Sahara: entre pirouettes et panique, Alger et le Polisario bidouillent une «proposition élargie»

Le président algérien, Abdelmadjid Tebboune, et le chef du front Polisario, Brahim Ghali.

Sous pression à l’approche d’un vote qui s’annonce historique au Conseil de sécurité, la milice séparatiste feint la diplomatie en annonçant une «proposition élargie pour une solution politique» au conflit. Mais ni les pirouettes de façade ni les déclarations en roue libre d’Alger ne font le poids devant la prééminence du plan marocain d’autonomie, reléguant le Polisario et son mentor au rang de figurants paniqués par l’évolution d’un dossier qu’ils ne maîtrisent plus.

Le 21/10/2025 à 12h41

Hier encore, téléguidé depuis Alger, le front Polisario ne jurait que par la «lutte armée» et l’option mort-née du référendum comme uniques issues au conflit du Sahara. Aujourd’hui, la milice séparatiste, simple proxy du voisin dans cette affaire, semble changer de fusil d’épaule. À l’approche d’un vote annoncé comme historique au Conseil de sécurité, le projet de résolution présenté par le pen holder – les États-Unis– consacre, à titre exclusif, le plan marocain d’autonomie des provinces du Sud comme seule base crédible d’une solution future. Acculée, la bande à Benbattouche s’agite désormais pour tenter de sauver les meubles.

Hier, lundi, à l’instigation de ses donneurs d’ordre, la milice en passe d’être requalifiée en organisation terroriste par Washington a adressé un courrier au secrétaire général de l’ONU, Antonio Guterres, contenant ce qu’elle a pompeusement baptisé une «proposition élargie pour une solution politique mutuellement acceptable prévoyant l’autodétermination du peuple sahraoui». Dans la forme, il s’agirait, selon un communiqué du Polisario largement relayé par les médias algériens mais curieusement absent de ses propres canaux (c’est dire!), d’«un signe de bonne volonté» et d’une réponse aux résolutions du Conseil de sécurité appelant les parties à affiner leurs positions pour avancer vers une solution. Dans le fond, en revanche, rien de nouveau sous le soleil de Tindouf: le discours reste figé, si ce n’est que le Polisario feint désormais de vouloir «partager les coûts de la paix avec l’autre partie», comprendre le Maroc. Une pirouette diplomatique de plus, destinée à sauver les apparences avant la claque annoncée à New York.

Le noyau dur de la position du Polisario, lui, reste de pierre. «Sa» proposition se limite encore et toujours à un référendum «supervisé par les Nations Unies»» et… «l’Union africaine», au demeurant dessaisie du dossier depuis belle lurette. Un référendum fantôme, faut-il le rappeler, rayé depuis des lustres des options retenues dans les résolutions successives du Conseil de sécurité. Pour la plaisanterie, la milice séparatiste se découvre soudain une âme conciliante, se disant prête à «négocier avec le Royaume du Maroc en vue de l’établissement de relations stratégiques et mutuellement bénéfiques entre les deux pays». Qu’elle en soit remerciée, puisque la duplicité se pare désormais du vernis du bon voisinage. On en rirait presque. À force de jouer les pyromanes repentis, le Polisario finit par croire à sa propre fable.

Si, concrètement, la manœuvre d’Alger sous couvert du Polisario n’apporte aucune nouveauté, le «signe de bonne volonté» qu’elle prétend incarner révèle malgré tout un net changement de posture. Les communiqués triomphants de «victoires militaires» cèdent désormais la place à un discours qui se veut diplomatique. Les menaces de réduire la région en cendres au nom d’une cause usée jusqu’à la corde se muent en une feinte ouverture. Mais qu’on ne s’y trompe pas: le régime d’Alger et sa marionnette séparatiste sont en pleine panique, cherchant désespérément à rattraper un lambeau d’un tapis que le Maroc leur a, méthodiquement, retiré de sous les pieds.

