Depuis mercredi 22 juillet, et pour la deuxième journée consécutive, des centaines de commerçants sahraouis organisent un sit-in, qu’ils qualifient de pacifique, en campant, à Rabouni, devant les bureaux de Brahim Ghali, chef du Polisario.
Selon un communiqué diffusé par ces commerçants, ces derniers affirment être soumis non pas à un «confinement sanitaire imposé aux camps de Lahmada, mais à un embargo, voire un emprisonnement collectif, sous prétexte d’éviter la propagation du coronavirus», même si le régime algérien persiste à nier l’existence de cas de contamination dans les camps.
Dénonçant les mensonges perpétuels et autres éternelles promesses, les commerçants sahraouis assurent être allés directement devant les bureaux où est censé se trouver Brahim Ghali, en réalité barricadé depuis plusieurs mois dans sa luxueuse villa de Tindouf, pour l’assurer que leur «mouvement de protestation ne s’arrêtera pas, tant que leurs revendications n’ont pas été satisfaites». Ils promettent même une escalade, à travers des manifestations populaires dans les jours à venir, au cas où les dirigeants du Polisario resteraient murés derrière leur mutisme.
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Cette nouvelle levée de boucliers dans les camps de Lahmada s’explique en réalité par un autre facteur. D’autres commerçants, servant de prête-nom à la gestion des affaires des dirigeants du Polisario, ne connaissent pas la crise, alors que les petits commerçants de Lahmada ont été, eux, condamnés à fermer boutique faute de clients locaux et de pouvoir d’achat. En effet, et alors que les gros commerçants sont autorisés à acheminer dans le grand désert des tonnes de cargaisons d’aides humanitaires internationales détournées, les petits épiciers des camps ont été condamnés à pâtir du confinement sanitaire, utilisé aussi bien pour museler les nombreuses voix politiques dissidentes que les activités économiques concurrentes dans les camps.
C’est dans ce sens que les commerçants sahraouis accusent les affairistes du Polisario d’avoir «méthodiquement tué leur activité de subsistance, ce qui a entraîné des retombées négatives, le plus souvent dramatiques, sur (leurs) conditions de vie». Or, expliquent les protestataires, si les habitants des camps de Lahmada n’arrivent plus à se faire garantir un moyen quotidien et minimal de subsistance, la «condition sine qua non de leur présence dans les camps» n’a plus de raison d’être. Cette menace laisse présager un avis de tempête dans les camps contrôlés par le Polisario.