Santé publique: l’opposition étrille la gestion d’Akhannouch et son bilan

Aziz Akhannouch, chef du gouvernement et président du Rassemblement national des indépendants (RNI), lors de la présentation au Parlement du bilan de la réforme du système de santé marocain, le 7 juillet 2025. (Y. Mannan/Le360)

Le 07/07/2025 à 18h48

VidéoFace aux promesses d’investissements massifs brandies par le chef du gouvernement Aziz Akhannouch, l’opposition parlementaire s’en prend à son bilan et tire la sonnette d’alarme sur l’état critique du système de santé publique, qu’elle juge inégal, excluant et inefficace.

Les obstacles entravant le système de santé publique marocain ont été vivement dénoncés, lundi 7 juillet 2025, par les groupes de l’opposition parlementaire, à l’occasion de la séance mensuelle consacrée aux questions de politique générale, en présence du chef du gouvernement Aziz Akhannouch.

Ce dernier a ouvert la séance en exposant les grands axes de la réforme sanitaire entreprise par son gouvernement. Il a évoqué un arsenal législatif conséquent, un effort budgétaire soutenu et des projets structurants tels que la construction de 1.400 unités hospitalières de proximité ou encore la création d’un CHU dans chacune des douze régions du Royaume. Mettant en avant la formation du capital humain et l’architecture institutionnelle du système, Akhannouch a tenté de rassurer, en promettant que les fruits de cette réforme ne seraient visibles qu’à moyen terme.

Mais cette démonstration chiffrée n’a guère convaincu les députés de l’opposition, qui se sont relayés pour dresser un constat accablant du terrain. Le chef du groupe du PJD, Abdellah Bouanou, a ouvert le bal en dénonçant l’inertie du gouvernement: «Toutes les promesses pour améliorer la santé publique n’ont pas été appliquées depuis 2021»,a-t-il martelé, avant d’ajouter: «On parle de couverture généralisée alors que de nombreux citoyens restent en dehors du système. Le financement est en crise, mais on n’en parle même pas. Seuls 30% des adhérents financent la couverture de tous

Rachid Hamouni, chef du groupe du PPS, a quant à lui fustigé une politique de santé à deux vitesses, au bénéfice du privé: «Le secteur privé prospère pendant que le public s’effondre. Nous avons demandé des explications sur l’indicateur ayant exclu 8,5 millions de personnes de la couverture santé. Le gouvernement n’a jamais répondu. Le sort de ces citoyens reste inconnu.»

Même son de cloche du côté de l’USFP. Son représentant, Hassan Lachgar, a tiré à boulets rouges sur ce qu’il appelle un chantier mort-né: «Le projet de médecine de famille a disparu. Rien n’a été fait non plus pour encourager les professionnels à s’installer dans les zones reculées. Ce secteur est au point mort.» Et d’enfoncer le clou en évoquant des malades, notamment cancéreux, «qui attendent des mois pour un rendez-vous ou un remboursement, parfois jusqu’à atteindre un stade où le traitement devient impossible.»

Le ton s’est fait plus mesuré du côté de la majorité. Le député PAM, Ahmed Touizi, a plaidé pour une lecture progressive de la réforme: «Cette transformation est graduelle. Elle ne peut se concrétiser du jour au lendemain. Les problèmes que nous connaissons sont l’héritage d’un passé long et complexe.»

Dans cet hémicycle où les chiffres se heurtent aux réalités vécues, la réforme de la santé apparaît comme une querelle à géométrie variable. Entre un gouvernement qui bâtit des murs de promesses et une opposition qui dénonce des brèches béantes dans le quotidien des Marocains, le patient marocain, lui, reste en salle d’attente.

Par Mohamed Chakir Alaoui et Yassine Mannan
Le 07/07/2025 à 18h48