Libertés individuelles et article 490: «Oui, mais...», répondent les partis politiques

Des militants marocains manifestent le 9 septembre 2019. . DR

Revue de presseKiosque360. Hormis un seul parti de tendance gauche, les autres formations politiques n’ont pas tranché sur la question de l’abrogation de l’article 490 du code pénal. Cela n’a pas découragé le Collectif 490 Hors la loi qui poursuit le combat. Explications.

Le 10/09/2021 à 18h31

Dans l’objectif d’une sensibilisation citoyenne des partis politiques à la «nécessité de protéger les droits et la vie privée des femmes et des enfants», le Collectif 490 Hors la loi a adressé dans ce sens un questionnaire aux différentes formations politiques à la veille des élections.

Les questions formulées par ce collectif, fondé en septembre 2019 par l’écrivaine Leila Slimani et la réalisatrice Sonia Terrab, portent sur l’abrogation de l’article 490 du code pénal: «Votre parti est-il pour ou contre l’abrogation de l’article 490 du code pénal?» et «Si vous avez répondu «pour» à la précédente question, envisagez-vous d’inclure ce point dans votre programme électoral?».

Hormis une formation politique de tendance gauche, les partis n’ont pas tranché, rapporte l’hebdomadaire La Vie Eco dans sa dernière livraison. A ce propos, le collectif se dit «déçu par la réaction des partis, dont 21 n’ont pas répondu, trois ont refusé la notification et huit n’ont pas reçu le questionnaire».

En fait, certains ont officieusement fait savoir que «le sujet mérite d’être débattu», d’autres proposent une «réforme globale du code pénal et non pas d’un seul article» et certaines voix «sont favorables à l’abrogation totale de l’article 490, avançant qu’«à partir du moment où il y a l’article 483 qui pénalise «l’outrage public à la pudeur», l’article 490 n’a plus sa place».

Au-delà de la sensibilisation des partis politiques et de la mise en conformité du code pénal à la Constitution de 2011, et en particulier à ses deux articles 24 et 25, la professeure Nouzha Guessous a souligné la nécessité «d’impliquer les hommes et de les responsabiliser, car on constate que très souvent, lorsqu’ils sont impliqués dans ces affaires, ils n’assument pas leurs responsabilités. Et pire, en cas de grossesse, ils prennent la fuite et ne reconnaissent pas leur paternité».

De son côté, le docteur Hakima Himmich tient à préciser «qu’il en va de la protection de la dignité des femmes et de leur respect, d’une part, et, d’autre part, de l’adaptation du dispositif légal à la réalité de la société marocaine qui est, il faut le reconnaître, en évolution continuelle. Donc il faut que cette mutation soit suivie par un changement et une évolution des mentalités». Toutefois, souligne l’hebdomadaire, les réactions des partis politiques n’ont pas découragé le collectif. Cette instance a lancé, le 3 septembre, une campagne intitulée «Messager de l’amour».

Il s’agit d’une initiative de l’artiste peintre Kenza Benjelloun qui a confectionné et offert une urne de l’amour au collectif. Cette campagne «Vote 4 Love» s’étalera sur «les six prochains mois au terme desquels le collectif élaborera un rapport qui comprendra des recommandations qui serviront de base à une réforme du code pénal», indique l’hebdomadaire. Et de rappeler que l’article 490 du code pénal dispose que «sont punies de l’emprisonnement d’un mois à un an, toutes les personnes de sexe différent qui, n’étant pas unies par les liens du mariage, ont entre elles des relations sexuelles».

Par Mohamed Younsi
Le 10/09/2021 à 18h31