Tribune. Néguev II, ambassades: ce qu’on peut espérer pour l’avenir des relations Maroc-Israël

Les drapeaux israélien et marocain lors d'une cérémonie officielle à Tel-Aviv, le 13 septembre 2022. AFP or licensors

Bruce Maddy-Weitzman, historien et politologue israélien, est également professeur à l’Université de Tel-Aviv, au Département d’Histoire du Moyen-Orient et de l’Afrique. Pour lui, la reconnaissance par Israël de la marocanité du Sahara est aussi une question de politique intérieure au sein des cercles de décision de l’État hébreu.

Le 21/07/2023 à 14h13

La reconnaissance par Israël de la souveraineté marocaine sur le territoire du Sahara occidental a officialisé le soutien stratégique de longue date d’Israël au Maroc et surtout vis-à-vis de son rival géopolitique et idéologique, l’Algérie.

Jusqu’à présent, Israël avait été réticent à aller au-delà du soutien au processus politique de l’ONU appelant à une solution négociée. Mais, une fois que l’administration Trump a négocié la contrepartie de la reconnaissance américaine de la souveraineté marocaine, en échange du rétablissement des liens formels du Maroc avec Israël, ce n’était qu’une question de temps pour qu’Israël lui emboîte le pas, d’autant plus que le contenu réel de la relation bilatérale a grandi avec des bonds inédits.

Israël a même annoncé qu’un attaché militaire sera nommé à sa légation au Maroc, un acte sans précédent pour deux pays dont les relations diplomatiques officielles n’étaient pas au mieux jusque-là.

Nous ne savons pas encore s’il y a eu une contrepartie à cette reconnaissance, mais, en principe, l’invitation adressée par le roi du Maroc à Netanyahu pour une visite au Royaume a sûrement été accueillie avec une grande joie par les services du Premier ministre, qui passe par une conjoncture politique interne très délicate à cause de la polémique suscitée par la réforme de la justice.

Avec ces derniers développements, on peut s’attendre à ce que la prochaine réunion du Forum du Néguev, longtemps retardée, se tienne au Maroc, avec la participation d’Israël bien sûr.

On peut aussi s’attendre à ce que les relations diplomatiques formelles soient portées au niveau des ambassadeurs, ce qu’Israël souhaite vivement. Netanyahu veut et a besoin d’exploits diplomatiques à des fins de politique intérieure, et par conséquent, ce geste, en ce moment, est là pour rappeler à l’opinion publique israélienne que la relation maroco-israélienne est florissante.

Netanyahu peut même y voir un rappel utile à l’administration Biden -qui a critiqué le plan de son gouvernement l’accusant à chercher à affaiblir l’appareil juridico-judiciaire- que l’engagement des États-Unis à ouvrir un consulat sur le territoire du Sahara occidental, pris par Trump, n’a pas été honoré.

Pour le Maroc, c’est une étape symbolique très importante. C’est l’une des meilleures réponses aux critiques selon lesquelles l’approfondissement des relations avec Israël ne produisait pas les résultats escomptés.

Par Bruce Maddy-Weitzman
Le 21/07/2023 à 14h13