PPS: démissionnaire du parti, Anas Doukkali veut-il rééditer la "jurisprudence Al Ouafa"?

Anas Doukkali, ancien ministre PPS de la Santé. 

Anas Doukkali, ancien ministre PPS de la Santé.  . DR

Revue de presseKiosque360. Le gouvernement El Othmani II ne comprendra aucun ministre du Parti du progrès et du socialisme, suite au retrait de ce dernier de l’actuelle majorité. Une décision qui n’a pas plu au ministre PPS de la Santé, Anas Doukkali, dont la «rébellion» fait la Une des quotidiens arabophones.

Le 08/10/2019 à 19h16

Le parti du Livre a définitivement tourné la page du gouvernement dirigé par le parti de la Lampe de Saâd-Eddine El Othmani. Ainsi en a décidé son bureau politique le 1er octobre courant, avant que son Comité central (parlement du parti) n’avalise cette décision à une majorité écrasante (275 pour le retrait et 35 contre). Si Abdelahad Fassi-Fihri, ministre PPS de l’Habitat, a assuré qu’il remettrait son tablier pour se conformer à la décision de son parti, ce n’est vraiment pas le cas de son camarade Anas Doukkali, qui s’accroche toujours à sa blouse de ministre de la Santé.

Ainsi, pour le quotidien Al Akhbar de ce mercredi 9 octobre, Doukkali a présenté sa démission du bureau politique de son parti pour tenter, dans un dernier sursaut, de conserver un strapontin dans le gouvernement El Othmani II. En tout cas, lors d’une conférence de presse organisée lundi dernier, le ministre sortant de la Santé et du PPS a clairement précisé que sa démission du bureau politique pourrait être le prélude de son retrait définitif du parti, même s’il a aussi assuré qu’il continuerait, pour le moment, à «militer au sein du Comité central du parti».

Il s’est ainsi montré très remonté contre la direction du Parti dirigé par Nabil Benabdallah, accusant ce dernier d’avoir pris «secrètement» la décision du retrait au lendemain du «séisme d’Al Hoceima», suite à son débarquement et à celui de Houcine Louardi du gouvernement, avant de la faire passer en quelques minutes au bureau politique, puis au Comité central, où plus de 200 votants ont été «écartés», selon lui.

Pour le quotidien Assabah, même si Doukkali dit rester au PPS et a clairement appelé à un congrès extraordinaire du parti en vue de la reddition des comptes et de l’autocritique, sa démission du bureau politique de son parti aurait dû être également accompagnée de la démission, sous une forme ou une autre, du ministère de la Santé, qui revenait avant tout au PPS dans le cadre du partage des postes entre les différents partis de la majorité sortante.

De son côté, Al Massae estime qu’une crise profonde risque de secouer la direction du PPS car, même s’il a été mis en minorité, Anas Doukkali a frappé le parti là où ça fait très mal. En effet, il estime que l’activité du parti du Livre se résume à une réunion hebdomadaire, sanctionnée par un communiqué, soit une monotonie qui ne laisse aucune place aux voix discordantes qui auraient dû être prises en considération dans le cadre de la démocratie interne. Ce qui l’amène à dire, devant une parterre de journalistes, que, face aux perspectives qu’ouvre le nouveau modèle de développement que le Maroc est train d’élaborer, le PPS a un rôle à jouer à l’avenir, à condition qu’il renouvelle et modernise ses structures. Une sortie médiatique qui a complétement «mélangé les pages du livre» (symbole du PPS), conclut Al Ahdath Al Maghribia.

Même si aucun des quotidiens arabophones n’a jugé utile de rappeler la «jurisprudence Mohamed Al Ouafa», resté au sein du gouvernement Benkirane II après de retrait de l’Istiqlal sous la houlette de Hamid Chabat, l’on est en droit de se demander si Anas Doukkali, qui se considère aussi comme une haute «compétence» qui n’a rien à envier aux technocrates, pourrait réapparaître dans la prochaine équipe d’El Othmani, et donc couper définitivement le cordon ombilical avec le PPS.

Par Mohamed Deychillaoui
Le 08/10/2019 à 19h16