Un rapport parlementaire épingle les marchés de gré à gré du ministère de la Santé, estimés à 220 millions de dirhams

Khalid Aït Taleb, ministre de la Santé.

Khalid Aït Taleb, ministre de la Santé. . DR

Un rapport élaboré par une mission d'information parlementaire accuse le ministère de la Santé d'avoir accordé à 45 sociétés «non qualifiées» des marchés publics liés à la Covid-19 pour un montant de plusieurs centaines de millions de dirhams. Explications.

Le 16/07/2021 à 10h56

Fruit d'une longue et laborieuse mission d'information en lien avec le ministère de la Santé ainsi qu’auprès de 45 sociétés, «qui ont bénéficié de ces marchés de gré à gré», le rapport s'est longuement arrêté sur de nombreux «manquements et dysfonctionnements», ont indiqué de nombreux députés, interrogés par Le360.

«C'est un véritable scandale», a dit hier, jeudi 15 juillet 2021, l'un des élus, à l'occasion de la clôture de la session parlementaire.

Une copie de ce rapport, parvenue à certains élus et journalistes, conclut que les 45 sociétés «non qualifiées» à postuler pour livrer des équipements anti-Covid-19 au ministère de la Santé «ont bénéficié de divers contrats portant sur un financement assez conséquent». Il s'agirait d'un montant global de 220 millions de dirhams.

Lors de la discussion de ce rapport, les membres de la commission des secteurs productifs se sont déclaré choqués par ces conclusions, selon des sources que Le360 a contactées.

«Nous avons constaté que sur ces 45 sociétés, figure notamment une entité qui a obtenu un marché concernant la fabrication des masques anti-Covid-19 alors qu'elle ne répondait pas à une sérieuse qualification pour remporter ce contrat», a déploré un député de la majorité, sous le couvert de l'anonymat.

Cette mission d'information parlementaire, qui a enquêté sur les dysfonctionnements de ces marchés, était présidée par Rachid El Abdi, chef du groupe parlementaire du PAM.

Constituée de représentants de plusieurs groupes parlementaires, cette mission a commencé son travail en 2020, après que des soupçons aient été formulés au sujet de l'attribution de ces marchés publics. Selon des députés, ces contrats auraient été conclus à la hâte, dans le cadre du décret sur l’état d'urgence sanitaire, pour sceller des contrats de gré à gré.

Mais quel sort aura donc ce rapport, qui n'a pas pu être adopté en séance plénière, avant la clôture du Parlement? Tout d'abord, le président de la Chambre des représentants, Habib El Malki, a fait siens les regrets des députés sur cette question.

«Nous aurions aimé que ce rapport soit validé en plénière et mis à la disposition du public, mais, malheureusement, cela n’a pas été possible car le ministre (Khalid Aït Taleb, Ndlr) n'a pas été en mesure d'assister aux travaux de la mission d’information», a déclaré Habib El Malki.

Ce rapport va-t-il être enterré et finir dans les tiroirs du Parlement? C'est fort probable, mais des députés espèrent que la nouvelle assemblée parlementaire, qui sera élue le 8 septembre prochain, pourra prendre le relais, en vue d'une publication de ce rapport.

Par Mohamed Chakir Alaoui
Le 16/07/2021 à 10h56