Au début de cet entretien avec Le360, le président du Mouvement d’autodétermination de la Kabylie (MAK) s'est dit choqué par la démarche qu'a adopté la junte militaire au pouvoir à Alger.
«De Gaulle disait qu’il n’allait pas devenir un dictateur à 69 ans. Moi, je ne vais pas devenir un criminel à 70 ans», a ironisé Ferhat Mehenni, qu’Alger accuse à la fois d’être derrière les feux de forêt de cet été dans sa terre natale, et du lynchage à mort du jeune Djamel Bensmaïl, le tout, avec la complicité du Maroc et d'Israël!
«Ce sont des accusations auxquelles je suis complètement étranger. Je suis un homme de paix», a affirmé le président du MAK qui, par ailleurs, a été le fondateur de la première Ligue algérienne des droits humains. «Ils ne viendront pas à bout de mon combat», a-t-il renchéri, se demandant ensuite s’il y aurait un seul pays qui accepterait d’exécuter le mandat d’arrêt international dont le menace la junte militaire.
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Ferhat Mehenni a rappelé qu’il avait lui-même déposé une plainte contre le régime algérien, également pour génocide. Un génocide, à l’en croire, qui a commencé depuis des décennies et qui s’est récemment accéléré de deux manières. Le président du MAK accuse la junte militaire d’avoir laissé les populations kabyles livrées à elles-mêmes face à la pandémie du Covid-19, ce qui a conduit à des centaines de morts. Puis, avec les incendies de forêt, qui ont fait des dizaines de victimes.
«Je demande une enquête internationale sur ces incendies et sur l’assassinat de Djamel Bensmaïl», a réclamé Ferhat Mehenni, qui a aussi émis un avis sur la rupture, unilatéralement décidée par par Alger, des relations diplomatiques avec le Maroc. Selon lui, le régime algérien, qui a perdu toute base sociale et qui est confronté à de graves problèmes internes, se retrouve dans une logique de fuite en avant perpétuelle. Il s’invente toujours des ennemis parmi ses pays voisins ou parmi les alliés, réels ou supposés, de ses voisins. Alger va même parfois jusqu'à étendre cette théorie du complot à la France.
«Le régime algérien est comme une bête blessée qui fonce sur n’importe quoi quitte à se suicider», a finalement résumé Ferhat Mehenni, qui bénéficie du statut de réfugié politique en France.