Le Sahara est marocain: l’ONU face à l’impasse

Le symbole des Nations unies, sur le portail principal à l'extérieur du siège de l'ONU, à New York, aux États-Unis.

TribuneDans cette tribune consacrée à la question du Sahara marocain, Amr Abbadi, chercheur académique à l’Université d’Orléans, en France, estime que la communauté internationale doit appuyer explicitement le plan d’autonomie, solution innovante et flexible proposée par le Maroc. Et pour cause, le statu quo actuel n’est plus tenable, non seulement pour la sécurité de la région, mais aussi pour la crédibilité de l’ONU elle-même.

Le 12/08/2024 à 13h42

«Le Maroc restera dans son Sahara, et le Sahara demeurera dans son Maroc jusqu’à la fin des temps», déclarait Sa Majesté le roi Mohammed VI dans son discours, à l’occasion du 42ème anniversaire de la Marche verte, le 6 novembre 2017. Cette vérité, profondément enracinée dans l’histoire et la légitimité du Royaume, ne saurait être remise en question. Pourtant, ce conflit qui perdure depuis bien des décennies appelle aujourd’hui une solution définitive, et celle-ci ne peut se trouver que dans le cadre d’un plan d’autonomie sous souveraineté marocaine. Soutenue par une majorité croissante de la communauté internationale, cette solution apparaît désormais comme la voie la plus réaliste pour assurer la paix, la stabilité et le développement durable dans la région du Maghreb.

Plusieurs grandes puissances mondiales -des États-Unis à Israël, en passant par l’Allemagne, l’Espagne, et plus récemment la France- ont fait le choix de reconnaître la légitimité marocaine sur ce territoire. Ce choix, loin d’être simplement diplomatique, est un choix rationnel, réaliste et pragmatique. Ces nations ont compris que l’autodétermination, telle que conçue dans les années 1970, est une impasse. Le problème fondamental d’identification du collège électoral rend cette option non seulement impraticable, mais aussi dangereuse pour la stabilité régionale.

L’ONU, en tant que gardienne de la paix mondiale, se trouve à un carrefour décisif. Les approches précédentes, conçues pour un contexte historique spécifique, ont montré leurs limites face aux réalités actuelles. La communauté internationale doit reconnaître que maintenir une posture de neutralité entre deux parties égales dans ce conflit est devenu un obstacle à la paix durable.

Le concept même de neutralité, dans ce contexte, est devenu un piège. En maintenant l’illusion d’une égalité entre les parties, l’ONU ignore la réalité géopolitique actuelle: il n’existe pas deux parties légitimes dans ce conflit. Le Maroc, fort de son histoire, de sa culture, et du soutien international croissant, est le seul et l’unique acteur légitime. Le statu quo n’est plus tenable, non seulement pour la sécurité de la région, mais aussi pour la crédibilité de l’ONU elle-même.

Les solutions du passé, telles que les référendums d’autodétermination, sont devenues non seulement irréalistes, mais potentiellement déstabilisatrices. Ces approches ont été conçues pour des contextes où la décolonisation et la reconfiguration des frontières étaient des impératifs. Or, nous sommes aujourd’hui dans une réalité où la consolidation des États-nations et la recherche de stabilité régionale priment. Il est donc recommandé à l’ONU de réformer ses processus pour qu’ils soient alignés avec les besoins actuels, favorisant des solutions pragmatiques et pérennes plutôt que des idéaux obsolètes.

Le plan d’autonomie sous souveraineté marocaine ne devrait pas être perçu comme une concession, mais comme une solution innovante et flexible. Il propose une autonomie adaptée aux spécificités locales tout en garantissant l’intégrité territoriale du Maroc.

D’ailleurs, le Maroc a démontré, à travers son engagement pour la paix et le développement socio-économique de la région, sa volonté de jouer un rôle constructif et stabilisateur. Il est prêt à aller loin, très loin, dans l’autonomie pour ses provinces du sud, sous la condition incontournable que la souveraineté marocaine soit pleinement respectée. Ce plan d’autonomie, soutenu par des puissances mondiales de premier plan, offre une solution réaliste qui pourrait servir de modèle pour d’autres conflits similaires à travers le monde.

Pour l’ONU, il est crucial d’adopter une position claire. Continuer à maintenir une neutralité apparente n’est plus viable. L’organisation doit reconnaître la légitimité marocaine sur le Sahara et soutenir le plan d’autonomie comme la voie vers une paix durable. Cela ouvrirait la voie à une coopération renforcée et à une prospérité partagée pour l’ensemble du Maghreb.

Il est également temps pour l’Algérie, qui nourrit ce conflit depuis bien des années, de se rendre à l’évidence : elle a déjà perdu cette bataille. Plutôt que de persister dans une voie sans issue, elle devrait explorer la possibilité d’un nouveau partenariat avec le Maroc, un partenariat qui pourrait être mutuellement bénéfique sur les plans économique, culturel et social. Ce conflit, en réalité, n’a jamais été qu’un obstacle à la prospérité partagée du Maghreb. Il est temps de le dépasser, d’embrasser la paix et l’intégration économique dans le cadre de l’Organisation du Grand Maghreb.

La stabilité régionale, la lutte contre l’extrémisme et le développement socio-économique dans la région dépendent de la résolution définitive et intelligente du conflit du Sahara occidental. L’ONU doit donc prendre cette responsabilité avec détermination et agir en profondeur pour mettre fin à cette impasse historique et géopolitique.

Par Amr Abbadi
Le 12/08/2024 à 13h42