Charafat Afailal entretient un lien particulier avec le Parti du progrès et du socialisme (PPS). Son père étant un militant de la première heure du parti, elle affirme avoir intégré ses rangs dès son plus jeune âge, à travers les colonies de vacances organisées par le club «Attalae3» à Tétouan. L’intérêt pour la politique s’est développé ensuite de manière progressive, en ralliant la jeunesse du parti puis, à l’âge de 28 ans, son bureau politique.
Le 10 octobre 2013, jour de sa nomination au poste de secrétaire d’État chargée de l’Eau au sein du gouvernement Benkirane 2, marquera une nouvelle étape dans sa carrière politique.
«Je l’ai appris à une heure tardive de la nuit. Le secrétaire général du parti Nabil Benabdallah m’a appelé pour m’informer de la réception royale, sans toutefois me confirmer la nature du portefeuille qui me sera confié», se rappelle l’ancienne ministre.
Et d’ajouter: «L’architecture gouvernementale n’était pas encore tranchée de manière définitive entre les partis de la majorité. Ce n’est qu’une fois à l’intérieur du Palais royal, quelques minutes seulement avant la cérémonie officielle, que j’ai appris que je serai chargée du portefeuille de l’Eau».
Durant les cinq années de son mandat à la tête du département de l’Eau (entre les gouvernements de Benkirane 2 et El Othmani 1), Afailal a dû gérer deux événements majeurs. D’abord les inondations de 2014, qui ont provoqué des pertes en vies humaines et de considérables dégâts au niveau des infrastructures. Ensuite, ce fut la crise de l’eau à Zagora en 2017, qui menaçait de fragiliser la paix sociale dans la région.
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La région sud-est du Maroc connaît une sécheresse structurelle, se traduisant par une pénurie de ressources hydriques. «La seule ressource d’eau potable se trouve dans la nappe de Fayja. Les agriculteurs ne voulaient pas que cette nappe soit réservée aux besoins vitaux des habitants au détriment de leurs activités agricoles, en particulier les pastèques», explique Afailal.
«Avec l’appui du ministère de l’Intérieur, nous avons pris la décision d’acheminer l’eau depuis la nappe de Fayja à destination des populations concernées», se félicite la ministre, évoquant également l’activation du projet du barrage d’Agdz, ainsi que celui des stations de déminéralisation des eaux.
Par ailleurs, Afailal salue le dispositif récemment mis en place par le gouvernement Akhannouch, interdisant certaines cultures très consommatrices d’eau. «Si cette décision a été activée en 2015, elle aurait pu atténuer l’effet de la crise de 2022. Il faut tenir compte du système hydrique de chaque région. On ne peut pas concevoir des programmes sectoriels ambitieux, pour l’industrie, l’agriculture ou le tourisme, en l’absence de ressources hydriques», insiste Afailal.
La question des cultures très consommatrices d’eau a été soulevée au sein des deux gouvernements Benkirane et El Othmani, se rappelle Afailal, qui déplore toutefois un «manque d’arbitrage». «Personne n’a eu l’audace de prendre la décision d’interdire ou de limiter ces cultures (…).Il y avait certes une discussion avec l’ancien ministre de l’Agriculture, Aziz Akhannouch, et on m’a reproché d’avoir évoqué dans les médias le danger de la culture des pastèques dans la région de Zagora», confie l’ancienne ministre.
En outre, Afailal attire l’attention sur le comportement de quelque 1.200 grands agriculteurs de la région du Souss qui bénéficient de ressources hydriques en dehors des circuits d’irrigation encadrés par les Offices régionaux de mise en valeur agricole (ORMVA), et qui ne paient pas de redevances aux agences des bassins hydrauliques (qui se monte à 2 centimes le mètre cube).
Interrogé sur la place accordée au département de l’Eau dans l’architecture gouvernementale, l’ancienne ministre estime que le manque de stabilité du secteur, perçu comme une structure orpheline, tend à le fragiliser sur le plan institutionnel. «Le secteur de l’eau doit être autonome. Ce n’est pas un problème d’infrastructure pour l’associer au département de l’Équipement», soutient Afailal, pour qui l’idéal serait de le rattacher aux départements ministériels de l’Énergie, l’Environnement et le Développement durable.