Décidément, la technique est bien rodée. À la veille de chaque audience dont il fait l’objet, Maâti Monjib nous gratifie d’une sortie médiatique où l’essentiel cède devant la diversion. A chaque fois, c’est un nouveau tour qui nous est servi. Cela a le mérite de la créativité, de l’obstination aussi– il faut l’admettre. Cette fois, c’est derrière le masque de journaliste d’investigation qu’il a accordé, ce mercredi 24 octobre, une interview à Ignace Dalle, journaliste français connu pour ses écrits peu amènes (et c’est un euphémisme) à l’égard du Maroc. Nous sommes le jour-même de la tenue de la treizième audience d’un procès entamé depuis 2015 au Tribunal de première instance de Rabat. On retiendra que seuls 13 personnes se trouvaient cet après-midi là sur les lieux en guise de fan club de l’intéressé.
Les faits veulent que ce procès soit intenté dans le cadre du droit commun financier contre un universitaire qui a donné le statut de Sarl (société à responsabilité limitée) à une association pour échapper au contrôle des financements étrangers par l’Etat.
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Maâti Monjib est un universitaire, spécialiste de l’histoire. Pourtant dans son interview avec Ignace Dalle, il est présenté comme un journaliste d’investigation. Bien malin celui qui sortira un seul article de ce “journaliste d’investigation“ qui n’a jamais possédé une carte de presse. Son interview avec Ignace Dalle devrait d’ailleurs être étudiée dans les cours de journalisme comme un modèle de totale complaisance. On aurait dit que Maâti Monjib a écrit à la fois et les questions et les réponses et a même évité ne serait qu’un semblant non pas de gêne, mais d’évocation de la raison de son litige avec la justice.
La raison contre laquelle Maâti Monjib déploie une énergie enragée pour faire diversion est la suivante:
Tout a commencé en 1990 quand Maâti Monjib crée le Centre Ibn Rochd, une Sarl présentée comme une ONG. Si l’objectif affiché de cette structure était de défendre la liberté d’expression, sa forme juridique laisse pour le moins pantois. Et pour cause, le but était de se soustraire à tout contrôle de l’Etat, via le Secrétariat général du gouvernement, qui a pour obligation de vérifier le sort réservé aux financements étrangers qui atterrissent dans l’escarcelle des ONG nationales.
La SARL Ibn Rochd avait comme seuls actionnaires l’historien et sa sœur. Les comptes bancaires de ce centre, eux, étaient répartis entre quatre personnes, toutes membres de la famille Monjib. L’entourloupe a fonctionné jusqu'en 2014, date à laquelle la Cour des comptes a commencé à regarder de plus près les subventions accordées aux ONG nationales.
Alerté, le fondateur du Centre Ibn Rochd dissout sa Sarl. Les fonds, eux, sont transférés sur les comptes de l’épouse et de la sœur de Monjib. Un joli pactole de plusieurs millions de dirhams.
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Dans ce processus, le concerné s’est enrichi. En témoigne sa villa à Harhoura, charmante petite cité balnéaire près de Rabat et, tenez-vous bien, sa ferme de Benslimane. What else? Et c’est justement parce que son train de vie et ses propriétés étaient totalement incompatibles avec ses revenus d’universitaire qu’une enquête a été engagée et un procès entamé.
Maâti Monjib aura beau s’en cacher, l’intéressé est accusé d’avoir détourné des sommes dépassant 3 millions de dirhams du compte de la Sarl qui recevait de conséquentes subventions de l’étranger vers ses comptes personnels et ceux de ses proches.
Alors que le procès en question, rappelons-le, relève du strict droit commun (détournement de fonds, évasion fiscale, etc.) et qu’aucun délit d’opinion ne figure dans le dossier, Maâti Monjib tient absolument à politiser cette affaire et se fait passer pour la victime d’un acharnement judiciaire et d’une oppression qui, à l’en croire, n’a rien à envier aux pires heures de la guerre froide et aux méthodes de l’Allemagne de la Stasi.
On retiendra également que Maâti Monjib a profité de l’interview très complaisante avec Ignace Dalle pour tirer à boulets rouges contre le360. Nous avons pourtant essayé d’avoir le son de cloche de Maâti Monjib au sujet de l’argent perçu par le Centre Ibn Rochd et qui a atterri sur son compte bancaire et celui de ses proches. Nous avons visiblement été mal inspirés en posant cette question. Peut-être que si Ignace Dalle accepte de la poser, nous aurons enfin une parole de Maâti Monjib sur les vraies raisons de son procès.