Le Polisario organisation terroriste: un nouvel appel à des sanctions et une mise au ban internationale

Lors d'une démonstration de force des miliciens du Polisario à Tindouf, en territoire algérien.

Lors d'une démonstration de force des miliciens du Polisario à Tindouf, en territoire algérien.. AFP or licensors

Le Polisario, longtemps perçu comme un simple mouvement séparatiste, se révèle chaque jour un peu plus comme un acteur clé d’un réseau terroriste global lié à l’Iran. Dans une tribune publiée par le prestigieux «Townhall», l’analyste Emanuele Ottolenghi, le rappelle: les combattants du Polisario ont été formés par les Gardiens de la Révolution et envoyés sur les fronts de Syrie. Un indicateur parmi d’autres et un virage terroriste inquiétant qui suppose des sanctions internationales urgentes.

Le 05/09/2025 à 20h47

Depuis le 7 octobre 2023, l’«axe de la résistance» piloté par l’Iran a subi de lourds revers: le régime Assad en Syrie est tombé, le Hezbollah n’est plus que l’ombre de lui-même, les Houthis sont durement touchés et le Hamas est quasiment anéanti. Pourtant, cette nébuleuse terroriste ne désarme pas. Bien au contraire, elle compte un acteur qui se faisait discret jusqu’ici: le Front Polisario, mouvement séparatiste armé qui a définitivement basculé vers le terrorisme. Le constat est d’Emanuele Ottolenghi, un analyste et chercheur indépendant et réputé, spécialisé dans les réseaux hybrides de menaces liés à l’Iran et au Hezbollah.

Dans une tribune publiée sur le site web de Townhall, un groupe média conservateur des plus respectés, le chercheur explique qu’à première vue, l’organisation sahraouie n’a rien en commun avec les milices chiites téléguidées par Téhéran au Moyen-Orient. Mais l’alliance sert les deux parties. «Le Polisario reçoit la solidarité du courant anti-impérialiste, et en retour, il contribue aux efforts militaires de l’Axe», souligne Emanuele Ottolenghi.

L’analyste Emanuele Ottolenghi.

Emanuele Ottolenghi fait sienne la révélation explosive voulant que plusieurs combattants du Polisario ont été envoyés en Syrie, formés par les Gardiens de la Révolution iranienne, et intégrés aux brigades internationales chargées de défendre le régime de Bachar al-Assad. Après la chute de celui-ci, des centaines de miliciens sahraouis ont été laissés sur place et arrêtés.

Il rappelle que le nouveau pouvoir syrien a ordonné la fermeture du bureau du Polisario à Damas, resté ouvert pendant toute la guerre civile. Pour Ottolenghi, ce fait ne souffre d’aucune ambiguïté. «L’alignement avec l’Iran et la participation aux exactions de ses mercenaires devraient valoir au Polisario des sanctions occidentales et une mise au ban internationale».

Le Polisario, mouvement d’origine marxiste, s’allie désormais avec la théocratie chiite de Téhéran. Une contradiction apparente, mais qui illustre une constante historique: la fusion de causes disparates dans une lutte commune contre l’Occident et ses alliés. Ottolenghi rappelle que ce phénomène n’est pas nouveau. «Pendant la Guerre froide, l’URSS sponsorisait des guérillas partout dans le monde. Des terroristes venus de divers horizons se retrouvaient dans les camps d’entraînement au Liban et en Libye, partageant opérations et idéologie», écrit-il. Cette continuité se reflète aujourd’hui dans le rapprochement du Polisario avec l’Iran.

L’aspect le plus pernicieux de cette alliance est sa capacité à séduire une partie de la gauche radicale occidentale. Le discours de l’«intersectionnalité», qui veut relier luttes féministes, écologistes, indigénistes ou anticoloniales, sert désormais de paravent aux stratégies iraniennes.

Ainsi, la militante écologiste Greta Thunberg a participé à Tindouf, en Algérie, à une rencontre de solidarité avec le Polisario, aux côtés de militants kurdes, palestiniens et autres activistes. Même logique pour l’eurodéputée française Rima Hassan, fervente soutien du Polisario il y a peu et qui a qualifié l’Algérie de «Mecque des révolutionnaires et des combattants de la liberté» avant de se raviser sérieusement tout récemment.

Pour Ottolenghi, cette fascination est dangereuse: «L’Iran, le Hezbollah, le Hamas et le Polisario exploitent la naïveté des militants occidentaux pour fondre leurs batailles dans une lutte globale de justice sociale et les recruter dans leurs rangs».

Cette stratégie ne se limite pas à l’Europe. En Amérique latine, le Brésilien Sayid Marcos Tenorio, membre du Parti communiste (PCdoB) et converti au chiisme, incarne ce relais. Président de l’Institut Brésil-Iran et vice-président d’Assaraui Brasilia, il multiplie les déplacements à Tindouf et les initiatives pro-Polisario, souvent en lien avec des réseaux liés à Téhéran et au Hamas, relate l’analyste.

Derrière ce vernis «social justice warrior», la réalité est plus sombre. La présence de combattants polisariens en Syrie, intégrés aux réseaux armés de l’Iran, prouve que le mouvement séparatiste sahraoui est désormais un acteur actif aux côtés de groupes ouvertement terroristes.

Ottolenghi avertit: «Cette convergence révèle le côté obscur de ces causes prétendument romantiques. L’histoire des années 1960-70 a déjà montré comment la jeunesse séduite par la révolution a fini par basculer dans la violence organisée». Pour lui, l’Occident doit prendre la menace au sérieux: le Polisario n’est plus un simple mouvement séparatiste régional, mais un pion d’un dispositif terroriste global orchestré par Téhéran.

L’alerte est donnée. Il reste à l’écouter, avant qu’elle ne se transforme en bilan. Elle est appuyée par un nouveau risque, celui que représente le parrain de toujours: l’Algérie. Dans ce qui s’apparente à un camouflet diplomatique que les autorités algériennes auraient préféré dissimuler derrière leur rhétorique tiers-mondiste, la Commission européenne a récemment ajouté le voisin oriental à sa liste noire des pays à haut risque en matière de blanchiment de capitaux et de financement du terrorisme. Alger rejoint ainsi le cercle peu envié des juridictions sous surveillance renforcée aux côtés du Venezuela, du Liban ou encore du Laos.

Pendant ce temps, le représentant républicain Joe Wilson et son homologue démocrate Jimmy Panetta ont déposé une proposition de loi bipartisane visant à classer la milice armée comme organisation terroriste.

Une loi qui fait son chemin, pendant que les appels, analyses et conclusions des médias et think tanks américains les plus en vue aux États-Unis convergent vers un seul et unique constat: le Polisario est une organisation terroriste et doit être traité comme tel.

Par Tarik Qattab
Le 05/09/2025 à 20h47