La question du Sahara sera de nouveau sur la table du Conseil de sécurité, mais cette fois, tous les regards seront tournés vers l’Ukraine... Et l’Algérie. Ce sera le mercredi 20 avril à New York, à l’occasion d’un briefing marqué par un exposé du représentant personnel du secrétaire général de l’ONU pour le Sahara, Staffan de Mistura, ainsi que le chef de la Minurso, Alexander Ivanko. «Tout porte à croire que le ton sera positif. M. de Mistura devrait présenter les conclusions de sa première tournée dans la région, mais aussi annoncer une nouvelle visite, qui le conduira, probablement aussi, aux provinces du sud», indique une source diplomatique.
Si Alexander Ivanko aura à présenter un rapport technique sur la situation sur le terrain, il est attendu de l'envoyé personnel du secrétaire général de l'ONU pour le Sahara de donner en effet un exposé sur les conclusions de sa première tournée dans la région, tenue en janvier dernier, et de fixer le cap des étapes ultérieures. A ce sujet, il va probablement annoncer la relance du processus politique, qui est consubstantiel au format des tables rondes auxquelles participent le Maroc, l’Algérie, la Mauritanie et le Polisario. C’est là le principal enjeu de la prochaine étapes de la tournée de Staffan de Mistura. Et pour cause, l’Algérie a formellement et officiellement exprimé son refus de participer aux tables rondes.
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Alger, on s’en souvient, s’était catégoriquement refusé à toute participation à ces rencontres. Une semaine avant l’adoption, le 30 octobre 2021, de la résolution 2602 du Conseil de sécurité, un responsable algérien, l’inénarrable Amar Belani, a déclaré à l’agence de presse de l’Etat algérien: «nous confirmons notre rejet formel et irréversible de ce format dit des tables rondes».
Si le régime pensait que son rejet des tables rondes allait impressionner les membres du Conseil de sécurité, il a été cruellement rappelé à l’ordre. Car ce «rejet irréversible» de la junte algérienne n’a pas eu d’écho et la résolution 2602 exhorte l’Algérie à participer aux tables rondes. Que va faire l’Algérie maintenant que l’envoyé personnel du secrétaire général de l’ONU s’apprête à relancer le processus politique? Camper sur sa position contreproductive qui la met au ban de la communauté internationale? Faire profil bas et participer au processus des tables rondes en arguant sa bonne volonté de «faciliter un dialogue entre le royaume du Maroc et le Polisario»? Se crisper davantage en surfant sur le fait que la guerre en Ukraine a transformé le Conseil de sécurité en terrain d’affrontement et non pas d’entente?
Le Maroc se trouve, quant à lui, dans une position confortable. Il considère que la résolution 2602 doit être la boussole qui définit le cap des négociations politiques. La présence de toutes les parties prenantes au conflit – surtout l’Algérie– à ces tables rondes est un prérequis indispensable. «Pas d’Algérie, pas de Maroc!», assène cette source proche du dossier, qui explique que «l’Algérie pèse de tout son poids sur ce dossier et elle sort du bois chaque jour un peu plus. Elle gagnerait à établir une adéquation entre ses actes et ses paroles».
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L’Algérie a officiellement rejeté la résolution 2602, alors que celle-ci a été votée par 13 voix pour et deux abstentions: celle de la Russie et de la Tunisie. Son engagement, en tant que protagoniste dans le différend du Sahara, est flagrant. Preuve en est sa réaction hystérique au tournant historique opéré par l’Espagne sur le dossier du Sahara, Madrid soutenant résolument la proposition marocaine d’autonomie comme la seule base sérieuse et crédible d’une solution au conflit. L’Algérie n’a pas hésité à rappeler son ambassadeur à Madrid, menacé de réviser les prix du gaz vendu à l’Espagne, et de prendre d’autres mesures de représailles. Une réaction stupéfiante et irrationnelle de la part d’un pays qui crie sur tous les toits qu’il n’est pas partie au conflit du Sahara atlantique.
Les tensions qui règnent aujourd’hui dans le Conseil de sécurité, transformé en terrain d’affrontement entre les membres permanents suite à l’invasion de l’Ukraine par la Russie, peuvent-elle peser sur le dossier du Sahara? Rien ne le laisse augurer à ce stade, d’autant que le briefing n’est pas sanctionné par une résolution.