L’APS, porte-voix du clan Bouteflika, s’est fendue hier d’une dépêche au sujet d’une «rencontre» orchestrée par Alger à Moscou entre le dirigeant séparatiste M’Hammed Khaddad et le vice-ministre russe des Affaires étrangères, Représentant spécial du président Vladimir Poutine pour les affaires du Moyen-Orient et de l’Afrique, Michaïl Bogdanov.
«Bogdanov réitère la position constante de la Russie en faveur d’une solution politique au conflit au Sahara occidental», titre l’APS, qui relayait un communiqué rendu public par M. Bogdanov, mardi 2 octobre, à l’issue de cette "rencontre" avec l’émissaire du Polisario, ou plus précisément Alger qui en tire les ficelles.
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Or, que dit le communiqué du diplomate russe dont l’APS s’est fait l’écho? M. Bogdanov a mis l’accent sur «la nécessité de poursuivre les efforts avec la communauté internationale visant à aboutir à un règlement juste du conflit, de façon à améliorer la situation dans l’ensemble de la région maghrébine», rapporte l’APS. Et d’ajouter: M. Bogdanov a exprimé son "soutien aux efforts consentis par l’envoyé personnel du SG de l’ONU pour le Sahara occidental", Horst Köhler.
Remarquez bien que, une fois n’est pas coutume, l’APS rapporte «fidèlement» le propos du haut responsable russe, et nous fait grâce de la phraséologie éculée qu’elle n’a eu de cesse de marteler à chaque fois qu’il est question de ce légendaire «référendum d’autodétermination» prôné par ses maîtres, à Alger, pour ne pas parler uniquement du QG du FP terré au camp Rabouni.
Il faut préciser que l’option du «référendum», impraticable de l’aveu même de l’ONU, a été balayée d’un revers de main par le Conseil de sécurité, dans sa résolution 2414, adoptée fin avril dernier. Il en ressort que la position de la Russie, comme le montre clairement le communiqué de M. Bogdanov, va dans le sens de la nouvelle approche onusienne du conflit, dont les paramètres ont été clairement modifiés depuis l’arrivée d’Antonio Guterres à la tête de l’ONU.
En effet, l’ONU est de plus en plus consciente du rôle contreproductif joué par Alger, véritable partie prenante au conflit. Ce n’est ainsi pas un hasard si le voisin de l’est a été invité par Horst Köhler à participer à la table ronde prévue en décembre prochain en Suisse, aux côtés du front Polisario et accessoirement la Mauritanie, conviée à titre d’observateur.
Le fait que le haut responsable russe fasse l’impasse sur l’option «référendaire» dénote cette prise de conscience de la stérilité de la thèse prêchée par la partie adverse, qui ne peut continuer d’hypothéquer l’avenir de la région en empêchant le règlement d’un conflit plus que quarantenaire entretenu par un régime en tension permanente avec tous les pays de son voisinage.