Mohammed VI l’Africain

Mohammed VI et Macky Sall à Dakar, le 21 mai.

Mohammed VI et Macky Sall à Dakar, le 21 mai. . AFP /SEYLLOU

Pour la première fois, le discours de la Marche Verte sera prononcé par le souverain depuis un pays africain, le Sénégal. Ce choix, à forte teneur politique, dénote l’ancrage africain du Maroc, une adhésion africaine accrue à la marocanité du Sahara et au modèle de développement marocain.

Le 05/11/2016 à 20h11

Un discours royal -les observateurs internationaux en conviendront-, crée à chaque fois l’événement, au Maroc comme au-delà des frontières. Celui attendu ce dimanche 6 Novembre prend toutefois une consonance particulière. Du fait non seulement de la symbolique du 6 Novembre, qui marque le 41ème anniversaire de la Marche Verte et ce formidable élan patriotique dont avaient fait preuve les Marocains, en amont comme en aval, pour récupérer des mains du colon espagnol une partie chère du territoire national: les provinces sahariennes marocaines.

Mais il y a une nouveauté qui fait de ce 6 Novembre un jour pas comme les autres. Une fois n’est pas coutume, Mohammed VI prononcera le discours de la Marche Verte depuis le Sénégal, au terme d’une première visite historique en Afrique de l’Est qui a conduit le souverain à Kigali (Rwanda), puis à Dar es Salaam (Tanzanie), en attendant l’étape éthiopienne prévue après la COP22 à Marrakech, avant de remettre le cap en Afrique de l’Ouest, à Libreville (Gabon) et, demain 6 novembre, à Dakar (Sénégal) d’où le souverain prononcera son discours tant attendu à l’occasion du 41ème anniversaire de la Marche Verte.

Bien sûr, le choix royal est loin d’être fortuit. Pour s’en rendre compte, il n’y a qu’à lire le communiqué diffusé, le 4 novembre courant, par le ministère de la Maison royale, du Protocole et de la Chancellerie. «En considération de la profondeur des liens fraternels, spirituels et humains qui unissent le Maroc et le Sénégal, de la place spéciale dont jouit l’Afrique auprès du roi et de l’ensemble des Marocains, et de la haute sollicitude que le souverain lui accorde, Mohammed VI a décidé d’adresser le discours royal à son peuple fidèle, à l’occasion de la célébration du 41ème anniversaire de la glorieuse Marche Verte, depuis la ville de Dakar». Vous avez bien lu! «Profondeur des liens fraternels, spirituels et humains qui unissent le Maroc et le Sénégal», «place spéciale dont jouit l’Afrique auprès du roi et de l’ensemble des Marocains», «la haute sollicitude que le souverain accorde à l’Afrique»…

Il ne s’agit évidemment pas de formules diplomatiques de circonstance, loin de là. Avec Mohammed VI, les actes précèdent les paroles et ce ne sont surtout pas les pays africains, proches ou lointains, qui diront le contraire.

Le choix du lieu d’où sera prononcé le discours du 41ème anniversaire de la Marche Verte -comme celui du timing- ne doit donc rien au hasard. Ce choix à forte teneur politique dénote, d’abord, le fort ancrage africain du royaume du Maroc, «la place spéciale dont jouit l’Afrique auprès du roi et de l’ensemble des Marocains»… Question "timing", il faut souligner que le déplacement de Mohammed VI en Afrique de l'Est et en Afrique de l'Ouest intervient alors que le royaume se prépare à réintégrer l'Union africaine, en perspective du Sommet des chefs d'Etat et de gouvernements africains prévu en janvier 2017 à Adis Abeba, en Ethiopie.

Mohammed VI, une vision pour l’AfriqueAvec son dernier déplacement au Rwanda, en Tanzanie, et plus tard en Ethiopie, le roi Mohammed VI aura porté le symbole au-delà de l’Afrique de l’Ouest, étendant le rayon d’influence du royaume jusqu’en Afrique de l’Est. Une projection donc au-delà de la Communauté économique des pays de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO), au sein de laquelle le Maroc est le premier investisseur de par le monde. Un leadership porté par une vision royale innovatrice, audacieuse, voire révolutionnaire, quand on sait que l’Afrique n’a souvent été réellement perçue que sous le prisme néo-colonial.

Cette tendance a été inversée par le roi Mohammed VI, porteur d'une philosophie qui fait des pays africains de véritables partenaires, donne ses lettres de noblesse au principe consacré de «gagnant-gagnant».

Parlons clair, parlons vrai! Le partenariat Nord-Sud a bel et bien montré ses limites et les pays africains ont pris la conscience salutaire de la nécessité d’asseoir une nouvelle forme de partenariat. Or, ll se trouve que ce modèle existe déjà. Mieux encore, il a fait d’excellentes preuves: l’approche royale du partenariat Sud-Sud.

Ce modèle tranche avec l’arrogance de «l’Occident conquérant», rompt avec le pillage des ressources naturelles, met l’élément humain au centre de toute stratégie de développement et répond aux besoins de l’Afrique en termes de transfert de technologies…

Finie l’époque où l’Afrique ne valait pas plus qu’une «poule aux oeufs d’or»! Place à un nouveau modèle qui fait retrouver à l’Afrique sa confiance dans ces capacités et dans l’avenir, et qui lui permet de reprendre son destin en mains, loin de toute visée hégémonique.

Est-ce un hasard si le modèle marocain séduit de plus en plus de pays africains? Est-ce encore un hasard si le roi Mohammed VI est vivement sollicité et s’investit personnellement dans cet immense chantier qu'est l'Afrique?

Avec sa dernière tournée en Afrique de l’Est, la troisième que le souverain a effectuée en Afrique en l’espace de trois ans (2014, 2015 et 2016), Mohammed VI a apporté la preuve que l’Afrique est, d’abord, une affaire de coeur. L’ancrage africain du Maroc n’aura jamais été si fort qu'il l’est aujourd’hui. Et c’est tout à l’honneur de Mohammed VI, l’Africain!

Par Ziad Alami
Le 05/11/2016 à 20h11