Alors que les députés de la majorité ont applaudi ce programme, ceux de l’opposition ont fait part, dans une première lecture, de leur déception face à certains points en particulier sur l’avenir de la Caisse de compensation.
«Une famille qui a deux enfants va toucher 500 dirhams comme prime automatique en plus de 300 dirhams pour chaque famille, ce qui totalisera une aide directe pour ce cas de figure de 1.100 dirhams», a affirmé le chef du gouvernement devant les deux Chambres du Parlement réunies. «Grâce à ce système nous allons instaurer un bouclier social», a-t-il dit, rappelant que ce programme s’inscrit dans le cadre des orientations du Souverain, qui appelle à la préservation du pouvoir d’achat des citoyens.
Auparavant, dans son allocution, Aziz Akhannouch a confirmé que ce chantier royal commencera en décembre prochain sur la base du registre social unifié (RSU). C’est une «machine» qui a répertorié les familles défavorisées, selon lui. Ce programme va nécessiter un investissement de 24 milliards de dirhams en 2024 pour atteindre, lors des prochaines années, un montant de 29 milliards de dirhams.
Outre les primes de 500 dirhams pour chaque famille, Aziz Akhannouch a indiqué que des allocations familiales seront élargies aux enfants scolarisés, aux enfants en situation de handicap, aux vieillards… Il sera aussi accordé des primes d’accouchement de 2.000 dirhams pour une première naissance et de 1.000 dirhams pour la seconde.
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En ce qui concerne la Caisse de compensation, le chef de l’exécutif a souligné que l’Etat «ne peut tout supporter». «Après l’entrée en vigueur de ce programme, il y aura un début de réduction du soutien accordé jusqu’ici à la Caisse de compensation. Il n’y aura pas une libéralisation des produits soutenus mais un plafonnement quand cela sera nécessaire», a-t-il affirmé.
La population défavorisée qui bénéficiera de l’aide directe est constituée de familles qui ne sont pas inscrites auprès de la Caisse nationale de sécurité sociale (CNSS). «Les familles nécessiteuses représentent 60% des 4,2 millions d’adhérents de la CNSS», a-t-il expliqué.
Quant à la position des élus de la nation au sujet de ce programme d’aides directes, les avis sont partagés entre les députés de la majorité et ceux de l’opposition. Si le député du Rassemblement national des indépendants (RNI) Mohamed Ghiat a vivement salué l’action du gouvernement en permettant aux familles pauvres de subvenir à leurs besoins, Mohamed Hjira du Parti authenticité et modernité (PAM, majorité) s’est lui aussi réjoui de la mise en place de ce système, qui «permettra de soutenir les pauvres en préservant leur pouvoir d’achat».
Même son de cloche chez Mohamed Zidouh, conseiller parlementaire de l’Istiqlal (majorité), qui estime que ce chantier s’inscrit dans le cadre des réformes (couverture sociale, santé…) qu’a initiées le Souverain, ajoutant par ailleurs que «la Caisse de compensation continuera sa mission avec une réduction progressive de son rôle en faveur de certains produits» comme le gaz butane.
Le député Hassan Oumrabat du Parti du progrès et du socialisme (PPS, opposition) pense que la classe moyenne risque d’être impactée par ce programme. «Nous espérons la mise en œuvre de ce plan sans manquements et restrictions», a-t-il affirmé, en exprimant ses «craintes concernant les autres catégories de la société».
Nabila Mounib, cheffe du Parti socialiste unifié (PSU), a elle aussi qualifié d’insuffisante cette aide. «Au lieu de donner une généreuse aide, il faut créer des emplois, des usines et développer l’économie pour permettre au citoyen de remplir son couffin en toute dignité», a-t-elle martelé.