Violations des droits de l’Homme: la justice espagnole ne lâche pas d’une semelle les dirigeants du Polisario

Brahim Ghali, patron du Polisario.

Brahim Ghali, patron du Polisario. . DR

Les juges espagnols continueront leurs investigations sur les violations des droits de l’Homme, objets de plaintes contre plusieurs dirigeants du Polisario, dont le chef séparatiste lui-même, Brahim Ghali.

Le 25/07/2020 à 09h17

Suite aux nombreuses plaintes portant sur de graves violations de droits de l’Homme, dont elle est saisie depuis plusieurs années, et qui visent plus d’une vingtaine de dirigeants du Polisario, la chambre pénale de l’Audience nationale espagnole, compétente en matière de crimes graves (terrorisme, génocide, torture…) poursuivra ses investigations dans ce dossier. La justice espagnole vient, pour ce faire, de prolonger, jusqu’à août 2021, les enquêtes qui concernent des accusés nominativement cités.

En effet dans la liste des 29 criminels présumés coupables de violations des droits de l’Homme dans les camps de Lahmada, on retrouve Brahim Ghali, l’actuel chef du Polisario, et plusieurs de ses lieutenants, comme Bachir Mustapha Sayed, Jandoud Mohamed, Sid Ahmed Batal…

Cette prolongation des investigations a été exigée par le parquet général espagnol, qui a reconnu que les faits reprochés aux dirigeants du Polisario sont «punissables» et nécessitent une enquête à l’étranger. Une façon de dire que l’obstacle qui s’oppose actuellement à cette démarche est celui de l’impossibilité d’entendre les accusés eux-mêmes, qui profitent de la protection des autorités algériennes.

Pour rappel, le travail de l’Audience nationale sur ce dossier, dont il était prévu qu’il se termine en août 2020 suite à une première prolongation, a été interrompu pendant plusieurs mois à cause de la pandémie de coronavirus qui a durement frappé l’Espagne et coupé les liaisons avec l’extérieur.

Cette procédure a été enclenchée, pour la première fois, le 14 décembre 2007 par la justice espagnole, suite à une plainte pour «génocide, torture, disparitions forcées, détention illégale et violations graves des droits de l'Homme», déposée par de nombreuses victimes contre des dirigeants séparatistes ainsi que des officiers de l'armée algérienne.

Pour sa part, l’Association sahraouie de défense des droits de l’Homme (ASADEDH) a déposé, en 2017, une plainte similaire devant la juridiction espagnole, qui a engagé de nouvelles poursuites pénales contre Brahim Ghali et ses acolytes.

Les crimes pour lesquels sont poursuivis les dirigeants du Polisario ont été récemment confirmés par l’un des principaux accusés. En effet, en octobre dernier, Bachir Mustapha Sayed, actuel conseiller de Brahim Ghali et frère cadet du premier chef du Polisario (El-Ouali Mustapha Sayed), a reconnu ouvertement avoir commis de nombreux assassinats et crimes de tortures à l’encontre des prisonniers sahraouis durant les années 80 et 90 du siècle dernier, du temps où il était le patron des «services» du Polisario sous la présidence de Mohamed Abdelaziz El Marrakchi.

Bachir Mustapha Sayed a ainsi affirmé, dans un enregistrement vocal relayé sur les réseaux sociaux, que des «crimes et dépassements graves ont été commis contre des Sahraouis et autres anciens dirigeants du Polisario, et que les responsables impliqués dans ces exactions regrettent aujourd’hui leurs méfaits, demandent d’ouvrir une nouvelle page et d’oublier le passé».

Mea culpa ou preuves à charge, cet enregistrement a «enfoncé» davantage les dirigeants du Polisario, dont aucun ne peut aujourd’hui prendre le risque de voyager en Europe

Par Mohammed Ould Boah
Le 25/07/2020 à 09h17