Un arrêté sortira prochainement pour marquer l’entrée en vigueur de l’interdiction de la circulation des poids lourds en pleine journée dans les grandes artères de la ville de Casablanca. Cette décision a été annoncée jeudi 22 septembre 2022, par Nabila Rmili, mairesse de la capitale économique lors du Business Lunch de l’Association pour le progrès des dirigeants (ADP).
«Il s’agit d’une décision tant attendue à la fois par les Casablancais et les membres du conseil de la ville», déclare Karim Glaibi, président du groupe du Parti authenticité et modernité (PAM) au conseil de la ville de Casablanca, pour Le360.
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«La circulation des poids lourds de marchandises (3,5 tonnes et plus, Ndlr) dans la ville, de 6h00 à 19h00, constitue un sérieux problème aux automobilistes. Dans cette ville déjà congestionnée, la vitesse, le poids et le volume de ces véhicules ont une grande influence sur les conditions de circulation. Sans parler des accidents dont ils sont la cause», argue Karim Glaibi.
Le «Ok» des commerçants Cette décision a été bien accueillie par les commerçants grossistes, les premiers usagers de ce mode de transport. Pour Mohamed Dahbi, secrétaire général de l’Union générale des entreprises et professions (UGEP), l’utilisation des poids lourds durant la journée a toujours eu un impact négatif sur les commerçants grossistes.
«Les commerçants souffrent continuellement de retard de livraison à cause du fort trafic routier durant la journée. Ils perdent une partie de leurs clients qui ne parviennent même pas à trouver où stationner à cause de la présence des poids lourds, notamment à Derb Omar et Garage Allal», a-t-il expliqué.
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Pour le représentant des commerçants, il convient toutefois de noter qu'il y a trois conditions préalables à la réussite de cette décision. «L’interdiction de la circulation des poids lourds dans les grands boulevards de Casablanca doit être mûrement réfléchie avant sa mise en place. Il faut préparer un plan d’action pour procéder, suivant une démarche proactive, à résoudre les problèmes que pourrait susciter cette interdiction. Il faut aussi impliquer les différentes parties prenantes dans la prise de décision et surtout organiser des campagnes de sensibilisation pour amener les transporteurs et commerçants à soutenir cette démarche et surtout la respecter», explique Mohamed Dahbi.
Une zone logistique pour décongestionner la ville Pour décongestionner la métropole et résoudre le problème de mobilité, le Conseil de la ville compte aussi dépoussiérer un projet en stade de réflexion depuis bien des lustres: la création d’une zone logistique dans l’arrondissement de Ben M’sik Sidi Othmane. Cette zone «permettra aux transporteurs d’assurer, dans de bonnes conditions, les opérations de chargement, déchargement et distribution», a précisé Nabila Rmili.
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Pour Mohamed Dahbi, la création de ce centre logistique «est la solution pour décongestionner la ville de Casablanca sachant qu’il se situe à proximité de l’autoroute nationale et pas très loin du port». En attendant, les poids lourds seront obligés, après la sortie de l’arrêté communal, d’utiliser des zones «clandestines» de déstockage pour acheminer les marchandises à l’intérieur de la ville via des camionnettes.
Un hic subsiste. Le projet de création de la zone logistique de Ben M’sik Sidi Othmane se heurte à un problème de taille: le terrain sur lequel sera construite cette zone logistique abrite actuellement le marché de gros des fruits et légumes. Ce dernier, tout comme l’ensemble des marchés de gros, devrait être déplacé à l’extérieur de la métropole, selon une décision du conseil de la ville qui sera présentée pour approbation lors de la session d’octobre 2022.