Les discussions bilatérales avec Horst Köhler ont été «riches» et «fructueuses», a assuré le MAECI, Nasser Bourita, à l’issue de «l’entrevue» qui a réuni autour de la même table, mardi 6 mars à Lisbonne, l’envoyé personnel du SG de l’ONU pour le Sahara, et la délégation marocaine comprenant des élus des provinces sahariennes. «Les discussions se sont déroulées dans une atmosphère de sérénité et les débats ont été riches et fructueux. Et l’atmosphère a été celle du sérieux et du respect mutuel», a encore fait valoir M. Bourita, qui a présidé la délégation marocaine à cette "entrevue" consacrée à l’évolution du dossier saharien.
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Bourita a ajouté avoir énuméré les conditions du Maroc à l’envoyé spécial du SG de l’ONU… Des conditions portées par tout le peuple marocain, mais qui prennent une résonance curieuse au regard de l’optimisme de Bourita et des actions muettes de Köhler, qui apportent un démenti aux propos de notre MAECI.
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Exemple: à l’issue de la réunion de Lisbonne, Bourita déclare à la presse que le «processus de négociation doit être sous l’égide exclusive des Nations unies sans aucune intervention d’aucune autre organisation régionale ou internationale». Or, Horst Köhler a multiplié les rencontres avec des dirigeants et des responsables qui interviennent hors du périmètre des Nations unies. Il n’est qu’à rappeler les rencontres que Köhler a tenues depuis janvier 2018, à Bruxelles (siège de l’Union européenne), ou encore à Addis-Abeba (siège de l’Union africaine), pour se rendre compte que son action s’inscrit à contre-courant de la position prônée par le Maroc.
A ce sujet, il a rencontré la chef de la diplomatie européenne, Federica Mogherini, le 9 janvier à Bruxelles.
Est-il encore besoin de rappeler que Köhler a reçu, mercredi 10 janvier, à Bruxelles!, le commissaire algérien de la Commission Paix et sécurité, organe exécutif de l’UA? Il va de soi que le déplacement-surprise du «diplomate» Chergui à Bruxelles, servait l’agenda d’Alger, qui a anticipé le ballet africain entamé par Köhler le 12 janvier au siège de l’UA, à Addis-Abeba, avec le président en exercice de l’UA, Paul Kagame, pour tenter d’influencer son action. Une autre rencontre a réuni, le même 12 janvier, à Addis-Abeba, Horst Köhler, et le Tchadien Moussa Faki Mahamat, président de la Commission de l’UA.
Et cerise sur le gâteau: Horst Köhler a accepté de siéger, dans le jury 2017 de la Fondation Mo Brahim, aux côtés de «l’émissaire de l’UA pour le Sahara occidental», l’ancien président du Mozambique Joachim Chissano, dont l’hostilité envers le Royaume, particulièrement sur le registre de son intégrité territoriale, n’est plus à démontrer. Ce qui va à l’encontre de l’exigence même de neutralité qu’un émissaire de l’ONU doit naturellement faire sienne, conformément à l’article 100 de la Charte des Nations unies. Köhler n’a ressenti aucun embarras à s’afficher avec cet ennemi juré du Maroc, lors de la cérémonie de remise du prix Mo Brahim qui s’est déroulée le 14 février 2018!
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Les déclarations somme toute «rassurantes» de Bourita signifieraient-elles que les exigences marocaines sont prises en considération par le nouvel émissaire de l’ONU pour le Sahara dont la tendance africaniste était un secret de polichinelle du temps même où il était président de l’Allemagne fédérale (de 2004 à 2010)? La réponse, hélas, est claire à l’épreuve des faits.
Dans les proportions des contacts entrepris par Köhler dès l'avènement de 2018, il apparaît à l’évidence que sa démarche pose problème. Seulement voilà, ce n’est pas de cet œil (inquiet) que semble le voir le MAECI, Nasser Bourita. A méditer un tant soit peu sur les déclarations de ce dernier, des questions se posent légitimement: Nasser Bourita ne serait-il pas trop optimiste? Est-il réellement conscient du danger que porte la démarche problématique du nouvel envoyé personnel du SG de l’ONU?
Autant de questions qui s’imposent à la veille du rapport de briefing que Horst Köhler se prépare à exposer dans la deuxième moitié de ce mois de mars au Conseil de sécurité. Pas besoin d’être devin pour lire entre les lignes de ce rapport en préparation, d’autant que son contenu sera établi à la base des conclusions des rencontres que l’émissaire onusien a jusqu’ici eues notamment avec des dirigeants de l’UA, pour ne pas parler de l’Union européenne, dont les rapports avec le Maroc connaissent des crispations en raison du dernier verdict négatif de la Cour de justice de l’UE (CJUE) sur l’accord de pêche.