Dans une déclaration à le360, le ministre de la Justice et des Libertés, Mustapha Ramid, a pointé un doigt accusateur sur un article, publié lundi par Assabah, selon lequel le ministre compterait "se venger des magistrats en décidant d'organiser, en sa qualité de vice-président, une session du Conseil supérieur de la magistrature dans les temps morts pour entreprendre un mouvement d'affectation et sanctionner" les juges indisciplinés.
"Ce sont des mensonges, c'est pour cela que j'ai décidé de poursuivre le quotidien Assabah pour diffamation", a-t-il ajouté, précisant que "ni Sa majesté le roi, président du Conseil, ni moi-même, n'avons donné d'instructions pour réunir ce Conseil".
Quant à l'affirmation selon laquelle Ramid veut se venger des magistrats, "il s'agit là d'une grave accusation passible de poursuites devant les tribunaux", a martelé le ministre. "Si cette accusation qu'avance le journal est vraie, je dois être puni et enfermé dans une prison", s'est-il défendu.
Contacté par Le360, Khalid El Horri, directeur de la rédaction d'Assabah, se montre serein. Il déclare que son journal est prêt à aller devant la justice comme cela lui était déjà arrivé dans le passé avec Mohamed Najib Boulif, autre ministre PJD du gouvernement Benkirane.
"Avec le mandat de Ramid, inutile de chercher la justice, il faut davantage s'attendre à une répartition équitable de l'injustice", ironise le directeur de la rédaction d'Assabah, journal proche des milieux d'affaires et qui n'est pas tendre, par son ton, avec le parti islamiste. El Horri a ajouté que le "PJD est en guerre contre la liberté d'expression et il considère toutes les voix qui ne vont pas dans son sens comme des voix ennemies".
Il faut rappeler que la Haute autorité du pouvoir judiciaire va prendre le relais dans les prochains mois du Conseil supérieur de la magistrature sous de nouvelles attributions aussi bien du point de vue du fond que de la forme.
Elle se compose, selon l'article 113 de la Constitution, d'un total de 20 membres composés de dix magistrats qui ont été élus en juillet par les tribunaux de première instance (6) et les Cours d'Appel (4).
Parmi les 10 autres membres restants, cinq vont être désignés prochainement par le roi alors que le complément est formé du président de la Cour de Cassation, du procureur général près de la Cour de Cassation, du président de la première chambre de la Cour de Cassation, du président du CNDH et d'un médiateur des droits de l'Homme.