Le tandem Algérie-Polisario s'est emparé de la date du 6 septembre 2020, qui marque le 29e anniversaire de la signature de l’accord de cessez-le-feu au Sahara de 1991, pour s’en prendre violemment à l’ONU.
Dans un communiqué publié le 6 septembre dernier, repris par l’Agence de presse algérienne (APS), qui l’attribue à l’interlocuteur du Polisario auprès de l’ONU, un dénommé Sidi Omar, on peut lire que «l'inaction du secrétariat de l'ONU et du Conseil de sécurité face aux transgressions répétées du Maroc a gravement porté atteinte à la crédibilité et à l'impartialité de l'ONU et de sa mission (...) Il est donc impératif que le Conseil de sécurité respecte pleinement la lettre et l'esprit du cessez-le-feu et des accords militaires connexes».
Le secrétaire général, Antonio Guterres, et le Conseil de sécurité de l’ONU, en d’autres termes les représentants de la communauté internationale dans leur ensemble, mais aussi la Minurso, sont tout simplement accusés d’inaction, de partialité, de paralysie et de manque de crédibilité par le Polisario. Pire, pour avoir abouti, depuis plusieurs années, à la conclusion que le référendum au Sahara est impossible à organiser, le Conseil de sécurité est également accusé d’avoir violé le cessez-le-feu instauré au Sahara en 1991.
Cet acharnement contre l’ONU est devenu la règle en cette année 2020, où on dénombre plus d’une dizaine de missives, communiqués ou déclarations de dirigeants du Polisario qui s’en prennent à l’ONU.
L’on se rappelle que dès le 1er janvier 2020, Brahim Ghali, le chef des séparatistes, a adressé une lettre incendiaire au secrétaire général de l’ONU, António Guterres, pour lui demander de fermer le poste-frontière d’El Guerguerat, qui relie le Maroc à la Mauritanie, sinon, a-t-il menacé, le Polisario reprendrait les armes.
Lire aussi : Isolés, le Polisario et l’Algérie jouent leur partition à huis clos
Déçu après la réunion par visioconférence du Conseil de sécurité en avril dernier, qui n’a fait qu’effleurer le dossier du Sahara, sans se pencher sur la nomination du remplaçant de Horst Köhler, comme l’exigeait le Polisario, Brahim Ghali, dont toutes les correspondances s’écrivent à Alger, a affirmé qu’il a perdu toute confiance en l’ONU. Le 4 mai suivant, le président algérien, Abdelmadjid Tebboune, avait fait une surprenante déclaration, appelant à une réunion d’urgence du Conseil de sécurité en vue, dit-il, de faire «taire les armes en Libye, en Palestine et au Sahara occidental»!
Entre la mi-juillet 2020 et le 6 septembre dernier, le Polisario s’est rendu coupable de quatre sorties virulentes contre l’ONU. Le 15 juillet, il a affirmé, dans un communiqué relayé par l’APS, que «face à l'échec répété de la communauté internationale pour empêcher le Maroc d'imposer les termes du processus de paix et le rôle de l'ONU au Sahara occidental, le Polisario n'a d'autre choix que de reconsidérer sa participation au processus de paix dans son ensemble».
Le 26 juillet, c’est Sidi Omar qui a accusé à nouveau, depuis New York, l’ONU de se plier au «chantage» de Rabat qui chercherait «l'irrésolution indéfinie du conflit» du Sahara.
Le 1er septembre dernier a marqué l’échec de la manœuvre algérienne visant à bloquer le passage d’El Guerguerat, et ce, dans le seul but d’obliger l’ONU d’inscrire le dossier du Sahara dans l’agenda du Conseil de sécurité pour ce mois. Après ce ratage, où les soldats de la Minurso ont quasiment signifié que le passage frontalier Maroc-Mauritanie était une ligne rouge que le Polisario ne devait pas franchir, ce dernier a encore sorti un communiqué pour accuser à nouveau l’ONU de parti pris en faveur du Maroc.
Lire aussi : El Guerguerat: le Polisario tente d’obstruer le passage frontalier, la Minurso le chasse
Ces attaques frontales contre l’ONU n’ont pas empêché le Polisario d’exiger de l’ONU, le dimanche 6 septembre dernier, ce qu’il appelle des «actions concrètes» en vue d’organiser un référendum qui aboutirait, selon lui, à «l’autodétermination et à l’indépendance», conformément au «plan de règlement ONU-OUA». Un retour à la case départ? Un cri de désespoir?
Dans son dernier communiqué, le Polisario ne fait référence pas référence à l’Union africaine, dont il se réclamait pourtant régulièrement, comme pour se donner une légitimité continentale.
Cette référence à l’OUA, et non à l’UA, s’explique d’ailleurs clairement, puisque depuis que le Maroc a réintégré, en 2017, l’organisation panafricaine, cette dernière ayant décidé aussitôt de déblayer le terrain devant ce revenant de poids. Lors de son sommet de juillet 2018 à Nouakchott, soit 18 mois seulement après le retour du Maroc en son sein, l’UA a retiré le tapis sous les pieds de l’Algérie et du Polisario, en se déchargeant définitivement du dossier du Sahara, confié exclusivement à l’ONU.
Réparant en quelque sorte l’erreur de son ancêtre, feue l’Organisation de l’unité africaine (OUA), seule instance au monde à avoir commis l’erreur de reconnaître la fantomatique «RASD», l’Union africaine a indirectement, mais clairement, lâché le Polisario en lui demandant de s’en remettre désormais à la seule ONU.
Depuis lors, c’est la clochardisation diplomatique pour le tandem Algérie-Polisario qui n’a rien trouvé de mieux que de s’évertuer à couper la dernière branche sur laquelle il peut encore s’asseoir, à savoir l’ONU.
Signes patents d'un désespoir certain et d'un grand désarroi: dans son communiqué de ce 6 septembre, le Polisario parle d’un soutien onusien au Maroc en vue de «normaliser» et d’«asseoir» sa souveraineté sur les provinces du sud du Royaume. Mais ce n’est certainement pas en multipliant les invectives à l’adresse de l’ONU que le tandem Algérie-Polisario se fera entendre par la communauté internationale.