Un incendie s’est déclaré le 22 décembre 2022 dans un dépôt de gaz à Mohammedia. Grâce à la mobilisation des équipes dépêchées sur place, aucune victime n'est à déplorer et la zone voisine a été évacuée à temps. Toutefois, cet épisode pose de nouveau, selon des élus et des acteurs associatifs, la question de l'inadéquation du schéma directeur d’aménagement urbain de la ville.
Pour Hicham Aït Menna, président du Conseil communal de Mohammedia, il faudra revoir le plan d’aménagement de la ville. «Ces plans d'aménagement sont généralement étudiés ailleurs et transmis, par la suite, aux communes pour approbation, sans concertation préalable. Maintenant que toutes les villes s'agrandissent et s'étendent, il faudra tenir compte de cette donne, soit en limitant cette expansion ou en relocalisant les points noirs», fait-il savoir, interrogé par Le360.
Un autre membre du Conseil communal, également contacté par Le360, a lui aussi pointé du doigt les lacunes du plan d’aménagement de la ville, signalant que plusieurs quartiers résidentiels, mais aussi des bidonvilles et des quartiers insalubres, sont situés près de sociétés pétrolières, de dépôts de produits énergétiques, de la Samir, ou encore de la Société nationale d'électrolyse et de pétrochimie (SNEP).
Lire aussi : Explosions dans un dépôt de gaz à Mohammedia: le jour d'après, les riverains constatent les dégâts
«Il s’agit d’une zone à risque en raison de la présence de produits dangereux. Cependant, la célérité avec laquelle la question de l'incendie a été cernée, en dit long sur les prédispositions et ce qui doit être fait. Il s’agit d’une question qui a été déjà posée à l’époque où on avait commencé à se rendre compte d’une extension urbaine plus ou moins accentuée», ajoute-t-il.
Notre interlocuteur poursuit: «C’est une question qui est à l'esprit de toute l'équipe du Conseil, que ce soit l'opposition ou la majorité. C'est un problème qui revient incessamment. Ce qui s’est passé est, certes, une manière tragique de rappeler cette réalité, mais cela a été géré avec célérité et diligence.»
Houcine El Yamani, secrétaire général du Syndicat national des industries du pétrole et du gaz, affilié à la CDT, explique, pour sa part, que l’industrie énergétique représente un haut risque et que des accidents similaires peuvent se produire. Il confirme lui aussi que la zone industrielle de la ville a été aménagée lorsque les endroits se trouvant à proximité n'étaient pas peuplés.
Pour Mohamed Sahim, acteur associatif, l’emplacement des zones d’habitation actuelles est critique. Il signale, par la même occasion, que les terrains vides qui séparaient les points noirs de la ville, tels que les sociétés de produits chimiques, la Samir et les dépôts de gaz, des quartiers peuplés ont connu au cours des six dernières années un mouvement d’extension urbain frappant.
Pour rappel, le ministère de la Transition énergétique et du développement durable a annoncé, dans un communiqué relayé vendredi 23 décembre 2022, qu’une commission préfectorale mixte, composée de représentants des autorités locales, des instances et des services ministériels concernés, a été mise en place pour enquêter sur l'accident, évaluer les dégâts et prendre les décisions qui s’imposent.