Comme souvent à l’approche de Ramadan, la ménagère craint pour son panier pendant ce mois, pourtant de jeun, où la consommation des produits alimentaires atteint des sommets. Et cette année comme les précédentes, son portefeuille devrait bien souffrir de la hausse traditionnelle que connaissent plusieurs produits.
Dans son édition du vendredi 2 avril, Al Ahdath Al Maghribia fait un focus sur cette traditionnelle flambée des prix des produits alimentaires à l’approche du mois sacré. Le quotidien commence, d’abord, par rappeler les principales conclusions de la dernière note du Haut-commissariat au plan (HCP) relative aux prix à la consommation. Dans celle-ci, la perspective d’une poursuite de la flambée des prix, au moins jusqu’à la fin du semestre en cours, est confirmée.
Pour le HCP, les prix des œufs, des viandes rouges et blanches, des légumes, de l’huile de table et d’autres produits alimentaires devraient continuer à augmenter à cause, entre autres, de la tendance haussière des prix des intrants constatée sur les marchés mondiaux. Mais au Maroc, ce n’est certainement pas la seule raison, comme tient à le souligner le journal: la multiplication des intermédiaires et la spéculation, particulièrement à l’approche du Ramadan, contribuent également fortement à la hausse des prix.
Pour le quotidien, il ne fait aucun doute que les prix de certains produits comme les viandes ou le poisson continueront à augmenter en cette fin du mois de Chaâbane et durera pendant Ramadan. Le fort engouement des consommateurs pour certains produits explique également cette situation, puisque tout commerçant cherchant un gain rapide profite de la forte demande pour augmenter les prix.
Selon les statistiques du HCP, les dépenses alimentaires des Marocains pendant Ramadan augmentent de 28% comparativement au reste de l’année. Un surcoût qui est dans la plupart des temps compensé par la réduction drastique des autres dépenses non alimentaires.
Si la ménagère a pris l’habitude de gérer ce contexte particulier imposé par Ramadan, cette année, son portefeuille pourrait souffrir plus que d’habitude.
Et pour cause, l’actuelle flambée des prix intervient en continuité avec un mouvement haussier constaté déjà depuis août 2020. Plusieurs produits, dont les fruits et légumes, subissent une hausse de leur prix due notamment au contexte de sécheresse qu’a connu le Maroc pendant les deux dernières saisons agricoles. A cela s’ajoute également la flambée des cours des aliments pour bétail enregistrée au niveau mondial.
C’est dire qu’aujourd’hui plus que jamais, il faut mettre un terme aux pratiques malsaines qui font augmenter les prix. D’ailleurs, à cet effet, le ministère de l’Intérieur a déjà prévenu il y a quelques jours que l’approvisionnement des marchés en différents produits de consommation sera suffisant pour combler la demande durant les prochains mois. L’argument d’une demande qui dépasse l’offre pour justifier la hausse ne tient donc pas. D’ailleurs, lors d’une récente réunion avec différents départements concernés, des directives strictes ont été données pour le contrôle des produits sur les marchés et la protection des consommateurs contre ces pratiques.
En attendant, le quotidien s’est déplacé dans l’un des quartiers commerçants de la ville de Casablanca pour constater le niveau d’approvisionnement et les prix. Première conclusion: la demande est bien forte, et l’offre aussi. L’emballement des prix ne semble donc pas encore atteindre les niveaux attendus pour Ramadan. C’est le cas par exemple des dattes, dont différentes catégories sont exposées par les commerçants à des prix allant de 25 à 140 dirhams le kilo. Certains d’entre eux proposent également des catégories plus luxueuses à des prix tournant autour des 200 dirhams le kilo. L’approvisionnement du marché ne devrait pas connaître de perturbation en raison de l’enchainement de deux bonnes saisons pendant lesquelles les conditions de production ont été idéales.
La même situation est enregistrée au niveau des légumineuses, en particulier les lentilles et les pois-chiches. L’approvisionnement actuel des marchés permet de couvrir une demande équivalente à 5 mois de consommation. Au niveau des prix, annoncés comme stables, ils sont compris entre 10 et 12 dirhams par kilo de lentilles, tandis que les pois-chiches s’échangent à 15 dirhams le kilo.
Il en est de même pour les produits nécessaires à la préparation de certaines recettes et pâtisseries traditionnelles du Ramadan, comme la «chebbakia». Les graines de sésame sont ainsi proposées à des prix compris entre 23 et 45 dirhams le kilo, selon la qualité, tandis que les prix des amandes varient entre 60 et 80 dirhams.
Au niveau du marché des fruits et légumes, Al Ahdath al Maghribia rapporte que les étals sont marqués par une offre diversifiée due principalement à la bonne saison agricole que connait le Maroc cette année. Les tomates, fortement consommées pendant le mois sacré, s’échangent actuellement entre 4 et 5 dirhams le kilo. Les oranges à presser sont pour leur part proposées aux alentours de 6 dirhams le kilo.
Pour ce qui est du poisson, là encore, les prix sont actuellement à des niveaux encore supportables. Comme l’a constaté le journal, la sardine est vendue dans certains marchés populaires à 10 dirhams le kilo, loin des niveaux exorbitants que l’on enregistre généralement pendant Ramadan.