Pour ramener les prix des viandes rouges, en particulier ceux de la viande ovine, à un niveau acceptable, le ministère de l’Agriculture a mis en place une stratégie nationale. La première mesure consiste à interdire l’abattage des brebis. Cette disposition prend effet dès cette semaine dans tous les abattoirs agréés. Il est interdit d’abattre les femelles ovines pendant une certaine période. Par la suite, cette mesure sera généralisée à d’autres abattoirs, en coordination avec les autorités compétentes.
C’est ce qu’a affirmé Ahmed El Bouari, ministre de l’Agriculture, dans un entretien accordé au quotidien Assabah et publié dans son édition du lundi 17 mars. «S’il n’y avait pas cette initiative royale relative au rituel du sacrifice de l’Aïd Al-Adha, nous serions obligés de sacrifier deux millions de femelles, ce qui reviendrait à décimer complètement le cheptel», affirme le ministre.
Au-delà de cette mesure, le ministère travaille actuellement sur un projet de loi relatif à l’élevage, qui devrait être adopté au cours de l’année. Ce texte vise à encadrer le secteur et à doter l’État de mécanismes de régulation et de contrôle afin d’améliorer les races et de préserver le cheptel.
En attendant, les opérations d’importation vont se poursuivre. Elles restent indispensables, «mais avec une amélioration accrue des mécanismes de gouvernance, afin de rendre plus efficace la subvention de 500 dirhams par tête accordée par l’État. Les mesures relatives à l’importation restent en vigueur, mais c’est le marché qui déterminera leur avenir. L’État pourrait recourir à d’autres options, comme le font plusieurs pays, à savoir l’importation directe. Cependant, ces options sont pour l’instant exclues afin de laisser une chance au secteur privé», note le ministre.
À terme, souligne le ministre, «nous aspirons à atteindre la souveraineté nationale dans la production de viandes rouges et à atténuer l’impact des changements climatiques». Dans ce cadre, poursuit-il, «le gouvernement a pris des mesures urgentes, notamment l’élaboration d’un programme global de soutien au secteur de la production animale. Ce programme inclut la fourniture de fourrages subventionnés aux éleveurs ainsi qu’un encadrement technique visant à améliorer la productivité des ovins, caprins, bovins et camelins».
Le ministre évoque également le lancement du programme «agriculture solidaire» destiné à soutenir l’élevage dans les zones fragiles, au profit des petits éleveurs. Ce programme leur offre toutes les garanties nécessaires, tout en favorisant la préservation des femelles pour reconstituer le cheptel. Il est accompagné d’un suivi technique assuré par l’Association nationale des ovins et caprins, «qui a accumulé une grande expérience dans le domaine de l’amélioration génétique et de la préservation des races locales authentiques».
Par ailleurs, un programme spécifique sera mis en place pour soutenir les jeunes ruraux souhaitant investir dans des projets de production animale, avec l’ouverture de l’importation d’ovins, de bovins et de viandes rouges dans le cadre de la loi de finances 2025. De plus, la santé du cheptel sera préservée grâce à des campagnes de vaccination et de protection contre les maladies, ainsi qu’à l’aménagement de points d’eau dans les zones affectées, afin de garantir un approvisionnement suffisant et continu en eau pour le bétail.
Concernant justement la question de l’eau, le ministre a assuré que les récentes pluies auront un impact positif certain sur le couvert végétal, ce qui contribuera à réduire considérablement les charges pour les éleveurs.
Par ailleurs, dans le cadre de la mise en œuvre de la stratégie «Montagne Verte» et en tenant compte du contexte climatique, le ministère a pris des mesures pour développer le secteur. Il a notamment signé avec les organisations interprofessionnelles des contrats-programmes visant à développer les filières animales, y compris celle des viandes rouges.
Aujourd’hui, conclut le ministre, «le pays compte 600.000 éleveurs. Les petits éleveurs, c’est-à-dire ceux possédant moins de 50 têtes, représentent 80% de l’ensemble. Cette catégorie est prise en compte dans la réflexion et les programmes du ministère. Cependant, face aux demandes de soutien exprimées çà et là, le gouvernement a envisagé cette option mais se heurte actuellement à plusieurs difficultés objectives, notamment l’absence d’un registre numérique fiable du cheptel et d’un système de traçabilité efficace des parcours».
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