Le procès de l’affaire Bab Darna, qui se déroule devant la chambre criminelle près la Cour d’appel de Casablanca, a été reporté au 14 décembre lors de l’audience qui s’est terminée tard dans la nuit du 9 au 10 novembre, apprend Le360 de sources judiciaires.
Sept personnes sont poursuivies en état d’arrestation dans le cadre de cette affaire de détournement de fond, sous couvert d'avance à l'achat de bien immobiliers, qui se sont finalement avérés purement fictifs. Il s’agit du PDG du groupe immobilier Bab Darna, Mohamed El Ouardi, de son directeur général, de quatre autres employés et d'un notaire.
Ce report intervient pour permettre à une partie des victimes d’assister au procès, à d’autres de préparer leur défense, ainsi que de permettre aux représentants de certains établissements bancaires et financiers de prendre part au procès. Selon nos sources, si plusieurs représentants de banques ont assisté à l’audience d’hier (dont un représentant de Bank Al-Maghrib), d’autres banques n’ont pas répondu à la convocation du juge, Me Torchi.
«En tant que défense, la présence des banques est sollicitée pour la traçabilité de l'argent. Il ne s'agit pas de montants dérisoires, mais de sommes faramineuses. Si cet argent a été déposé dans des comptes bancaires, comment en a-t-il été retiré?», nous a affirmé Me Mourad El Ajouti, l'un des avocats de la défense des victimes.
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Alors que ce procès suit son cours, une question reste toujours en suspens: la disparition mystérieuse des avances des clients floués, dont le montant se chiffrerait à quelque 400 millions de dirhams.
Une partie des victimes, lors de l’audience d’hier, ont révélé une autre grosse surprise dans cette affaire. Ils ont remis à la cour des documents attestant que Mohamed El Ouardi, le PDG du groupe Bab Darna, aurait investi une partie de l’argent détourné dans des sociétés de placement de fonds au Panama. Certains avocats de la défense, apprend-on, sont à la recherche de traces probantes, pour une éventuelle demande de confiscation de ces fonds qui auraient donc été investis au Panama, pays connu pour la souplesse de sa politique fiscale.
Le Panama, pays d'Amérique du Sud, se trouve en effet toujours, selon l'UE, sur la liste noire des paradis fiscaux en 2021, bien qu'ayant ratifié en 2004 la Convention des Nations Unies contre la criminalité transnationale organisée. Cette convention, qui a également été ratifiée par le Maroc en 2002, permet à un Etat partie de demander à un Etat tiers la confiscation du produit du crime.