L’Union européenne et le Maroc décident de s’attaquer conjointement aux réseaux de trafic de personnes

De gauche à droite: la commissaire européenne aux Affaires intérieures Ylva Johansson, le ministre espagnol de l'Intérieur Fernando Grande-Marlaska, et son homologue marocain Abdelouafi Laftit, au cours d'une réunion de travail à Rabat, le 8 juillet 2022. . DR

L’Union européenne et le Maroc viennent de convenir de «rénover leur partenariat pour faire face aux réseaux de trafic de personnes», au terme de la réunion tenue ce vendredi 8 juillet 2022, à Rabat, entre le ministre de l’Intérieur, Abdelouafi Laftit, son homologue espagnol, Fernando Grande-Marlaska, et la commissaire européenne, Ylva Johansson.

Le 08/07/2022 à 18h39

Dans un communiqué de presse conjoint, publié à l’issue de cette rencontre, le Maroc et la Commission européenne ont décidé de rénover ce partenariat pour faire face «ensemble, aux réseaux de trafic des personnes, notamment suite à l’émergence de nouveaux modes opératoires extrêmement violents adoptés par ces réseaux criminels».

Ils ont saisi cette occasion pour dénoncer «les actions de ces réseaux, de leurs complices, et de tous ceux qui les aident», suite au drame du 24 juin 2022, où 23 migrants subsahariens ont trouvé la mort, piétinés dans de dangereuses bousculades.

Cette tragédie qui a été provoquée par quelque 2.000 migrants clandestins armés venus en majorité du Soudan à travers le voisin de l’Est, l’Algérie, a fait aussi 210 blessés, dont 140 membre des forces de l’ordre.

Voici la teneur du communiqué conjoint dont Le360 a reçu une copie.«La Commissaire et les Ministres déplorent tous les décès des personnes qui essayent d’émigrer irrégulièrement, y inclus ceux qui ont eu lieu lors des derniers évènements douloureux du 24 juin 2022. Ils regrettent également les blessés, y compris parmi les forces de l’ordre marocaines et espagnoles. Ces évènements, outre leur dimension de tragédie humaine, démontrent l’extrême dangerosité et violence des réseaux de trafic de personnes qui sont prêts à tous les risques. Des enquêtes se poursuivent afin d’élucider les aspects en relation avec ces évènements.

Parallèlement, la Commissaire européenne et les deux Ministres se sont félicités de la mission d’information effectuée par le Conseil National des Droits de l’Homme du Royaume du Maroc en vue d’établir les faits. Le respect des droits fondamentaux étant une valeur partagée par le Maroc et l’Union Européenne.

Le nouveau partenariat opérationnel en matière de lutte contre le trafic de personnes entre la Commission et le Maroc pourra couvrir notamment le soutien à la gestion des frontières, le renforcement de la coopération policière, y compris les enquêtes conjointes, la sensibilisation aux dangers de la migration irrégulière, ainsi que le renforcement de la coopération avec les agences de l’Union Européenne chargées des affaires intérieures.

Le Maroc est un partenaire stratégique et engagé de l’Union européenne avec lequel le partenariat en matière de migration remonte à plusieurs années. La Stratégie Nationale d’Immigration et d’Asile (SNIA) constitue aujourd’hui un modèle de gestion migratoire des plus avancés, tant sur le plan législatif qu’institutionnel, ayant permis de régulariser la situation administrative de plusieurs milliers de migrants et de les intégrer dans la société marocaine.

Le Maroc est également l’un des Etats fondateurs du processus de Rabat et sa Majesté le Roi Mohammed VI est désigné par ces pairs Chefs d’Etats africains comme leader du Continent africain dans les questions migratoires.

Les efforts opérationnels du Maroc empêchent des dizaines de milliers de départs irréguliers vers l`Europe avec un nombre important secouru en mer. Le Maroc a également procédé, durant cette même période, au démantèlement d’une centaine de réseaux criminels de trafic de personnes.

Dans le cadre du nouveau pacte sur la migration et l’asile, la Commission met en place des partenariats en matière de migration avec les pays d’origine, de transit et de destination. Pour lutter contre les réseaux de trafic de personnes, mais aussi s’attaquer aux causes profondes de la migration et améliorer les possibilités de migration légale, de sorte que les personnes ne ressentent pas le besoin de risquer leur vie lors de voyages dangereux».

Par Mohamed Chakir Alaoui
Le 08/07/2022 à 18h39