Le projet de gazoduc Nigéria-Maroc a le soutien des quinze pays de la CEDEAO

Politologue, Abbas El Ouardi est professeur de relations internationales à l’université Mohammed V de Rabat. Pour Le360, il évoque le projet de pipeline gazier long de plus de 5.000 km entre le Nigeria et le Maroc. . Brahim Mousaaid / Le360 (photomontage)

Le mégaprojet de gazoduc Nigéria-Maroc est d’une grande importance sur les plans géostratégique, politique et économique, pour les pays de la région, sachant qu’il jouit d’un grand soutien de la part de la Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO), affirme le politologue Abbas El Ouardi.

Le 08/05/2022 à 14h19

«Cette ambitieux projet qui va traverser et alimenter en gaz naturel treize pays de l’Afrique de l’Ouest avant d’atteindre l’Europe, est d’une grande importance géostratégique politique et économique pour la CEDEAO » et le vieux continent, a affirmé Abbas El Ouardi dans un entretien avec Le360. «C’est pour cette raison que les quinze pays de la CEDEAO le soutiennent », a-t-il indiqué.

La CEDEAO est, pour rappel, un regroupement politique et économique régional qui réuni le Nigéria, le Bénin, le Burkina Faso, le Cap-Vert, la Côte d'Ivoire, la Gambie, le Ghana, la Guinée, la Guinée-Bissau, le Liberia, le Mali, le Niger, le Sénégal, la Sierra Leone et le Togo.

«Le projet de gazoduc entre le Nigéria et le Maroc reflète parfaitement la coopération Sud-Sud que développe le Maroc en Afrique. Il offre un tracé sécurisé pour transporter le gaz naturel jusqu’en Europe», a expliqué le politologue, rappelant que ce pipeline, long de plus de 5.000 km, longera le littoral atlantique africain.

«Le Maroc, pays crédible, leader en matière de coopération Sud-Sud et Sud-Nord et grâce à son positionnement géographique et sa stabilité, peut jouer son rôle de pont entre l’Afrique et l’Europe», a souligné ce professeur des relations internationales à l’Université Mohammed V de Rabat.

Ce dernier a en outre expliqué que l’aspect sécuritaire dans l’élaboration et la réalisation de ce type de projet sensible est «crucial». Abbas El Ouardi fait ainsi référence à un second projet de pipeline hypothétique, dit trans-saharien, qui irait du Nigéria à l’Algérie, passant par des zones où le terrorisme bat son plein.

«Les investisseurs, notamment les grandes entreprises, cherchent la sécurité et la stabilité. Sans ces assurances, ces investisseurs ne peuvent pas s’engager», a fait valoir le politologue.

Abbas El Ouardi a par ailleurs rappelé la relance récente de la 2ème étape des études de faisabilité technique pour le pipeline Nigéria-Maroc via un prêt de 14 millions de dollars que vient d’accorder le fonds OPEC.

En outre, lundi 2 mai, le ministre du Pétrole du Nigéria, Timipre Sylva, avait déclaré que son pays et le Maroc sont «à la recherche de fonds pour financer ce mégaprojet». «Nous en sommes à la sécurisation du financement et beaucoup de personnes manifestent leur intérêt», avait indiqué le ministre.

Par Mohamed Chakir Alaoui et Brahim Moussaaid
Le 08/05/2022 à 14h19