Tebboune sous ultimatum

Le président algérien Abdelmadjid Tebboune.

TribuneDans tous les cas, c’est fatal, Tebboune sera discrédité. Céder à un ultimatum, c’est baisser pavillon -pour ne pas dire baisser autre chose…

Le 01/03/2025 à 09h00

Il y a quelques jours, très précisément mercredi dernier, le Premier ministre français, François Bayrou, a annoncé que Paris allait demander à Alger que soit réexaminée la totalité des accords qui lient les deux pays. Il s’agira surtout de vérifier qu’ils sont effectivement exécutés, qu’ils ne sont pas devenus de simples vœux pieux.

Et si l’Algérie fait la sourde oreille ou refuse officiellement d’appliquer lesdits accords, en particulier si elle continue de refuser de reprendre sur son sol les milliers de délinquants, criminels et terroristes algériens qui se trouvent en France, alors les accords seront ‘réexaminés’ unilatéralement par la France -c’est-à-dire probablement «dénoncés», c’est-à-dire annulés.

Il faut souligner que lesdits accords avantagent injustement les Algériens par rapport aux autres étrangers. Par exemple, un Algérien qui se trouve en France depuis trois ans peut obtenir un titre de séjour de dix ans, contre cinq ans de résidence pour les autres étrangers. Les accords facilitent également le regroupement familial et octroient la liberté d’établissement aux commerçants algériens. Ces derniers en usent et abusent (n’importe qui peut se dire commerçant)…

Mais voici le plus intéressant: Bayrou a signifié à Tebboune et sa bande qu’ils avaient un délai de six semaines pour s’exécuter. Six semaines -pas un jour de plus. Dans toutes les langues du monde, cela s’appelle un ultimatum.

Céder à un ultimatum, c’est baisser pavillon -pour ne pas dire baisser autre chose…

«Quand j’en entends un se vanter de son “nif”, j’ai envie de lui réciter la tirade de Cyrano. “Moi, monsieur, si j’avais un tel nez, il faudrait sur-le-champ que je me l’amputasse!”»

Or, les vieilles ganaches galonnées qui manipulent leur marionnette Tebboune, et la marionnette elle-même, ne cessent de nous rebattre les oreilles de ce mot: le nif. «Le nez» est censé symboliser leur sens de l’honneur (hypertrophié), leur orgueil (de lama hautain) et leur fierté (mal placée).

On ne peut pas discuter deux minutes avec ces gaillards irascibles sans qu’ils s’énervent et vous parlent de leur nif. Gare! Ça va cogner! Faut m’respecter! Faut respecter mon nif!

Il y a des milliards d’êtres humains sur Terre, mais on dirait qu’ils sont les seuls à disposer d’un appendice nasal. Quand j’en entends un se vanter de son nif, j’ai envie de lui réciter la tirade de Cyrano. «Moi, monsieur, si j’avais un tel nez, il faudrait sur-le-champ que je me l’amputasse!»

Et voici qu’une occasion en or se présente pour prouver au monde pâmé d’admiration que Tebboune et compagnie ont vraiment un nif. Imaginez: un ultimatum, oui, monsieur, un ultimatum

De deux choses l’une.

Soit Tebboune et son gang baissent leur… pavillon et ils ne pourront plus jamais se gargariser avec leur nif -ce qui constitue d’ailleurs un exploit du point de vue anatomique.

Soit ils lèvent le nez au ciel, arrogants, et ne répondent pas à Bayrou et c’en sera fini des avantages exorbitants obtenus par Alger pour ses ressortissants, on ne sait pourquoi, dans les années 60. Les Algériens deviendraient des étrangers comme les autres, avec les mêmes droits et les mêmes devoirs. Bye bye, les passe-droits.

Dans les deux cas, c’est fatal, Tebboune sera discrédité.

Si tant est qu’il jouisse du moindre crédit auprès de quiconque.

Par Sanaa Berrada
Le 01/03/2025 à 09h00