Intervenant ce lundi 12 décembre 2022 lors de la séance mensuelle consacrée aux politiques publiques, le chef du gouvernement, Aziz Akhannouch s’est prononcé sur la situation hydrique du pays, marquée par une forte sécheresse.
Dans ce contexte de pénurie d’eau, le gouvernement s'attachera à gérer la raréfaction de la ressource en eau en œuvrant à la mobilisation de ses ressources et à l'amélioration de la gouvernance de son système, en restructurant la politique de l'eau et en assurant une bonne coordination entre les différentes parties prenantes, afin de renforcer l'efficacité et l'harmonie entre les acteurs, et d'assurer une répartition équitable des ressources en eau entre les différentes parties, avec une mise en œuvre stricte du programme de construction de barrages, de dessalement de l'eau de mer, et le traitement des eaux usées et des eaux pluviales, précise Aziz Akhannouch.
Pour mettre en exécution ces différentes actions, l’Exécutif a décidé d’allouer une enveloppe financière estimée à 10,6 milliards de dirhams pour le budget 2023 (soit une augmentation de 5 milliards par rapport à l'année précédente) pour la mise en œuvre d'un ensemble de projets structurants, annonce le chef de l’Exécutif.
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Parmi les projets adoptés par le gouvernement, la mise en place d’un programme d’urgence pour faire face au problème de la rareté de l'eau, pour lequel il a alloué une enveloppe financière de 3 milliards de dirhams, pour tous les bassins touchés par les pénuries d'eau, en plus de la signature d'un ensemble de conventions entre les différentes parties prenantes pour surmonter les conséquences du déficit hydrique.
Ces mesures concernent quatre bassins hydrauliques, dont les bassins de l'Oum Errabie, de Tensift, de la Moulouya, et du Drâa-Tafilalet, pour un coût total estimé à 2,335 milliards de dirhams, explique Aziz Akhannouch.
Dans le détail, au niveau du bassin de l’Oum Errabie, le gouvernement a procédé au parachèvement du canal reliant le réseau d'eau potable du nord de Casablanca à son sud, en plus de l'installation de pompes (les barrages flottants), ce qui a rendu possible de démarrer l'exploitation des parties basses de l'écluse du barrage d'Al-Massira, outre le lancement d'un appel d’offres pour la réalisation de la station de dessalement d’eau de mer dans la région de Casablanca-Settat, qui se fera dans le cadre d'un partenariat entre les secteurs public et privé. La date du 22 décembre 2022 a été fixée comme date de dépôt des offres par trois entreprises pré-sélectionnées pour réaliser ce projet, précise le chef du gouvernement.
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Il a aussi évoqué, dans le même sens, l'achèvement de la station de dessalement d'eau de mer à Safi, laquelle contribuera à la production de 30 millions de mètres cubes d'eau potable, dont 10 millions de mètres cubes seront disponibles avant la fin de 2023.
La ville d'El Jadida sera également alimentée en eau potable, à partir d'une usine de dessalement d'eau de mer à Jorf Lasfar dépendant de l'Office chérifien des phosphates
Pour ce qui est du bassin du Tensift, des mesures volontaristes ont été prises dont la réalisation des travaux de captage des eaux du barrage Massira, la réhabilitation du réseau de distribution de la ville de Marrakech pour répondre à ses besoins, puis la programmation de la construction de 16 petits barrages, ainsi que la promotion du recours aux eaux souterraines par la construction de nouveaux forages afin de soutenir l'approvisionnement en eau potable, la réhabilitation du réseau de distribution de la ville de Marrakech et l'appui à son approvisionnement à partir du barrage Moulay Youssef, détaille Aziz Akhannouch lors de son grand oral.
Il convient de noter qu'à l'heure actuelle, la faiblesse des précipitations, qui a provoqué la baisse du réservoir du barrage d'Al Massira, en plus de l'absence de proactivité dans la réalisation d'un certain nombre de projets au cours de ces dernières années, constitue une menace pour l'approvisionnement en eau potable de la région de Marrakech, que l'on espère éviter maintenant en rationalisant l'utilisation de l'eau et en continuant, à recevoir de la pluie régulièrement, fait savoir Aziz Akhannouch.
A moyen terme, le gouvernement travaillera, en partenariat avec l'OCP, à étudier la possibilité d'alimenter cette région en eau potable par le dessalement de l'eau de mer, à partir de la ville de Safi, poursuit-il.
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Concernant le bassin de la Moulouya, des travaux ont été réalisés pour démarrer l'exploitation des eaux des stations de pompage Oulad Stout et Moulay Ali pour l'alimentation en eau potable de Nador, Driouch, Ras El Ma, Berkane et Saïdia, avec l'achèvement de deux canaux d'alimentation du barrage Machraa Hammadi, et la programmation de la construction de 11 petits barrages, en plus de l'acquisition d'unités mobiles pour le dessalement de l'eau salée extraite des aquifères, et la programmation du dessalement d’eau de mer à l'Est au niveau de la ville de Nador, annonce le chef du gouvernement.
Dans la même lignée de ces mesures, le gouvernement a procédé, au niveau de la région Drâa-Tafilalet, à la réalisation de forages de reconnaissance qui ont permis la mobilisation de ressources souterraines supplémentaires, avec le début de l'exploitation du barrage Hassan Addakhil pour soutenir l'eau potable de l'axe Drâa-Tafilalet, explique Aziz Akhannouch. Et de poursuivre que bientôt des approvisionnements suffisants seront fournis à la région de Zagora à partir du barrage d'Agdz, qui sera exploité prochainement. Ceci, avec la programmation de la construction de 33 petits barrages et barrages collinaires.
Il convient de préciser, in fine, que l’ensemble de ces mesures ont été engagées par l’Exécutif pour faire face à la raréfaction des ressources hydriques à la suite d’une pluviométrie peu abondante. «Les précipitations ont reculé de 50% par rapport à la moyenne habituelle et 51% de ces précipitations sont concentrées dans 7% du territoire marocain», alerte le chef de l’Exécutif, qui qualifie la sécheresse de cette année d’historique.
«La période entre 2018 et 2022 reste parmi les périodes les plus sèches de tous les temps, car les précipitations totales se sont élevées à environ 17 milliards de mètres cubes, ce qui constitue le volume de précipitations le plus faible -en cinq années consécutives- dans l'histoire du Maroc», a-t-il précisé.