Sahara marocain: Omar Hilale dénonce l’instrumentation par l’Algérie de son mandat au Conseil de sécurité

Omar Hilale, ambassadeur marocain à l'ONU, et Amar Benjama, ambassadeur algérien à l’ONU.

Omar Hilale, ambassadeur représentant permanent du Maroc auprès de l'ONU, et son homologue algérien Amar Bendjama.

Le représentant permanent du Maroc auprès des Nations unies, l’ambassadeur Omar Hilale, a adressé, le vendredi 31 mai, une lettre au président et aux membres du Conseil de sécurité de l’ONU, dans laquelle il a décrié l’instrumentalisation par l’Algérie de son mandat au Conseil pour avancer sa position biaisée sur la question du Sahara marocain.

Le 01/06/2024 à 12h41

Dans une lettre adressée le vendredi 31 mai au président et aux membres du Conseil de sécurité de l’ONU, le représentant permanent du Maroc auprès des Nations unies, l’ambassadeur Omar Hilale, a souligné que «le Royaume du Maroc regrette que le briefing organisé par le Conseil de sécurité le 30 mai 2024, sur la situation des réfugiés et personnes déplacées dans le monde, ait été instrumentalisé par l’ambassadeur, représentant permanent de l’Algérie, Amar Bendjama, en sa qualité de membre non permanent du Conseil, pour avancer la position biaisée de son pays sur la question du Sahara marocain, ainsi que sur la situation désastreuse, qui caractérise malheureusement le quotidien des populations séquestrées dans les camps de Tindouf, en Algérie».

Il a relevé qu’au lieu d’aborder les huit situations humanitaires évoquées par le Haut-Commissaire des Nations unies pour les réfugiés, Filippo Grandi, lors de son briefing, l’ambassadeur algérien a été le seul parmi les membres du Conseil, à se focaliser sur la question du Sahara marocain. Et ce, bien que M. Grandi ne l’a pas évoqué, ajoutant que le diplomate algérien s’est distingué, une nouvelle fois, en démontrant ainsi que l’Algérie est bel et bien la partie prenante principale à ce différend régional, qu’elle a créé et qu’elle maintient en violation des règles du bon voisinage et des fondements juridiques, historiques et politiques de la marocanité du Sahara.

Il a fait observer que «l’ambassadeur algérien prétend que ces populations attendent une action de la communauté internationale, et plus particulièrement ce Conseil, pour leur permettre de retourner volontairement à leur terre. Or, la réalité est toute autre». «En effet, l’Algérie leur refuse ce droit de retour à leur mère patrie, le Maroc, pourtant garanti par le droit international humanitaire, en particulier, la Convention de 1951 relative au statut des réfugiés», a expliqué Omar Hilale, soulignant que l’Algérie s’oppose catégoriquement à l’enregistrement de ces populations en violation flagrante de ses obligations d’État-partie à la Convention de 1951 et de toutes les résolutions du Conseil de Sécurité depuis 2011.

L’ambassadeur marocain a enchaîné en indiquant que l’Algérie «viole, depuis un demi-siècle, le mandat statutaire du Haut-Commissariat pour les réfugiés (HCR), en lui interdisant de procéder à l’enregistrement de ces populations, comme il le fait dans toutes les situations des réfugiés partout dans le monde».

Comment l’Algérie politise le droit international humanitaire

Et d’ajouter que l’Algérie dénie aux populations séquestrées dans les camps de Tindouf le choix entre les trois solutions durables que le droit international humanitaire leur offre, en l’occurrence, le retour librement consenti, l’intégration locale ou la réinstallation dans un pays tiers, signalant qu’en effet, «les populations des camps de Tindouf sont interdites de quitter ces camps qui sont encerclés par plusieurs cordons sécuritaires de l’armée et des services algériens, en plus des milices armées de polisario».

Dans la même veine, Omar Hilale a souligné que l’Algérie «politise malheureusement le droit international humanitaire en subordonnant le retour des populations des camps de Tindouf, au Sahara marocain, à un prétendu référendum. Or, le retour librement consenti, au même titre que les autres solutions durables, est une exigence humanitaire qui ne peut être conditionnée à aucune autre considération».

«Le prétendu référendum auquel se réfère l’ambassadeur algérien est bel et bien mort et enterré par le Conseil de sécurité et le Secrétaire général des Nations unies. L’ambassadeur algérien feint d’ignorer qu’aucune résolution du Conseil de sécurité ne fait la moindre référence à un soi-disant référendum, et ce depuis plus de deux décennies», a rappelé le diplomate marocain.

Il a insisté sur le fait que la seule et unique solution à ce différend régional demeure l’Initiative marocaine d’autonomie, dans le cadre de la souveraineté et de l’intégrité territoriale du Royaume du Maroc, notant que cette Initiative est considérée comme la solution sérieuse et crédible dans toutes les résolutions du Conseil de sécurité depuis 2007.

«Le Conseil de sécurité préconise dans toutes ses résolutions, la solution politique, réaliste, pragmatique, durable et de compromis», a-t-il encore indiqué, précisant que dans sa dernière résolution 2703 du 30 octobre 2023, le Conseil appelle, notamment, l’Algérie, partie principale à ce différend, à prendre part à la troisième table ronde, dans le cadre du processus politique exclusivement onusien. «Ce qu’Alger refuse malheureusement, empêchant ainsi la reprise de ce processus politique».

«La prétention de l’ambassadeur algérien que son pays ne ménage aucun effort pour répondre aux besoins des réfugiés sahraouis est un pur mensonge», a déclaré Omar Hilale, relevant que l’Algérie «viole les droits les plus élémentaires de ces populations et les prive même de l’aide humanitaire internationale, qui est systématiquement détournée par les responsables du groupe armé séparatiste Polisario et les responsables du Croissant Rouge algérien».

«Les camps de Tindouf sont militarisés»

Le diplomate a fait, en outre, remarquer que les camps de Tindouf sont militarisés, et ce en violation du droit international humanitaire qui exige le maintien et la préservation du caractère civil des camps des réfugiés partout dans le monde. L’Algérie, «qui se gargarise toujours du respect de sa souveraineté, délègue pourtant ses prérogatives régaliennes à un groupe armé lié au terrorisme polisario, et ce en lui cédant une partie de son territoire, les camps de Tindouf. Ce qui a été fermement condamné par le Comité des droits de l’Homme des Nations unies et par d’autres organes onusiens et internationaux, car contraire au droit international», a-t-il indiqué.

Et de conclure que le Royaume du Maroc espère vivement que l’ambassadeur d’Algérie se consacre davantage aux crises urgentes de paix et de sécurité qui préoccupent la communauté internationale, qu’à la promotion de l’agenda politique de son pays contre son voisin, le Maroc. La lettre adressée par l’ambassadeur Hilale au président et aux membres du Conseil de sécurité de l’ONU sera publiée en tant que document officiel de l’instance onusienne.

Par Le360 (avec MAP)
Le 01/06/2024 à 12h41