Convoqués par le Chef du gouvernement pour une nouvelle session de négociations ce jeudi 17 juillet, les syndicats marocains ont rouvert un dossier qui menace depuis longtemps de virer à la crise sociale: la survie des caisses de retraite, aujourd’hui en état de quasi-faillite. «Mais faute de propositions concrètes sur la table, la reprise du dialogue risque déjà de tourner au bras de fer», indique le quotidien Al Ahdath Al Maghribia dans son édition du vendredi 18 juillet.
Il aura ainsi suffi d’un simple courrier d’invitation pour raviver un débat jamais vraiment éteint. En réunion ce jeudi avec l’exécutif, les centrales syndicales, parmi lesquelles la Confédération Démocratique du Travail (CDT) et l’Union Marocaine du Travail (UMT), «ont découvert qu’aucun document de cadrage, aucun plan précis ni étude d’impact ne venait soutenir la reprise des discussions sur la réforme des régimes de retraite», lit-on.
Pourtant, l’urgence est bien là. Après des années de mauvaise gestion et d’accumulation de dettes, plusieurs caisses sont au bord de l’asphyxie financière. «Le gouvernement doit comprendre qu’on ne peut pas réinventer la roue. Les conclusions de la commission nationale pour la réforme des retraites existent déjà et nous refusons de repartir de zéro», rappelle un responsable syndical de la CDT, interrogé par Al Ahdath Al Maghribia.
Au cœur du blocage, ce que les syndicats appellent le « triangle maudit » (repousser l’âge légal de départ à la retraite, augmenter les cotisations et réduire le montant des pensions). Une triple peine que les organisations syndicales rejettent en bloc. « Jamais nous n’accepterons que les travailleurs paient seuls le prix du redressement des caisses », prévient un membre de l’UMT cité par le quotidien.
Dans les rangs syndicaux, la méfiance est tenace. Beaucoup redoutent que le gouvernement ne cherche à faire passer en force des mesures d’austérité à peine déguisées. «Allonger la durée de cotisation à 65 ans, c’est imposer aux travailleurs de partir plus tard tout en touchant moins. Nous disons non», martèle un syndicaliste.
Autre pomme de discorde, les dettes accumulées par certaines institutions publiques ou semi-publiques vis-à-vis des caisses. «Comment peut-on exiger un effort supplémentaire des salariés alors que des organismes continuent de ne pas régler leurs cotisations? Avant de ponctionner les poches des travailleurs, qu’on recouvre ces dettes!», insiste-t-on du côté de l’UMT.
Du côté du gouvernement, la prudence est de mise. Le sujet est explosif. Toute décision impopulaire risque de raviver la colère sociale dans un contexte où le pouvoir d’achat est déjà fragilisé par l’inflation. «L’exécutif sait qu’il avance sur un champ de mines. Mais retarder encore la réforme, c’est prendre le risque d’un effondrement pur et simple des régimes», commente un observateur.








