Les chiffres sont alarmants, mais rien n’y fait. A Casablanca, poumon économique et social du Maroc, l’évolution de la situation pandémique en relation avec le Coronavirus est des plus inquiétantes. 948 cas positifs au Covid-19 ont été enregistrés au cours des 24 dernières heures. Soit près de la moitié des cas signalés ce dimanche où s'est établi un triste record de 2234 contaminations. L’heure est donc à la mobilisation, ne serait-ce que pour limiter les dégâts.
Les autorités publiques ont réagi, certes tardivement, mais elles ont fini par réagir. Lieux publics, places à grandes fréquentations et jusqu’aux bars et restaurants, tout est mis sous haute surveillance. Et quitte à en fâcher certains, aucune dérogation aux mesures sanitaires n’est permise. Et nul ne peut échapper au respect strict des dispositions de l’état d’urgence sanitaire auquel tous les Marocains sont soumis.
Pourquoi dès lors, on n’arrive pas à infléchir la courbe de la situation épidémique dans la plus grande agglomération du Royaume? Un défaut de communication? Des dérogations à la règle? Des Casaouis lassés par un long confinement baissent la garde?
Questionnée par Le360 quant aux raisons de cette véritable avalanche de cas positifs au Covid-19, Nabila Rmili, directrice régionale du ministère de la Santé, n’y va pas avec le dos de la cuillère. Pour cette docteure en médecine, aux premières lignes de la lutte contre le coronavirus depuis le premier jour de l’éclatement de la pandémie au Maroc, et plus précisément à Casablanca, c’est le relâchement de la population qui est en cause.
Lire aussi : Vidéo. Casablanca: bientôt des cliniques privées exclusivement dédiées aux patients du Covid-19
«C’est malheureux. On ne peut désormais que constater que c’est ce relâchement généralisé par rapport aux normes de précaution sanitaire qui conduit à cette hausse fulgurante des cas de contamination. Cette contamination a, depuis début septembre, atteint un stade communautaire. Nous ne sommes plus au niveau des cas contacts ou du proche entourage. Nous ne savons plus qui a contaminé qui. Il faut être très prudent», dit la Dr Rmili.
Lire aussi : La Covid-19, le virus qui tue le féminisme
L’expression la plus alarmante, lâchée par le Dr Rmili, est celle de «stade communautaire». Cela signifie que nous avons atteint une situation où tout le monde peut contaminer tout le monde. Le virus s’est si bien propagé dans la ville qu’il n’est plus délimité aux malades, aux foyers et aux cas contacts. Il est désormais partout, et peut faire de nouvelles victimes en tous endroits si le respect strict du port du masque et de la distanciation sociale n’est pas respecté.
Et la directrice régionale du ministère de la Santé du Grand Casablanca-Settat d’alerter sur une autre donne, tout aussi inquiétante: la hausse du nombre de cas graves et critiques des patients atteints du coronavirus dans cette région. «Il y a une hausse absolument terrifiante des cas critiques qui nous parviennent et, automatiquement, des décès dus au coronavirus qui sont enregistrés. Tout cela parce que bon nombre de nos concitoyens atteints, qui souffrent pourtant de symptômes liés à cette maladie, préfèrent rester chez eux et attendre que cela passe. C’est inadmissible», nous révèle-t-elle.
La solution est simple, insiste Nabila Rmili: se faire soigner. «Nous avons un protocole sanitaire sur lequel nous nous sommes tous mis d’accord. Et nous avons adopté, du plus haut au plus bas de l’échelle du système de santé dans notre pays, un traitement qui est disponible gratuitement et auquel tous les Marocains souffrant de coronavirus ont droit, de manière libre. Il suffit de le demander», ajoute-t-elle.
Mais les consignes doivent être traduites en actes. Si l’opération «mains propres», menée par les hommes de Abdellatif Hammouchi, est en train de mettre de l’ordre chez certains restaurateurs qui ont encouragé par leur laxisme la propagation du virus, les pouvoirs publics doivent faire preuve de plus d’intransigeance pour freiner la recrudescence des cas Covid-19. La situation explosive à Casablanca plaide en faveur de l’application de mesures draconiennes et de l’instauration d’un couvre-feu nocturne.