L’identité algérienne selon Hubert Védrine

Le président algérien Abdelmadjid Tebboune.

TribuneLe 13 janvier dernier, sur la chaîne française LCI, Hubert Védrine, ancien ministre des Affaires étrangères, a déclaré que «l’identité algérienne se résume à ceci: accuser la France et menacer le Maroc».

Le 07/03/2025 à 14h29

N’ayant pas d’Histoire, l’Algérie pourrait avoir un avenir et s’en donner les moyens. Mes amis algériens les plus lucides le savent: ils conjuguent leur destin au futur et non à l’imparfait, ils imaginent des voies inédites de développement et rêvent de leadership africain. Pourquoi pas?

Le problème, c’est qu’ils ne sont pas au pouvoir. Loin de là. Ils n’ont même pas droit à la parole dans ce pays qui est tout de même le leur -et qu’on leur a confisqué. Ceux qui sont au pouvoir, c’est une clique de militaires obtus et leur pathétique marionnette nommée Tebboune. Ce sont eux qui manient la carotte et le bâton ou, comme dirait feu l’écrivain kabyle Mouloud Mammeri, «l’opium et le bâton».

L’opium, c’est une propagande massive destinée à endormir le peuple algérien. L’inénarrable Tebboune leur assure -on a tous vu la vidéo- que l’Algérie est la troisième puissance économique mondiale (devant l’Allemagne, la France, l’Angleterre, le Brésil, la Corée du Sud…). Il parle de «plus de 6 millions de martyrs» -soit plus que toute la population du pays à l’époque… Ce super-héros arrive même à inverser la flèche du temps: le premier président des États-Unis a pu offrir, 32 ans après sa mort, une paire de pistolets à l’Émir Abdelkader. Super-Tebboune est capable de dessaler 1,3 milliard de m3/jour d’eau de mer, donc d’assécher la Méditerranée -on ira à pied d’Oran à Almeria, plus besoin de s’entasser sur des embarcations de fortune pour fuir le paradis algérien. Mr T. pourrait produire de quoi nourrir toute l’Afrique -lui qui n’arrive même pas à nourrir son peuple-, de libérer la Palestine avant midi et demi, si seulement les Égyptiens le laissaient passer, etc.

«Boualem Sansal, malade et âgé, croupit en prison pour avoir énoncé une vérité qu’aucun historien ne conteste.»

Tout cela est documenté et enregistré. Heureusement, parce que sans ça, personne ne pourrait croire qu’un seul homme ait pu proférer autant de sottises et de contre-vérités en si peu de temps. On lui souhaite longue vie. Les occasions de s’amuser ne sont pas si nombreuses.

Ça, c’était l’opium. Le bâton, c’est que tous ceux qui ne croient pas à ces fables et dénoncent l’imposture militaro-tebbounienne se retrouvent en prison. Boualem Sansal, malade et âgé, y croupit depuis novembre dernier pour avoir énoncé une vérité qu’aucun historien ne conteste: la France a détaché tout un pan de l’Est marocain, à partir de 1830, pour l’annexer à ce qui n’était alors qu’un département français. Tout le monde le sait -sauf les Algériens, à qui on enseigne une Histoire tronquée.

Mais il y a plus.

Le 13 janvier dernier, sur la chaîne française LCI, Hubert Védrine, ancien ministre des Affaires étrangères, a déclaré que «l’identité algérienne se résume à ceci: accuser la France et menacer le Maroc». Et il l’a prouvé dans la suite de l’interview.

On en est là. On a quitté le domaine des contes de fées -Histoire frelatée, Georges (Washington) pote d’Abdelkader, la mer asséchée, la Palestine libérée… -pour entrer dans un thriller psychologique. Le film comique est devenu un film noir, qui risque de tourner au film-catastrophe.

«Accuser la France et menacer le Maroc…» Ça fait une identité, ça?

Le peuple algérien mérite mieux.

Par Sanaa Berrada
Le 07/03/2025 à 14h29