La non-proposition du Polisario pour «le rétablissement de la paix et de la stabilité régionales» n’est qu’une tentative maladroite de meubler le vide d’un dossier dont la clôture semble désormais imminente. Elle intervient, trop tard, à quelques jours du vote d’une résolution qui consacre le plan d’autonomie du Sahara sous souveraineté marocaine comme «la seule» issue au conflit et «la base la plus crédible» pour toute négociation future. C’est dans cette perspective que des discussions devront s’ouvrir «sans délai» entre les parties concernées (le Maroc, l’Algérie, la Mauritanie et le Polisario) en prenant la proposition marocaine d’autonomie comme «seul cadre». Initiateurs de cette nouvelle dynamique sur laquelle veille la fine fleur de l’administration Trump, les États-Unis se disent prêts à accueillir ces négociations. Une manière polie mais ferme de signifier que la page du chantage séparatiste est en passe d’être définitivement tournée.

La résolution prévoit également que le mandat de la mission onusienne au Sahara, la MINURSO, ne soit prorogé que pour trois mois supplémentaires, soit jusqu’au 31 janvier 2026. Passé ce délai, sa transformation ou sa clôture seront envisagées selon l’évolution des négociations. En clair, il ne sera plus question d’un énième renouvellement automatique de la mission dans sa forme actuelle. Le signal est limpide: l’ONU prépare la sortie d’un dispositif devenu obsolète, au moment où la solution politique portée par le Maroc s’impose comme la seule voie crédible pour tourner la page d’un conflit artificiellement prolongé.

En face, la «proposition élargie» du Polisario, alias le régime d’Alger, fait grise mine et, surtout, ne pèse pas lourd face à la future résolution ni à l’énorme succès du plan d’autonomie auprès de la communauté internationale. Trois des cinq membres permanents du Conseil de sécurité de l’ONU (États-Unis, France, Royaume-Uni) soutiennent officiellement, ouvertement et concrètement, la souveraineté du Maroc sur le Sahara. S’y ajoute l’attitude constructive de Madrid, ancienne puissance coloniale, résolument du côté du Royaume. Même la Russie et la Chine, traditionnellement prudentes, semblent ouvertes à un dialogue renouvelé autour d’une solution politique fondée sur l’autonomie. La visite officielle de Nasser Bourita, ministre marocain des Affaires étrangères, à Moscou, au moment où le Conseil de sécurité prépare son vote, illustre parfaitement la nouvelle centralité du Maroc dans les équilibres régionaux.

Le communiqué dicté par Alger au Polisario ne manque d’ailleurs pas d’épingler le plan d’autonomie et le Momentum Maroc quand il s’en prend aux «solutions imposées unilatéralement». La phrase ne manque pas de croquant: elle reprend mot pour mot le même champ lexical utilisé par le président algérien Abdelmadjid Tebboune lors de sa dernière diatribe contre le Maroc. Jeudi 9 octobre, devant les hauts gradés constituant l’appareil militaire qui tient l’Algérie, et pour faire bonne figure, le chef présumé de l’État a juré par tous les saints que l’Algérie «ne se départira jamais de son soutien» aux séparatistes sahraouis, promettant que tant qu’il est en vie «personne ne leur imposera la solution» à laquelle ils n’auraient pas consenti. C’est à s’y méprendre.

Alors que le chemin vers l’évolution du dossier du Sahara est tracé (une nouvelle résolution et des négociations futures sur la seule base du plan d’autonomie pour commencer), le régime d’Alger et son affidé semblent s’exercer à un nouveau vocabulaire qu’ils ressasseront inlassablement. Ces éléments de langage suffiront-t-ils pour esquiver les pourparlers imposés dans des délais très courts, comme le stipule la prochaine résolution, ou pour échapper à un accord promis par l’administration Trump entre le Maroc et l’Algérie sous soixante jours? Rien n’est moins sûr.

Par Tarik Qattab
Le 21/10/2025 à 12h41