Dans un discours prononcé ce lundi 4 mai devant le sommet virtuel des chefs d'Etat et de gouvernement du mouvement des pays non-alignés, le nouveau président algérien Abdelmadjid Tebboune a demandé une réunion d’urgence du Conseil de sécurité. Pour discuter de la pandémie de coronavirus qui tient en haleine le monde entier et menace sa sécurité mondiale? Que nenni.
Il exige, ni plus ni moins, l’adoption d’une résolution pour l’arrêt immédiat de toutes les hostilités à travers le monde. Voici en substance ce qu’il a dit: «Depuis cette tribune, je lance un appel au Conseil de sécurité des Nations unies à se réunir, dans les plus brefs délais, et à adopter une résolution appelant solennellement à l’arrêt immédiat de toutes les hostilités à travers le monde, notamment en Libye, sans omettre les territoires occupés en Palestine et au Sahara occidental».
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Ses interlocuteurs virtuels auront certainement eu, chacun derrière son écran, l’occasion de découvrir rapidement la supercherie. En effet, le fait de mentionner la Libye et la Palestine aux côtés du Sahara n’est qu’une manœuvre de diversion par rapport à une affaire créée de toutes pièces par l’Algérie qui héberge, finance et arme le Polisario, dans le seul objectif de porter atteinte à l’intégrité territoriale du Maroc.
Où Tebboune voit-il des hostilités entre les mercenaires du Polisario, payés par l’Algérie, et le Royaume du Maroc? Il semble oublier que les Casques bleus de la MINURSO veillent au respect du cessez-le-feu dans cette région du monde. Ceux-ci sont d’ailleurs ravalés au rang de bureaucrates qui adressent des rapports exempts de tout acte d’hostilité à leur hiérarchie. De toute façon, le mur de défense dressé par le Maroc a neutralisé les actions de guérilla des mercenaires à la solde d’Alger. Sans parler des satellites marocains qui observent les mouvements du Polisario et même de leurs donneurs d’ordre, les généraux algériens.
L’appel de Tebboune au Conseil de sécurité a le mérite de nous éclairer sur l’état psychologique du pouvoir algérien. Avec la chute des prix du pétrole et la fonte accélérée de ses réserves de change, l’Algérie pourra difficilement continuer à mobiliser ses moyens financiers et militaires en faveur d’une bande qui défend une cause uniquement parce qu’elle est grassement payée par Alger. D’ailleurs, l’envoi la semaine dernière d’une aide alimentaire de l’Algérie en direction de Tindouf avec de beaux slogans et l’établissement d’un «pont aérien» est une action contrainte, sous peine d’assister à une rébellion à la fois de cadres du Polisario et de leur base. La débandade a déjà commencé avec la fuite de 2.000 à 5.000 véhicules des camps de Lahmada vers le nord de la Mauritanie.
C’est dans ce contexte qu’il convient de situer l’appel du président algérien Abdelmajid Tebboune au Conseil de sécurité. L'intéressé en a même oublié de trouver un motif moins irréaliste, moins grossier, moins ridicule que la cessation d’actes d’hostilité entre le Maroc et le Polisario.
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De plus, dans la conjoncture actuelle, les Nations unies et le Conseil de sécurité ont d’autres chats à fouetter que d’accorder l’once d’un intérêt à un vieux dossier, dont l’issue est verrouillée par l’Histoire et la réalité du terrain… en faveur du Maroc. Avec la pandémie de Covid-19 et la très grave crise qui est en train de prendre de l’ampleur entre deux membres permanents du Conseil de sécurité (les Etats-Unis et la Chine), Tebboune peut crier de toutes ses forces en direction de New York, son appel ne passera même pas les montagnes de l’Atlas.
Pris entre le marteau de l’implosion qui menace les camps du Polisario et l’enclume d’une crise financière inédite dans la très jeune histoire de l’Algérie, Tebboune lance au Conseil de sécurité un appel qui en dit long sur le désarroi et la peur panique du régime algérien. C’est un appel de désespoir émis par un président illégitime. Un pur produit d’Abdelaziz Bouteflika qu’il a servi à plusieurs reprises en tant que ministre de la Culture et de la communication (1999), ministre de l’Habitat (2001-2002, 2017), ministre du Commerce (2017) et enfin en tant que Premier ministre (2017). Et c’est ce monsieur biberonné et élevé dans le bouteflikisme qu’on brandit comme un symbole du changement à l’adresse d’un hirak qui n’a pas dit son dernier mot. Tebboune devrait pourtant savoir qu’un appel illégitime n’a aucune chance d’être entendu.