Le bilan de mi-mandat du gouvernement Akhannouch est un échec, selon le PPS

Nabil Benabdallah, secrétaire général du Parti du progrès et du socialisme.

Le 21/05/2024 à 16h35

VidéoDans une lettre ouverte à Aziz Akhannouch, le PPS fustige le bilan de mi-mandat du gouvernement, mettant en lumière les «nombreux dysfonctionnements et lacunes qui l’entachent».

Dans une nouvelle lettre adressée au chef du gouvernement, Aziz Akhannouch, le secrétaire général du PPS, Nabil Benabdallah, a mis à nu les fragilités du bilan économique de mi-mandat, pointant «une aggravation préoccupante du chômage» qui a atteint un record de 13,7% en mars 2024, avec plus de 1,6 million de chômeurs (dont 36% de jeunes). En deux ans et demi, l’économie nationale a perdu 435.000 emplois. «Il s’agit là d’un échec retentissant des approches économiques de votre gouvernement, ainsi que de son impuissance manifeste à renforcer les capacités des entreprises marocaines et à développer une véritable politique d’industrialisation moderne», a affirmé Nabil Benabdallah lors d’une conférence de presse organisée ce mardi 21 mai au siège du parti du Livre à Rabat.

Pour le PPS, le gouvernement ne peut justifier cet échec en l’attribuant uniquement à la sécheresse, puisque celle-ci a impacté la plupart des gouvernements précédents sans que le taux de chômage n’atteigne un niveau aussi alarmant.

«Le recours étonnant du gouvernement à des cabinets de conseil pour remédier à cette situation reflète la faiblesse de ses approches politiques, se contentant de programmes modestes aux effets limités, comme Forsa et Awrach», a ajouté le secrétaire général du PPS.

Le gouvernement a aussi raté ses objectifs de croissance économique, le PIB a augmenté de seulement 1 à 3% entre 2021 et 2023, alors qu’il s’était engagé à atteindre un taux de 4% en moyenne, renchérit Nabil Benabdallah. Ce dernier pointe également le non-respect de l’engagement consistant à élever l’investissement privé à deux tiers de l’investissement total au niveau national. Idem pour le très attendu Pacte national pour l’investissement qui devrait mobiliser 550 milliards de dirhams d’investissements et créer 500.000 emplois.

En outre, le PPS ne partage pas l’avis selon lequel «cette désastreuse situation économique» serait liée à des difficultés de la conjoncture internationale. Le gouvernement, dit-il, a gâché l’opportunité offerte par la hausse remarquable des recettes touristiques, fiscales et douanières, ainsi que la dynamique des transferts des Marocains résidant à l’étranger.

Dans sa nouvelle lettre ouverte, Nabil Benabdallah a relevé aussi l’échec du gouvernement face à l’envolée des prix des produits de première nécessité. Résultat, environ 3,2 millions de citoyens ont basculé sous le seuil de la pauvreté et de la précarité.

«Votre gouvernement prétend avoir réduit le taux d’inflation à 0,3%, oubliant que ce taux a affiché durant deux années consécutives des niveaux records, à deux chiffres, notamment pour les produits de première nécessité. Les prix de ces produits ne sont jamais revenus à leur niveau antérieur (par exemple, les prix des viandes rouges oscillent désormais entre 100 et 140 dirhams le kilo, tandis que ceux du gazole et de l’essence varient entre 13 et 16 dirhams le litre)», a affirmé le secrétaire général du PPS.

Et d’ajouter: «Votre gouvernement a permis aux compagnies pétrolières d’accumuler des profits indécents et de continuer à se livrer à des ententes qui vident les poches des citoyens, et ceci malgré les décisions du Conseil de la concurrence, certes lacunaires. Le gouvernement a été incapable de lutter contre la spéculation et les conflits d’intérêts, comme il a refusé de prendre toute mesure permettant de plafonner les prix du gazole et de l’essence, de réduire les marges bénéficiaires ou encore d’augmenter les impôts sur les hydrocarbures à hauteur de 40%, autant de mesures que la loi vous permet de prendre.»

Par Ayoub Khattabi
Le 21/05/2024 à 16h35