C’est devenu un véritable réflexe du pouvoir algérien à chaque fois qu’il est question de permettre aux médias marocains de couvrir des évènements organisés chez le voisin de l’Est. Les médias marocains n’y ont tout bonnement pas accès. Mais là, le pouvoir algérien a franchi une ligne en empêchant jusqu’à l’équipe médiatique chargée des activités royales au sein du pôle audiovisuel public, notamment la chaîne Al Aoula, de s’acquitter de sa mission et en confisquant son matériel. Pourtant, toutes les procédures d’usage ont été remplies.
Les 24 et 25 octobre 2022, dès réception de la mission relative à la couverture du sommet, l’équipe chargée de suivre les activités royales a fourni tous les documents nécessaires à son accréditation, et ce, afin de couvrir la participation du roi Mohammed VI à l’évènement. Les différentes démarches ont été coordonnées par le consul général du Royaume en Algérie, Said El Hal. Et ce dernier a confirmé mercredi dernier l’inscription de l’équipe et de son matériel sur la plateforme électronique dédiée à cet effet.
Le nombre complet des journalistes et techniciens marocains accrédités pour couvrir les travaux du sommet s’élevait à 51, dont 20 membres de l’équipe royale (des photographes du Souverain et des équipes d’Al Aoula, de 2M et de l’agence Maghreb Arabe Presse). Les billets d’avion Rabat-Paris-Alger ont été réservés pour un départ le vendredi 28 octobre à 6h00 du matin.
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Mais quelques heures avant le départ, soit le même vendredi à minuit, les autorités algériennes ont informé la partie marocaine que seuls 12 membres représentant tous les médias seraient autorisés à couvrir le sommet et les activités royales. Ceci, en sachant qu’il est techniquement impossible d’assurer une couverture directe et de qualité pour les activités du Souverain avec un nombre aussi réduit.
Devant ce fait accompli, les membres de la délégation officielle n’avaient d’autres choix que de poursuivre le voyage vers l’Algérie, les noms des journalistes accrédités n’ayant pas encore été définis à ce moment et le matériel technique étant nominativement réparti au sein de l’équipe.
Une fois à Alger, l’équipe a dû attendre cinq heures, et l’intervention du consul général, avant que les passeports de ses membres ne soient enfin cachetés et que ceux-ci puissent entrer dans la ville. Le matériel nécessaire à leur travail, y compris les équipements destinés à la retransmission en direct et à la transmission, est néanmoins retenu, en attendant les accréditations. Mieux, les autorités algériennes ont décidé que l’ensemble du matériel serait enregistré au nom d’un seul membre de la délégation médiatique.
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Chargé de communication au Cabinet royal, Chakib Laâroussi a dû établir séance tenante une liste des 12 membres de l’équipe de couverture, dont un certain Mohamed Maradji, photographe du Souverain. Mais à l’heure où nous mettions en ligne, seules 9 accréditations ont été accordées, 4 membres de la délégation ont déjà dû quitter l’Algérie et le matériel est toujours réquisitionné. A deux exceptions près: une caméra et un banc de montage. Sur place à Alger, l’équipe en charge de la couverture des activités royales ne compte ainsi qu’un seul cameraman et un seul monteur qui ont leurs outils de travail. Un cameraman et les techniciens chargés de la retransmission en direct et de la transmission sont, eux, assignés à résidence et ne peuvent se déplacer que sous escorte algérienne. Et 6 des 9 membres accrédités sont toujours à Rabat.
Cet inqualifiable traitement vaut pour les médias officiels et l’équipe censée couvrir les activités royales en cas de déplacement à Alger du roi Mohammed VI. Les médias privés, dont Le360, n’ont tout simplement pas obtenu leur accréditation, alors que nos équipes ont déposé leur demande le 19 septembre 2022 au consulat d’Algérie à Rabat. L’Algérie a, soulignons-le, l’exclusivité de l’octroi de toutes les accréditations aux médias alors qu’il s’agit d’un évènement panarabe et que la junte ne doit l’honneur de son organisation qu’à l’ordre alphabétique.
Une question s’impose: que cherche le régime algérien en entravant le travail de l’équipe chargée de couvrir les activités royales? En tout état de cause, ce régime n’a pas su réunir les conditions favorables pour que les dirigeants les plus influents dans le monde arabe fassent le déplacement à Alger. Le roi Mohammed VI vient, en effet, d’allonger la liste des chefs d’Etat qui ne participeront pas au 31e sommet de la Ligue arabe.