Vidéo. Le régime algérien dit avoir démantelé une «bande terroriste du MAK», liée au Maroc et à Israël

Ferhat Mehenni est le président du MAK, le Mouvement pour l'Autodétermination de la Kabylie. 

Ferhat Mehenni est le président du MAK, le Mouvement pour l'Autodétermination de la Kabylie.  . MAK

Le 14/10/2021 à 11h50

VidéoLa police algérienne a rapporté hier soir, mercredi 13 octobre 2021, qu’un «groupe criminel armé» lié au «MAK» a été démantelé et 17 personne arrêtées. Dans de médiocres et ridicules mises en scène diffusées à la TV publique, le régime algérien a tenté, une fois encore, d’impliquer le Maroc et Israël. A quelles fins?

Heureusement que le ridicule ne tue pas. Sinon, les chibanis qui tiennent l’appareil militaro-politique en Algérie auraient passé l’arme à gauche depuis bien longtemps. Le régime algérien impénitent fait à nouveau un remake des déclarations du présumé «terroriste» Abou Dahdah, dont les témoignages diffusés le mercredi 17 février 2021 en vue de discréditer le Hirak avaient bien fait rire les Algériens. Ces derniers avaient alors décerné à la télévision algérienne la palme de la meilleure chaîne comique.

Hier, mercredi 13 octobre, la télévision publique algérienne récidive. Il semblerait que le régime ait voulu donner un semblant de vraisemblance aux affirmations surréalistes du président Tebboune, dans son interview du dimanche 10 octobre dernier, au sujet des captures d’écran de téléphones impliquant le Maroc dans les feux de forêts en Kabylie d’août dernier.

Selon une vidéo publiée par la télévision publique algérienne, juste après le journal de 20 heures du mercredi soir, «les forces de sécurité ont d’abord mis la main sur ce qui semblait être une simple bande criminelle armée, mais leur surprise sera grande quand elles découvrent les multiples connexions entre cette bande affiliée au MAK (Mouvement pour l’Autodétermination de la Kabylie) et ses ramifications extérieures, qui s’étendent au Maroc et Israël, deux pays qui affichent ouvertement leur haine de l’Algérie». C’est en ces termes que le commentateur de la TV algérienne, d’une voix gutturale et sur fond de musique mortuaire, a annoncé le démantèlement par la police algérienne d’une prétendue «bande terroriste armée liée au MAK».

Et d’ajouter, en reprenant un communiqué de la DGSN algérienne: «les preuves numériques et les aveux des mis en cause lors de l'enquête préliminaire ont démontré que les membres de ce groupe terroriste étaient en contact permanent avec des parties étrangères via l'espace cybernétique. Le groupe activait sous couvert d'associations et d'organisations de la société civile implantées au sein de l'entité sioniste et dans un Etat nord-africain». A comprendre le Maroc, qui est d’ailleurs nommément cité dans le film de près de 14 mn.

Le chef présumé de cette bande, comprenant 17 personnes, serait un ex-militant du Rassemblement pour la Culture et la Démocratie (RCD, amazigh), avant de rejoindre le MAK, selon ses «aveux». Présenté sous le nom de «A. Makhlouf», et qualifié du «plus dangereux élément de la bande terroriste», il va commencer son «témoignage», débité dans un français sommaire, en appuyant sur chaque syllabe, comme pour accentuer le caractère dramatique des mots.

«Ferhat Mehenni, qui est actuellement le président du MAK, qui vit en exil en France, qui demande l’indépendance de la Kabylie…», dit-il, serait en lien avec lui de longue date. Des armes et des munitions, de fabrication russe soit dit en passant, des liasses flambant neuves de dinars et de devises, prétendument retrouvées dans le domicile de Makhlouf, ont été exposées devant les caméras. Le tout accompagnée d’une musique dramatique et annoncée à longueur de journées par des teasers dans les chaînes à la solde de la junte.

Malgré l’évocation appuyée de relations avec Ferhat Mehenni, Makhlouf a d’abord affirmé être un «simple chasseur de sangliers», selon l’ENTV. Trois autres membres de cette bande se sont également exprimés, à travers des bribes et images entrecoupées, dans une vidéo dont on remarque clairement qu’elle a été bidonnée par de piètres amateurs en matière de propagande. L’un des trois témoins supposés accabler le Maroc et Israël a même eu un sourire furtif au moment de se rassoir, un sourire que l’appareil propagandiste n’a même pas effacé.

Le reste, c’est un imbroglio dont le seul élément concret est une page Facebook intitulée «Tamazhga-Israël». Les personnes interpellées seraient des habituées de cette page et seraient entrées en contact avec un Marocain, établi en Suède, portant le nom de Younès Mimoun et d’une citoyenne israélienne portant le nom de Tiar Sarah. Ce sont les seuls éléments supposément concrets de l’implication du Maroc et d’Israël. Pourtant, il n’en a pas plus fallu pour crier au complot du siècle, citer les intrigues du Maroc, la main omniprésente du Mossad et d’autres balivernes qui ont un seul mérite: montrer le niveau médiocre du régime algérien.

Est-ce avec cette mise en scène, ne présentant même pas les ingrédients de la vraisemblance, que le régime algérien espère convaincre du bien-fondé de ses accusations contre le Maroc? Ce sont donc là les fameuses preuves dont a parlé Tebboune?

La vraie question n’est toutefois pas liée à la teneur des preuves dont dispose le système algérien et encore moins au caractère burlesque des mises en scène, servies sur des chaînes publiques. La question, c’est que cherche le régime algérien avec cette suite d’escalades à l’adresse du Royaume? La junte œuvre à diaboliser chaque jour le Maroc par des accusations aussi farfelues les unes que les autres. Prise dans une logique d’escalade, elle persiste dans une voie qui la rapproche du régime de Kim Jong-un.

A force de crier à tue-tête que le Royaume du Maroc est la cause de tous les problèmes et de tous les maux de l’Algérie, le régime algérien va bien finir non seulement de croire en un mensonge, répété de façon stakhanoviste, mais devrait agir en conséquence. Ayant déjà épuisé toutes les voies de représailles (rupture des relations diplomatiques, fermeture de l’espace aérien, annonce de la fermeture du gazoduc qui traverse le Maroc), il ne lui reste que la menace brandie par le président Tebboune dans l’interview de dimanche: le conflit armé.

Par Mohammed Ould Boah
Le 14/10/2021 à 11h50