engagé à respecter les délais: «Nous avons fixé un calendrier strict. Si tout se passe comme prévu, nous espérons une ouverture entre juin et juillet prochains», a-t-elle assuré.
Une frustration grandissante
Mais ces promesses peinent à convaincre. À la Chambre des représentants, la députée Loubna Sghiri (PPS) a dénoncé un projet devenu «symbole de mauvaise gestion et de gaspillage de l’argent public», alors que la plupart des travaux étaient censés être terminés depuis des mois.
Elle rappelle que le zoo de Aïn Sebaâ fait partie du patrimoine affectif et historique de Casablanca, un lieu de mémoire pour plusieurs générations de familles.
Sghiri s’inquiète aussi du niveau des tarifs annoncés, jugés inadaptés à la conjoncture économique: «Ces prix sont excessifs pour de nombreuses familles, surtout dans un contexte de pouvoir d’achat affaibli. Il faut que ce zoo reste un espace public accessible à tous, pas un luxe réservé à une minorité.»
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Entre retards administratifs, opacité de la communication et frustration citoyenne, le sort du zoo de Aïn Sebaâ illustre les difficultés structurelles de la gestion locale à Casablanca. Ce qui devait être un symbole de renouveau urbain et écologique s’est transformé, pour beaucoup, en un test grandeur nature de la gouvernance municipale.
En attendant, les Casablancais continuent de guetter, avec scepticisme, la réouverture d’un lieu qui appartient à leur mémoire collective mais dont les portes, depuis plus de dix ans, restent obstinément closes.












